HomeA la uneDIALOGUE REPUBLICAIN EN RCA : Pourvu que la montagne n’accouche pas d’une souris

DIALOGUE REPUBLICAIN EN RCA : Pourvu que la montagne n’accouche pas d’une souris


Promis depuis près d’un an par le chef de l’Etat, le dialogue républicain ouvrira finalement ses portes le 21 mars prochain à Bangui en République centrafricaine (RCA). Sont invités autour de la table, les organisations de la société civile, les partis politiques de l’opposition et bien entendu le gouvernement. Au total, 450 participants devront échanger autour des sujets d’intérêt national portant, entre autres, sur la sécurité, la justice, la bonne gouvernance et le développement. Si sur la forme, l’organisation du dialogue semble bien avancée, les résultats attendus, quant à eux, restent pour le moins incertains. Car, d’ores et déjà, des voix et non des moindres, s’élèvent au sein de la classe politique pour dénoncer l’organisation en elle-même, de ce forum national qui, disent-elles, n’est ni plus ni moins qu’une « forme de plébiscite du chef de l’Etat pour modifier la Constitution ». Vrai ou faux ? Difficile d’y répondre, tant les hommes politiques, faut-il le rappeler, excellent dans les roueries et les calculs au point qu’il faut éviter de leur donner le bon Dieu sans confession. Car, on l’a vu sous d’autres cieux où les princes régnants, sous prétexte de la recherche de la concorde nationale, ont fini par rouler l’opinion nationale voire internationale dans la farine, crispant ainsi davantage l’atmosphère sociopolitique dans leurs pays respectifs. Toutes choses qui font dire à certains que les cadres de concertation et d’échanges divisent plus qu’ils ne réunissent les acteurs sociaux en Afrique.

 

 

Touadéra aurait mieux gagné en invitant les groupes rebelles autour de la table des négociations

 

 

Du reste, pour le cas de la RCA, on se demande même si le dialogue républicain qu’appelle de tous ses vœux, le président Faustin Archange Tanadéra, n’est pas destiné beaucoup plus à la consommation extérieure, notamment pour faire plaisir aux partenaires techniques et financiers dont certains conditionnent leur aide au retour de la paix ? Mais si tel est le cas, le président Touadéra ne fait que se chatouiller pour rire. Car, l’on imagine mal un retour possible à la paix en ex-Oubangui-Chari, si les différents groupes armés qui sévissent dans le pays, sont exclus des pourparlers en cours. Certes, on le sait, la voilure de ces derniers, avec l’arrivée des mercenaires russes, a été réduite d’autant qu’ils n’arrivent plus à commettre d’attaques d’envergure sur le terrain. Mais il serait illusoire de penser que leur capacité de nuisance a été complètement anéantie. François Bozizié et ses spadassins sont capables de tout. La preuve est que jusque-là, ils refusent de s’avouer vaincus et continuent de se signaler à travers des attaques sporadiques un peu partout à travers le territoire centrafricain. Cela dit, au nom de la paix et dans l’intérêt supérieur du peuple centrafricain qui a longtemps souffert le martyre, Touadéra aurait mieux gagné en invitant les groupes rebelles autour de la table des négociations, du moins pour ceux qui le souhaitent, surtout que sur le terrain, le rapport de forces semble en sa faveur. En tout cas, il n’est jamais tard pour bien faire pour peu que l’on ne veuille pas que la montagne accouche d’une souris. Un sursaut d’orgueil est toujours possible !

 

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment