DR LOUIS ROMARIC ZAMBEDE SEDEGO, CARDIOLOGUE, A PROPOS DES RISQUES CARDIOVASCULAIRES:« Les AVC sont souvent liés à une mauvaise hygiène de vie »
Les maladies cardiovasculaires sont de plus en plus récurrentes au Burkina Faso. Et beaucoup de facteurs peuvent expliquer cette maladie. Or, les populations, par ignorance ou par manque d’informations, sont souvent touchées par des AVC et des crises cardiaques. Dans cette interview que nous a accordée le Dr Romaric Sédégo, cardiologue de son Etat, il parle des risques cardiovasculaires. Lisez !
« Le Pays » : Pouvez-vous nous parler de votre discipline, la cardiologie ?
Dr Romaric Sédégo : La cardiologie est la spécialité médicale qui étudie le cœur et ses maladies. Le cardiologue, par extension, s’intéresse également aux problèmes vasculaires.
Parlez nous à présent du cœur. De quel organe s’agit-il ?
Le cœur est une pompe musculaire creusée de 4 cavités : 2 atriums ou oreillettes et 2 ventricules. Ces cavités sont disposées deux à deux, de sorte à donner 2 cœurs : un cœur droit composé de l’Atrium droit (AD) et du Ventricule droit (VD), et un cœur gauche composé de l’Atrium gauche (AG) et du Ventricule gauche (VG). Le cœur est placé dans le thorax et a la forme d’une pyramide triangulaire. Il a une couleur rougeâtre et de consistance ferme. Il pèse en moyenne 300 g chez l’homme et 250g chez la femme, et reçoit le sang veineux puis l’envoie dans la circulation pulmonaire par l’artère pulmonaire. Le cœur gauche reçoit le sang artériel des veines pulmonaires puis l’envoie dans la circulation systémique par l’aorte.
Qu’est-ce qu’un facteur de risque cardiovasculaire ?
Un facteur de risque cardiovasculaire correspond à un état physiologique, pathologique ou une habitude de vie corrélée à une incidence accrue d’une maladie cardio-vasculaire. En terme simple, plus, on en a, plus on aura la malchance de développer une maladie cardiovasculaire.
Quels sont ses facteurs de risque cardiovasculaires ?
Plusieurs facteurs sont liés au risque cardiovasculaire. L’âge avancé peut amener un individu à avoir des problèmes cardiovasculaires. Il y a aussi le sexe ; le risque cardiovasculaire augmente sensiblement chez l’homme à partir de 50 ans et chez la femme à partir de 60 ans. Il peut être aussi héréditaire : il s’agit de l’arbre généalogique du patient. Le tabagisme, l’hypertension artérielle, la dyslipidémie, le diabète, l’obésité : par le calcul de l’Indice de masse corporelle (IMC), la sédentarité, le stress chronique et l’hyperuricémie sont aussi des facteurs de risque cardiovasculaire. A signaler qu’il existe des facteurs de risques en cours d’évaluation, qu’il est peut être inutile de mentionner ici. Certains de ces facteurs sont dits « modifiables » et sont utiles à rechercher, dans la mesure où ils peuvent être modifiés, c’est-à-dire diminués ou traités. C’est le cas du tabagisme, de l’hypertension artérielle, de la dyslipidémie, du surpoids, du diabète, etc. au contraire de l’âge, du sexe ou des antécédents familiaux, qui ne sont pas modifiables.
Parlez-nous à présent des AVC
Un accident vasculaire cérébral est un déficit neurologique soudain d’origine vasculaire présumée. L’accident vasculaire cérébral peut être transitoire (AIT) avec retour rapide à l’état normal, sans séquelles en moins de 24 heures (30 minutes selon certains auteurs). Le déficit peut être au contraire permanent. On parle alors d’Accident vasculaire cérébral constitué (AIC).
Les AVC sont classés en accidents ischémiques (vaisseau bouché dans le cerveau en simple) et en accidents hémorragiques (vaisseau qui éclate dans le cerveau).
Il existe différentes formes cliniques d’AVC :
– L’accident ischémique constitué, ou infarctus cérébral, est une perte définitive d’une partie du tissu cérébral, avec présence de séquelles neurologiques plus ou moins importantes.
L’accident ischémique transitoire est un déficit neurologique régressant totalement en moins de 24 heures après son apparition.
– L’hémorragie méningée est un accident vasculaire cérébral consécutif à l’irruption massive de sang dans les méninges.
– L’hémorragie intra-cérébrale est un AVC secondaire à la rupture d’une artère cérébrale au sein du parenchyme, à l’origine d’un hématome dilacérant le tissu cérébral.
Les accidents vasculaires cérébraux constituent l’un des groupes nosologiques les plus fréquents en milieu spécialisé cardiologique au Burkina Faso. C’est une des principales causes de mortalité dans le monde et la principale cause de handicap physique acquis et de démence acquise de l’adulte avec un retentissement socio-économique énorme.
Les AVC sont parfois liés à une mauvaise hygiène de vie (tabagisme, obésité), mais ils peuvent aussi survenir du fait de l’hérédité et de certaines maladies spécifiques (hypertension artérielle, hypercholestérolémie, fibrillation auriculaire, troubles de la coagulation sanguine).
Qu’est-ce qui explique la récurrence des AVC ces dernières années?
Les facteurs de risques cardiovasculaires cités tantôt sont ceux de l’athérome qui jouent un rôle primordial dans la survenue de l’AVC.
L’athérome consiste en l’atteinte des artères, entraînant leur rétrécissement et pouvant aboutir à une occlusion. Cette maladie artérielle est responsable de 80% des accidents vasculaires cérébraux, si elle atteint les artères à destinée encéphalique. La mauvaise hygiène de vie se résumant en une alimentation devenue très salée et très sucrée, au manque d’activité physique (sédentarité), au stress devenu quasi quotidien, à l’obésité, au tabagisme actif et passif, pourrait expliquer cette récurrence des AVC.
On constate que même les sportifs ne sont pas épargnés. Qu’est-ce qui explique cela ?
Avant tout propos, il faut insister sur le fait que « l’exercice physique protège le cerveau avant et le restaure après ». Les sportifs, en fonction de leur niveau, sont exposés aux mêmes facteurs de risques cardiovasculaires que les personnes non sportives.
Il faut insister sur le fait que cela n’entrave en rien l’effet bénéfique du sport sur le cœur. D’ailleurs, l’OMS préconise une activité physique continue et régulière.
Comment prévenir les AVC ?
Il existe des mesures qu’il est possible de prendre pour réduire le risque d’AVC et les dangers qu’il présente :
– connaître et maîtriser ses facteurs de risque personnels : hypertension artérielle, diabète et hypercholestérolémie ;
– pratiquer régulièrement une activité physique ;
– équilibrer son alimentation en privilégiant les fruits et les légumes et en réduisant la consommation de sel pour rester en bonne santé et éviter l’hypertension artérielle ;
– limiter sa consommation d’alcool ;
– éviter de fumer. Si vous fumez, demandez de l’aide pour arrêter ;
– apprendre à connaître les signes d’alerte d’un accident vasculaire cérébral :
– visage : déformation de la bouche
– Bras : la personne peut-elle lever les deux bras ?
– Parole : trouble de la parole (incapacité à parler, langage incompréhensible) de survenue brutale.
Propos recueillis par Valérie TIANHOUN