HomeA la uneDISCOURS DU PRESIDENT AMERICAIN AU SIEGE DE L’UA : Quel testament de Barack Obama pour l’Afrique ?

DISCOURS DU PRESIDENT AMERICAIN AU SIEGE DE L’UA : Quel testament de Barack Obama pour l’Afrique ?


En visite à Addis-Abeba chez son allié éthiopien dans le cadre de la lutte contre les Shebab dans la Corne de l’Afrique, le locataire du bureau ovale de la Maison Blanche saisira l’opportunité pour se rendre au siège de l’Union africaine (UA). L’un des moments forts de cette visite à l’institution continentale, sera son adresse depuis le Hall Nelson Mandela, à l’ensemble du continent.

 

Barack Obama doit marquer son passage d’une pierre blanche

Cette visite du Président de la plus grande et plus puissante démocratie du monde à l’UA, syndicat des chefs d’Etat africains à forte ossature de dictateurs, aurait de quoi scandaliser si l’organisation en tant que legs des pères fondateurs du panafricanisme, n’était pas le symbole de l’unité du continent et ne charriait pas encore les rêves et les espoirs d’une Afrique communautaire plus épanouie. Mais ce bémol empiète peu sur le symbolisme de cette visite qui est une première qu’un président américain en exercice rend à l’Institution panafricaine. L’évènement est donc inédit et c’est en raison de cela que Barack Obama doit marquer son passage d’une pierre blanche par un discours que l’histoire retiendra, en quelque sorte un legs pour la postérité en Afrique.

Sur le plan économique, les Africains ont achevé de se désillusionner de Barack Obama qui a nettement moins fait que son prédécesseur Georges Bush. Ce qui est attendu de lui aujourd’hui, est qu’il dénonce avec véhémence la nouvelle floraison des dictatures en Afrique, mais surtout qu’il annonce des mesures fortes en direction de tous les assoiffés de pouvoir sur le continent. Sa désormais célèbre phrase «l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts » est plus que jamais d’actualité et doit aller au-delà des effets d’annonce pour céder la place à des actions concrètes. Et c’est précisément là que le bât blesse avec Obama dont les speechs manquent de cohérence avec la pratique. Contre toute attente, il a reçu à la Maison Blanche les plus grands fossoyeurs de la démocratie sur le continent, donnant l’impression de leur accorder un blanc-seing pour la prédation des libertés démocratiques. L’occasion est particulièrement belle pour se racheter auprès des peuples africains par une mise en garde ferme aux dictateurs de tout acabit qui nagent dans les eaux saumâtres des tripatouillages constitutionnels sur le continent. Il devrait clairement leur signifier que tout attentat au principe de l’alternance démocratique devra être frappé par l’ostracisme ou la suspension de l’aide et de la coopération tous azimuts.

Même s’il appartient en premier aux Africains de se rebeller contre la léthargie de leur organisation continentale, Barack Obama devrait aussi jeter la pierre dans le jardin de l’UA, en déphasage total avec les aspirations socioéconomiques et culturelles des populations africaines. Le Président des USA a les arguments historiques pour tenir ce langage de vérité à l’UA, car les premiers militants du panafricanisme sont les noirs américains dont certains ont payé le prix du sang pour la cause. L’enjeu est si important que Barack Obama ne devrait pas profiter d’une visite à l’Ethiopie pour le rappeler à la conscience africaine, mais organiser une sortie spéciale pour donner un coup de pied dans la fourmilière en s’attaquant à la veulerie de cette institution et semer les graines de l’espoir pour les populations africaines, conformément à sa formule «Yes, we can ».

Peut-être que l’Afrique a porté trop d’espoirs sur ce frère noir qui était capable du meilleur pour le continent

Mais si Obama venait à prononcer ce discours tant attendu, les risques sont grands qu’il ne soit pas suivi d’effets en raison des intérêts économiques en jeu sur le continent. Les pays les plus intéressants, économiquement parlant, sont aux mains des dictateurs et la concurrence chinoise est plus que jamais prégnante sur le continent, dans un contexte où l’économie occidentale est à la recherche d’un nouveau souffle. Il est à craindre que dans ce qui s’apparente à un New Deal pour tirer l’Amérique de la crise économique latente, notre frère Obama lui-même ne participe à la nouvelle ruée vers le continent pour instaurer une autre ère de colonialisme. La preuve en est faite qu’il amène avec lui pour cette visite au siège de l’UA, les grandes entreprises américaines.

Peut-être que finalement, l’Afrique a porté trop d’espoirs sur ce frère noir qui, à la tête de l’Etat le plus puissant de la planète, était capable du meilleur pour le continent. Oubliant qu’il est avant tout le premier garant des intérêts de son pays, les USA, conformément à la formule de De Gaulle : « les Etats n’ont ni amis ni ennemis ; ils n’ont que des intérêts. »

 

« Le Pays »


Comments
  • Oui,le discours du président amécain est tombe juste á la veuille des élections présidentielles de certains pays africains. Mais malheureusement il a fait aussi á la veuille de la fin de son mandat, il devriait le faire lors de sa reélection á la maison blanche en tant que DÉMOCRATE. Peut-etre il avait fait d’une maniere ou d’une autre, mais cette fois ci il leur a parlé ouvertement oú tout le monde était présent ou représenté á l’assemblée.De toutes les façons rien est tard pour pressionner ces dictateurs qui conservent le pouvoir comme une propriété privée. Meme une boite de conserve finit á etre ouverte quelque soit sa date limite d’expiration, si les présidents de pays occidentaux protegent leurs intérets ,et les présidents africains protegent les de qui , des occidentaux ou leurs intérets personnels en maltraitant ,tuant la population. Je voudrais que le message de Barac soit suivi des effets concrets meme si leurs intérets économiques sont en jeu sur le continent. Luttons premierement pour faire partir ces assoiffés du pourvoir, comme la célebre phrase le dit « l’Afrique a besoin des institutions fortes ,non d’hommes forts. Ils sont forts en tuerie, en corruption ,manipulation etc…

    29 juillet 2015

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