HomeA la uneDISPARITION DE L’ANCIEN PRESIDENT MALIEN:Quid des familles politique et biologique de IBK ?

DISPARITION DE L’ANCIEN PRESIDENT MALIEN:Quid des familles politique et biologique de IBK ?


 

Au moment où s’organisent les funérailles de l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), décédé le 16 janvier dernier à Bamako, des questions se posent concernant ses familles politique et biologique. En effet, depuis sa chute, en août 2020, suite au coup d’Etat du colonel Assimi Goïta et ses camarades, l’ancien chef de l’Etat que le Mali pleure aujourd’hui, vivait pratiquement en retrait de la vie publique, aux côtés de son épouse, depuis son retour d’Abu Dhabi en Arabie Saoudite où il avait été autorisé par ses tombeurs, à aller se soigner.  Son bilan, à la tête du Mali, reste certes  contrasté, entre espoirs et déceptions de ses compatriotes, depuis son élection en 2013 jusqu’à sa chute sept ans plus tard, dans les conditions que l’on sait, en plein exercice de son deuxième mandat. Mais en tirant sa révérence, IBK laisse un grand vide au niveau de son entourage. A ce propos, on se demande si ses fils Bouba et Karim, en exil en Côte d’Ivoire depuis la chute de leur père, pourront assister à ses obsèques au moment où le Mali est frappé d’embargo diplomatique et économique par la CEDEAO qui entend, par ces lourdes sanctions, contraindre les putschistes de Kati au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

 

                                      Karim Kéita reste un personnage plutôt clivant au Mali

 

Toutefois, la question semble se poser moins pour Bouba que pour son aîné, Karim, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Justice malienne. Toute chose qui pourrait être un obstacle à sa participation aux obsèques de son géniteur si, au-delà de la question de la fermeture des frontières, les autorités intérimaires de Bamako ne lui délivrent pas une dérogation spéciale dans ce sens.  Car, s’il est vrai que le mandat d’arrêt émis à son encontre, entre dans le cadre de l’enquête sur la disparition d’un journaliste d’investigation,  Karim Kéita reste un personnage plutôt clivant au Mali où, entre népotisme, gabegie, corruption et autres travers dénoncés par les contempteurs de son père qui a fini par cristalliser la colère populaire, il passait aux yeux de bien de ses compatriotes pour l’incarnation même des principaux maux du Mali. Une renommée déjà peu enviable sans doute davantage ternie par ces images venues du Vieux continent, de joyeux luron dispendieux et insouciant raffolant de  joyeuses fêtes à l’étranger, au moment où son pays souffrait le martyre des attaques terroristes. C’est dire si en ces moments de deuil familial voire national, il y a des raisons de croire que Karim Kéita ne pourra pas accompagner son père à sa dernière demeure.  Cela serait d’autant plus déplorable que l’on peut imaginer le déchirement qui pourrait être le sien en ce moment, en tant que fils aîné de l’illustre disparu. Au-delà, cela remet au goût du jour la question de l’implication de la famille en politique et surtout dans la gestion des affaires de l’Etat. En tout cas, de la Tunisie de Ben Ali à l’Angola de José Eduardo dos Santos en passant par le Sénégal de Abdoulaye Wade, l’histoire assez récente de l’Afrique ne manque pas d’exemples sur les limites et les dangers de l’implication de la famille des dirigeants dans la gestion des affaires publiques.

 

Depuis la chute de son fondateur, le RPM semble en perte de vitesse sur l’échiquier politique malien

 

 Comment, dans ces conditions, ne pas rendre un hommage appuyé à ces anciens chefs d’Etat que sont l’Ivoirien Houphouët Boigny et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor qui ont su, durant tout leur règne, tenir leurs familles respectives éloignées de l’arène politique ? Toujours est-il que si cela n’avait pas été le cas pour Karim Kéita, sans doute n’aurait-il pas connu les déboires judiciaires qui le tiennent en ce moment éloigné de la dépouille mortelle de son père.

Par ailleurs, l’on peut s’interroger sur l’avenir du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti politique fondé en 2001 par l’illustre disparu,  et qui l’a accompagné durant ses sept ans de bail au palais de Koulouba.  Survivra-t-il à son géniteur ? La question est d’autant plus fondée que depuis la chute de son fondateur, le parti semble en perte de vitesse sur l’échiquier politique malien. Et quand on voit toute la difficulté qu’éprouvent bien des partis politiques à revenir au devant de la scène après avoir perdu le pouvoir, on peut se demander si le RPM aura les ressources morales et financières nécessaires pour rester dans l’arène politique malienne.  D’autant que, généralement, en Afrique, l’adhésion à bien des partis tient moins à l’idéologie politique qu’au charisme et à la personnalité  de leur leader ainsi qu’à sa capacité à fédérer autour de lui, des énergies capables de porter son programme.  Dans le cas d’espèce, IBK, comme bien des leaders politiques de sa trempe, était l’âme même de son parti.  Et en son absence, l’on peut se demander ce qu’il en sera du RPM.  Et surtout si ses héritiers  politiques sauront tenir le flambeau de la cohésion du parti. On attend de voir.

En tout état de cause, avec la disparition de Ibrahim Boubacar Kéita, à la suite de l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT) et de l’ex-chef de file de l’opposition politique malienne, Soumaïla Cissé, c’est une page, peut-on dire, de l’histoire politique du Mali qui se tourne avec ce qui commence à ressembler à un passage de témoin « naturel » d’une génération à une autre.

 

                                                                        « Le Pays »

 

 


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