ECHEC DE SA CANDIDATURE A LA CONFEDERATION AFRICAINE DE VOLLEY-BALL : Le ministre des Sports et des loisirs s’explique
Après plus d’un an à la tête du département des Sports et des loisirs, le ministre David Kabré s’ouvre au journal le Pays. A cette occasion, le patron du sport burkinabè sous la Transition a répondu sans tabou à certaines questions de l’heure : l’échec de sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de volley ball, la démission de l’entraîneur Gernot Rohr, la crise au sein de la Fédération de karaté… David Kabré s’explique.
Le Pays : Quel est le sentiment qui vous anime au terme de votre mission ?
David Kabré : C’est véritablement un sentiment de joie et de satisfaction dû au fait que la Transition avait une mission, à savoir organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. Ce fut le cas et cela a été même au-delà de nos attentes. Parce que les résultats enregistrés dès le 1er tour à la présidentielle ont été reconnus par les candidats qui n’ont pas été élus et qui ont même félicité le vainqueur. Les élections législatives se sont également déroulées dans la plus grande transparence et ont reçu la satisfaction de tous les candidats. Ce qui nous donne un motif de fierté, en plus des résultats engrangés au niveau du département des Sports et des loisirs. Nous pensons que la Transition a atteint ses objectifs.
Avez-vous donc le sentiment du devoir accompli ?
Nous avons le sentiment du devoir accompli tout en reconnaissant que l’on n’a pas tout fait et qu’il reste des choses à poursuivre. Nous allons d’ailleurs transmettre les instances qui restent aux nouvelles autorités du pays. Nous avons l’impression d’avoir apporté notre pierre à l’édification du pays.
La démission de l’entraîneur des Etalons, Gernot Rohr reste d’actualité, est-ce que vous avez entériné son départ ?
Dans tous les cas, l’Etat est une continuité et comme cela se passait pendant que le gouvernement était encore en place, nous prendrons la part de notre responsabilité. Nous allons entériner, avant de partir, la démission de l’entraîneur et mettre en instance tout ce qui suivra entre les mains des nouvelles autorités.
Mais qu’en est-il de la situation à la Fédération burkinabè de karaté do ?
A ce niveau également, nous avons été surpris de l’absence du bureau fédéral lors de l’élection que nous avons convoquée. Nous pensons que les fédérations sportives ont comme tutelle le ministère des Sports et loisirs et de ce point de vue, quand le ministère convoque une fédération, elle devrait répondre. Mais nous avons été surpris quand nous avons convoqué l’assemblée générale et que nous n’avons pas reçu la présence des premiers responsables de cette structure. Ce qui nous a amené à évaluer la situation et à prendre un arrêté pour mettre fin au mandat de la Fédération burkinabé de karaté. Et l’arrêté stipule que c’est le secrétaire général qui assure l’exécution des affaires courantes en attendant la mise en place d’un bureau provisoire. Donc, nous sommes en train de travailler à voir dans quelle mesure nous mettrons ce bureau provisoire en place. Nous ne nous attendions pas à cela, ce qui fait que le travail est un peu difficile. C’est une instance que nous laisserons aux nouvelles autorités. En attendant, le Secrétaire général du ministère des Sports est chargé de l’exécution de l’arrêté et je pense qu’il est en train de reprendre les contacts pour que le plus rapidement possible, un comité provisoire de fédération puisse être mis en place pour sauver la discipline.
Qu’est-ce qui n’a pas marché par rapport à votre candidature à la présidence de la Confédération africaine de volley ball ?
Il s’agit de ma première candidature à l’élection d’une confédération. Nous avons essayé de mener la réflexion avec nos mouvements associatifs parce que nous avons mis un comité en place avec à l’intérieur, nos collaborateurs, le directeur de cabinet, le président du comité national olympique et des sports burkinabè. Nous avons sollicité la Fédération burkinabè de volleyball et d’autres acteurs non moins importants. C’est avec cette équipe que nous avons commencé à travailler. Mais une élection de confédération relève des fédérations nationales. Il faut arriver à convaincre chaque fédération nationale car le scrutin est secret. C’est vrai que l’on active les pays et quand on donne des instructions au président d’une fédération, elle se doit de les respecter. Mais les fédérations sont des associations auxquelles les adhésions sont libres et les libertés reconnues. C’est difficile de contraindre un président de fédération à voter pour quelqu’un. Il y a aussi des questions d’intérêt, de groupes ou des pays qui entrent en jeu. Quand le président de fédération rentre dans l’urne pour voter, c’est lui seul qui décide. C’était un projet qui était difficile à appréhender. Mais nous avions eu un certain nombre d’assurances qui nous ont amené à y aller parce qu’en réalité, pour réussir à ce niveau, ce n’est pas l’action des acteurs nationaux qui est déterminant.
Que répondez-vous alors à ceux qui vous reprochent de n’avoir pas constitué un groupe de connaisseurs de volleyball pour défendre votre dossier de candidature ?
On n’a pas de volleyball au Burkina Faso. On ne nous a jamais vus en championnat d’Afrique, ni au Jeux olympiques encore moins au Championnat du monde. Donc qui se réclame connaisseur de volleyball ici ? Qu’est-ce que les gens ont fait pour hisser le volleyball burkinabè à un niveau régional, voir africain ? Je pense que c’est un premier essai et nous semblions être à un niveau où nous pouvions décrocher le fruit et nous avons voulu le faire pour ne pas le regretter. Mais malgré le fait que le résultat obtenu n’a pas été à la hauteur de nos attentes, c’est quand même un signal fort. Et dorénavant, on sait au niveau africain qu’il y a eu un candidat burkinabé qui a essayé de briguer ce mandat et qu’il faut également compter avec le Burkina Faso. Nous avons été également motivés à y participer. C’est en 2015 que des clubs burkinabè ont participé à une compétition africaine, sinon les autres fois, c’était à des compétitions sous-régionales. Où étaient les connaisseurs du volleyball pour que depuis 1964, nous ne soyons jamais allés à un championnat d’Afrique de volleyball ou participer à un jeu olympique, qu’il n’y ait pas d’arbitre international de volleyball au Burkina Faso, qu’il n’y ait pas d’entraineur de volleyball de niveau 3 dans le pays ? Aujourd’hui, nous sommes arrivés à avoir 4 arbitres internationaux de volleyball ainsi que 4 entraîneurs de niveau 3, ce qui n’existait pas avant. En fait, c’est un ensemble de facteurs, un travail qui a été fait avec des partenaires qui a motivé notre candidature. Il faut que nous nous mettions ensemble pour travailler parce que ce que nous avons compris, c’est que l’on ne peut pas aller seul à la conquête de la confédération. Et nous sommes engagés à travailler avec la fédération. Nous avons fait un mandat et nous apporterons tout notre soutien à la fédération. Ce qui n’avait pas été le cas auparavant. Nous n’avons pas reçu de soutiens pendant notre mandat de la part de ceux qui nous ont précédés. Avec ce que nous avons appris, nous allons pouvoir tirer les leçons de la situation pour aller de l’avant. En tout cas, nous avons une vision assez claire de ce qu’il faut pour aller à la confédération. Si y a des candidats qui veulent s’engager, nous sommes prêts pour leur apporter notre soutien.
Peut-on parler de regret au moment où vous quitterez bientôt vos fonctions ?
Il n’y a aucun regret parce que nous savions des le départ que nous étions là pour une année. C’est vrai que la Transition a été perturbée, mais quand nous nous sommes engagés, nous avons fait le plan d’actions et nous avons mis toute notre énergie pour atteindre ces objectifs. Et nous avons l’impression que nous avons donné le meilleur de nous-mêmes. Nous n’avons pas de regret. Concernant mon point de chute, il faut savoir que nous sommes avant tout des militaires. Nous étions en mission et maintenant que la tâche est terminée, nous retournons en caserne. C’est un exercice qui est facile pour moi et nous repartons à la base avec l’impression d’avoir accompli la mission qui nous était assignée. D’ailleurs, nous sommes fiers de repartir en caserne.
Quels messages aux acteurs du sport ?
A l’endroit des acteurs du monde du sport, à savoir le comité national olympique des sports burkinabè, aux associations sportives et à tous ceux qui œuvrent au développement du sport dans notre pays ainsi que mes premiers collaborateurs au niveau du ministère, je voudrais exprimer ma gratitude. Toutes ces personnes ont donné, durant mon mandat, le meilleur d’eux-mêmes et je suis très reconnaissant pour cette contribution. Je formule mes meilleurs vœux à tous mes collaborateurs et à l’ensemble du peuple burkinabè, je souhaite une bonne et heureuse année 2016. Au monde du sport, je souhaite bon vent et plein succès.
Entretien réalisé par Seydou TRAORE