HomeA la uneELECTION DE DONALD TRUMP : Les limites d’une victoire

ELECTION DE DONALD TRUMP : Les limites d’une victoire


Au lendemain de la victoire inattendue du républicain Donald Trump, à la présidentielle américaine du 8 novembre dernier, beaucoup de ses compatriotes paraissent encore groggy, tant la vague rouge qui a submergé le pays de l’Uncle Sam, semble avoir surpris plus d’un dans son sommeil. Au nombre de ceux-là, l’on peut compter tous ces jeunes Américains qui ont manifesté, hier, à travers le pays et même devant la Maison Blanche, pancarte « Not my president » en main, pour protester contre sa victoire. Tant et si bien que l’on ne peut s’empêcher de se demander où va l’Amérique et jusqu’où ira cette clameur réprobatrice contre un président régulièrement élu, qui plus est, dans la transparence la plus totale. Toutes choses qui amènent à penser que cette victoire à la Pyrrhus de Donald Trump, présente tout de même quelques limites objectives. La première est qu’elle va consacrer la division du peuple américain. D’autant plus que les sondages avaient, de toute évidence, préparé les esprits à la victoire d’Hillary Clinton qui se demande encore comment elle a pu perdre cette élection.

La seconde est qu’il y a toutes ces fortes promesses de campagne de ce magnat de l’immobilier au langage iconoclaste, qui risquent, dans leur réalisation, d’être la mer à boire pour le président nouvellement élu, comme celle de l’érection d’un haut mur à la frontière mexicaine pour lutter contre l’immigration clandestine.

C’est pourquoi il y a lieu de croire que le président Trump présentera une image autre que celle du candidat Donald pour reconquérir la confiance de tous ses compatriotes et même au-delà, s’il veut se donner la chance de faire de vieux os au Bureau ovale. Car, dans une Amérique quelquefois prompte à la violence, si les manifestations contre Trump devaient aller en s’amplifiant, nul ne saurait prédire où tout cela mènerait. Surtout que sa victoire ressemble à tous points de vue, à celle d’un self made man qui s’est fixé un objectif qu’il a brillamment atteint, pratiquement sans l’aide de sa famille politique, comme cela se voit souvent dans cette Amérique à laquelle n’a jamais autant collé l’image de pays de tous les possibles : notamment celui de pouvoir s’installer à la Maison Blanche, sans être forcément préparé à diriger la nation la plus puissante au monde.

 

La démocratie à l’occidentale a aussi ses limites et est loin d’être la panacée

 

De ce fait, Trump devra surprendre ses compatriotes et le monde entier, par une attitude qui marque un hiatus entre le candidat fantasque qu’il a été et l’homme d’Etat responsable qu’il est appelé à être. Et cela, aussi bien dans ses paroles que dans ses actes. Autrement, il court le risque de donner trop tôt raison à tous ceux-là qui doutaient de sa capacité à diriger avec lucidité et clairvoyance un pays comme les Etats-Unis d’Amérique et voyaient en lui un danger pour les USA et le reste du monde. Il y a d’autant plus intérêt que si ses électeurs devaient le prendre aux mots, il pourrait tomber dans son propre piège face à certaines promesses de campagne qu’il risque d’avoir tout le mal du monde à tenir. Ce n’est pas son prédécesseur, Barack Obama, qui dira le

contraire ; lui qui a échoué à fermer la prison de Guantanamo comme il l’avait promis, et à retirer complètement les GI’s d’Afghanistan. Dans le même ordre d’idée, l’on attend de voir l’érection du fameux mur par Trump et le règlement de la note par son indésirable voisin mexicain.

Enfin, en termes de limites, cette victoire de Trump vient une fois de plus montrer, après celle de 2000 où Al Gore avait remporté le vote populaire mais avait au finish perdu face à Bush, le caractère pernicieux du système des grands électeurs qui font finalement les rois aux Etats-Unis. Hillary, la favorite de ce scrutin, en fait aussi les frais aujourd’hui, si l’on en croit les chiffres provisoires qui lui donnent deux bonnes centaines de mille de voix de plus que son adversaire qui décroche pourtant le graal. Comme quoi, la démocratie à l’occidentale a aussi ses limites et est loin d’être la panacée. Mais il y a lieu de garder espoir, car il faut aussi compter avec le système d’organisation des institutions américaines qui ne laissent pas toute la latitude au président pour faire tout ce qu’il veut. Il faut surtout souhaiter que Trump soit un bon président pour les Américains et qu’il ne soit pas une menace pour la paix mondiale.

 

Outélé KEITA


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