HomeA la uneDRAMES A REPETITION SUR LES SITES D’ORPAILLAGE AU BURKINA : La malédiction de l’or ?

DRAMES A REPETITION SUR LES SITES D’ORPAILLAGE AU BURKINA : La malédiction de l’or ?


Soixante morts ! Tel est le bilan humain de l’hécatombe de Gbomblora dans le Sud-Ouest du Burkina Faso où une explosion survenue sur un site d’orpaillage, a transformé les lieux en un paysage apocalyptique. Selon les premiers témoignages recueillis sur place, l’origine du drame serait attribuée à la « présence d’un stock d’explosifs », produits à usage fréquent dans les exploitations artisanales et semi-artisanales d’or, soit pour dynamiter la roche qui sert de gangue au métal précieux, soit pour se frayer des galeries qui conduisent vers des filons d’or.  En attendant que les services compétents qui sont à pied d’œuvre, nous  fournissent davantage d’informations sur cette tragédie, l’on peut faire le constat que l’or issu des sites d’orpaillage au Burkina Faso se repait du sang humain. En effet, Gbomblora n’est pas sans rappeler les nombreuses autres victimes enfouies dans les entrailles de la terre, à la quête du métal jaune. Ces drames à répétition avaient d’ailleurs contraint le gouvernement à interdire pendant la saison des pluies, les activités d’orpaillage.   Mais l’exploitation traditionnelle de l’or n’est pas seulement prédatrice de vies humaines. C’est tout le tissu social qui se désagrège au contact de cette activité avec le développement de fléaux sociaux tels que le travail des enfants avec ses corolaires que sont l’abandon de l’école, la prostitution, la toxicomanie, le SIDA et les MST pour ne  citer que ces exemples. Dans ce même ordre d’idées, il faut rappeler que l’orpaillage est très vorace en terres, occasionnant de nombreux conflits fonciers avec les populations locales qui assistent, parfois impuissantes, à l’accaparement de leurs terres agricoles.

 

L’orpaillage a tout simplement besoin d’une meilleure règlementation et d’un bon suivi de l’application des textes

 

Mais le plus grand péril pour la société aujourd’hui est que l’orpaillage est l’une des principales sources de financement des groupes armés qui ont mis sous couple réglée des régions entières du Burkina Faso où ils s’adonnent au pillage des ressources naturelles. Au-delà des communautés humaines, l’environnement paie aussi un lourd tribut à l’orpaillage. En plus de créer à la surface de la terre, des cratères géants qui détruisent tout le couvert végétal, l’orpaillage a recours à des substances très toxiques comme le mercure ou le cyanure qui polluent les sols et les cours d’eaux avec un fort impact sur la santé humaine et animale.  Au regard de tout  cet impact négatif de l’orpaillage, l’on pourrait se demander comme c’est inscrit dans l’imaginaire collectif et traditionnel de bien des peuples au Burkina Faso qui en ont même fait un interdit ou un totem, si l’or n’est pas un métal maudit. Mais l’on pourrait répondre à cette question en disant que le métal précieux est seulement maudit pour ceux qui ne l’ont pas. En effet, depuis que la fièvre du métal jaune s’est emparée des Burkinabè, elle a fait le bonheur de bien des Burkinabè qui ont vu, au détour d’un heureux coup de pioche,  leurs conditions de vie changer. Au-delà de ces fortunés, c’est tout un secteur économique qui s’est développé et structuré autour de l’exploitation artisanale de l’or, offrant des emplois à de nombreux jeunes et accroissant les recettes fiscales de l’Etat. Il s’est aussi développé une expertise nationale dans le domaine du travail de l’or ; toute chose qui augmente l’employabilité des jeunes et booste le développement de la recherche et de l’exploitation minière au Burkina. Sans nul doute aussi que l’or produit par les unités artisanales et semi-artisanales, participe au prestigieux rang du Burkina Faso qui figure dans le top 5 des nations africaines exportatrices d’or.  En tout état de cause, il faut dire, contrairement à ceux qui appellent à la fermeture de tous les sites d’orpaillage suite au drame de Gbomblora, qu’il faut éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le secteur de l’orpaillage a tout simplement besoin d’une meilleure règlementation et d’un bon suivi de l’application des textes pour éviter au pays, ces drames à répétition. Non seulement il faut assujettir les orpailleurs à la détention de permis d’exploitation comme c’est le cas avec les grandes sociétés minières, mais il faut aussi leur imposer des cahiers de charges qui déterminent les conditions sécuritaires à réunir et un seuil minimal de formation concernant surtout le stockage et la  manipulation des produits dangereux dont l’utilisation doit être soumise à un protocole strict.

 

Sidzabda      


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