ECHEC DES DIFFERENTES MEDIATIONS DANS LA CRISE EN RDC : Le scénario de 1997 en marche ?
Les espoirs de paix en République démocratique du Congo (RDC) sont-ils en train de s’amenuiser ? Telle est la question que l’on peut se poser, au regard des médiations qui se suivent et qui se sont jusque-là soldées par des échecs, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain où les combats n’ont jamais véritablement cessé. Le dernier fait en date est l’accord de paix de Washington signé le 4 décembre dernier, entre Kinshasa et Kigali connue pour son rôle dans cette crise protéiforme où, de Nairobi à Luanda en passant, entre autres, par l’Union africaine (UA) et l’ONU, la communauté internationale a fini de faire la preuve de son impuissance, au point que l’on se demande aujourd’hui d’où viendra la solution.
La confiance et la sincérité ne semblent pas les choses les mieux partagées entre les belligérants
Toujours est-il que cet accord de Washington qui fondait les espoirs en raison de la personnalité du médiateur, n’a pas résisté à une énième escalade des hostilités alors même que l’encre de la signature des protagonistes, n’avait pas encore séché sur le papier. La conséquence est que les rebelles de l’AFC/M23 poursuivent leur progression sur le terrain où ils vont de conquête en conquête. Et pas plus tard que le 9 décembre dernier, ils ont renforcé leurs positions par la prise de la localité stratégique d’Uvira dans le Sud-Kivu. Une avancée qui intervient quelques mois après les prises d’autres villes importantes comme Goma et Bukavu, les capitales respectives du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Une situation qui ne manque pas d’interpeller. D’autant que face aux échecs répétés des médiations dans un contexte où les rebelles avancent presque la fleur au fusil, le scénario de 1997 se dessine à l’horizon, dans cette crise sans fin où les protagonistes refusent de se parler quand ils ne passent pas le temps à se rejeter mutuellement la balle de la mauvaise foi. En rappel, à la tête de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), une rébellion partie de l’Est du pays et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, Laurent Désiré Kabila avait poursuivi sa route jusqu’à Kinshasa où le 17 mai 1997, il mettait fin à trois décennies de règne de Mobutu Sésé Séko. L’autre question fondamentale qui se pose est la suivante : quel impact l’échec de l’accord de Washington entre Kigali et Kinshasa, peut-il avoir sur les pourparlers en cours à Doha entre les autorités congolaises et les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda de Paul Kagame qui n’a même pas échangé une poignée de main avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, dans la capitale américaine. Une attitude qui n’est pas passée inaperçue, et qui ne poussait d’autant pas plus à l’optimisme qu’à la veille même de la rencontre, les armes continuaient de crépiter sur le terrain en RDC. C’est à se demander si au-delà des professions de bonnes intentions, les protagonistes sont véritablement engagés pour la paix dans ce conflit où la confiance et la sincérité ne semblent pas les choses les mieux partagées entre les belligérants. Un conflit aussi où les pourparlers ou ce qui y ressemble, ne sont pas loin d’apparaître comme un jeu de dupes où chacune des parties prenantes aux négociations, poursuit plus ses propres intérêts.
Ragaillardi par la prise de la ville d’Uvira, le mouvement rebelle a désormais le Katanga dans son viseur
Et dans le cas d’espèce, tout porte à croire que le M23 qui n’a jamais caché sa volonté de descendre sur Kinshasa, n’est pas prêt à renoncer à cet objectif. On est d’autant plus porté à le croire que ragaillardi par la prise de la ville d’Uvira, le mouvement rebelle a désormais le Katanga dans son viseur. Et Dieu seul sait jusqu’où il poursuivra son avancée, si une solution n’est pas trouvée d’ici-là. Et à l’allure où vont les choses, où Kinshasa peine à donner militairement la réplique sur le terrain, le président Tshisekedi est très exposé. D’autant plus qu’au-delà de l’engagement du Rwanda voisin aux côtés des rebelles, il a aussi et surtout contre lui, l’ancien président Joseph Kabila, son allié d’hier devenu son ennemi juré d’aujourd’hui. En effet, l’ancien locataire du palais de la Nation, qui a été condamné à la peine de mort par le régime de Kinshasa, est dans la nature et ne manque pas d’occasion de charger son successeur de…tous les péchés de la RDC. Une attitude qui en dit long sur sa volonté de retrouver le fauteuil présidentiel qu’il avait cédé à son successeur à la suite d’un deal foireux. Et le rejeton de Laurent Désiré Kabila semble d’autant plus revanchard que tout porte à croire que Félix Tshisekedi n’a pas respecté le pacte qui les liait. Et aujourd’hui qu’il se dit que Joseph Kabila est le véritable parrain du M23 qui ne cache pas sa volonté de renverser Fatshi, on se demande si le fils n’est pas sur les traces du père qui avait mis fin, vingt-huit ans plus tôt, au règne du Roi léopard.
« Le Pays »
