HomeA la uneDOUBLE ATTAQUE TERRORISTE A OUAGADOUGOU : Journée d’angoisses à Yalgado

DOUBLE ATTAQUE TERRORISTE A OUAGADOUGOU : Journée d’angoisses à Yalgado


 

Ouagadougou a encore été attaqué le vendredi 2 mars 2018 et ce au niveau de l’un de ses points névralgiques, en l’occurrence l’Etat-major général des armées du Burkina Faso. L’ambassade de France a aussi été attaquée. Quelques heures après la double attaque, nous nous sommes rendus au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) pour faire un état des lieux sur la situation des victimes.

 

« Nous avons reçu des consignes. Nous ne pouvons rien dire ». C’est la réponse qui nous a été servie par le service de Communication du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), quand nous sommes arrivés sur les lieux aux environs de 13h. Vous comprendrez donc qu’aucune information ne filtrait pour ce qui est des victimes de l’attaque. Devant les urgences traumatologiques, c’est l’anxiété et la tristesse qui se lisent sur le visage des parents des victimes. Assis, sur un banc, en face des urgences traumatologiques, quatre (4) individus sont tout inquiets. A un moment donné, nous remarquons un mouvement sur le banc en direction du bâtiment des urgences traumatologiques. Sous l’auvent du bâtiment, nous voyons un monsieur d’un âge avancé habillé en débardeur  blanc tâché de sang et en pantalon treillis, un pansement à la tête. Evidemment c’est un blessé de l’attaque, un militaire. Et les quatre individus sur le banc sont ses proches. Parmi eux, une femme. « Madame c’est votre parent ? », «Oui ». Encore une évidence, puisque quand ils l’ont vu sortir de la salle des urgences sur pieds lesdits proches semblaient détendus d’autant plus que d’un signe de la main il leur adressa un salut. « On dirait vous n’êtes plus aussi inquiets », demandons nous. «Hum! Madame qu’est-ce qu’on peut dire ? ». Pendant ce temps, nous remarquons un remue-ménage à la porte des urgences traumatologiques bien gardée par des vigiles. Après renseignement, il ressort que c’est un accompagnant d’un accidenté, victime collatérale de l’attentat. Nous nous approchons pour en savoir plus. Et c’est là que l’accompagnant nous explique : « J’ai accompagné quelqu’un aux urgences traumatologiques suite à un accident de circulation au moment des attaques. Il est à l’intérieur et entre-temps il m’a appelé sur mon téléphone portable. Et c’est quand j’ai voulu rentrer pour répondre on m’a refusé l’accès au bâtiment ». Au moment où nous conversons, nous sommes interrompus par un infirmier venu pour remettre à l’accompagnant un bulletin d’examen pour une radiographie. C’est dire combien il était difficile d’avoir accès aux urgences le vendredi 2 mars dernier. De loin nous assistons au ballet d’ambulances ordinaires et d’ambulances de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers et aux va-et-vient des hommes en tenues. Les blessés qui ont toujours la faculté de marcher, sous escorte, se déplacent à l’intérieur de l’hôpital pour faire des examens.

 

« Les anciens malades » laissent la place aux blessés de l’attaque

 

 A 14h30m, nous apercevons une dame sortir des urgences, le haut de son tee-shirt, côté cœur, maculé de sang. Nous signalons qu’auparavant, à notre arrivée au CHU-YO nous avons rencontré la même dame, qui courait vers les urgences traumatologiques, transportant un enfant en sang dans ses bras. « Il s’agit de Haoua, (huit ans), la fille de notre voisin. Avec la situation, on leur a dit à l’école de rentrer à la maison. Pendant la débandade, elle a eu un accident. Et comme ses parents sont allés au travail, nous, on l’a amenée à l’hôpital en attendant de prévenir ses parents. » Les parents de la petite Haoua savent au moins où se trouve leur enfant. Ce n’est pas le cas pour tous. Salam, lui est désespéré et ne sait à quel saint se vouer. « Ma femme et mes jumeaux se sont rendus au Grand marché (ndlr : situé non loin de l’état major général des armées) pour des achats et je n’ai aucune nouvelle d’eux. Le téléphone de ma femme sonne mais elle ne décroche pas. Comme je n’ai aucune nouvelle, je suis venu voir s’ils ne sont pas au niveau des victimes. J’ai fait le tour des malades à l’intérieur mais je n’ai pas vu mes proches ». Malgré cela, il n’est pas rassuré puisqu’il a fait le pied de grue devant les urgences traumatologiques toute la journée. Aux environs de 15 h, il a la présence d’esprit de demander à un proche d’aller voir si sa femme et ses jumeaux sont à la maison. Une heure après, celui-ci l’informe qu’ils sont sains, saufs et bien à la maison. Une nouvelle qui vient délivrer Salam de son angoisse qui allait grandissant.

Les journalistes n’avaient pas accès aux urgences, comme nous l’avons tantôt souligné. Et même que cette fois-ci, le dispositif sécuritaire démontrait que les patients qui y sont admis ne sont pas ordinaires, même si des civils en font partie. Contexte oblige, les « anciens malades » sont transférés dans d’autres salles d’hospitalisation pour laisser la place aux blessés de l’attaque terroriste.

De là où nous sommes, nous pouvons apercevoir le ballet des autorités politiques, militaires et paramilitaires au chevet des malades. Et même que certains officiels se font accompagner par le Directeur général du CHU-YO, Constant Dahourou.

Par ailleurs, d’autres blessés ont été conduits au Camp Sangoulé Lamizana et au Centre hospitalier universitaire Blaise Compaoré (CHU-BC). Pour ce qui est du bilan, de source officielle, il ressort qu’il  y a eu huit  (8) décès du côté des assaillants, huit (8) décès du côté des Forces de défense et de sécurité et environs 80 blessés dont une douzaine qui mérite des soins attentifs.

Françoise DEMBELE

 

 


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