HomeA la uneELECTION PRESIDENTIELLE AU NIGERIA : Vers une campagne à l’américaine ?

ELECTION PRESIDENTIELLE AU NIGERIA : Vers une campagne à l’américaine ?


Bola Ahmed Tinubu du Congrès des progressistes (APC), parti au pouvoir, contre Atiku Abubakar du Parti démocratique populaire (PDP), principal parti de l’opposition ! Telle pourrait être la principale affiche de la campagne présidentielle qui s’est ouverte le 28 septembre 2022, au Nigéria, pour une durée de 5 mois. La succession du président Muhammadu Buhari est donc ouverte mais avant de tourner la page, il faut savoir rendre hommage à cet homme de 79 ans qui, au terme de ses deux mandats, s’est plié aux règles du jeu démocratique en se retirant de la compétition, empruntant comme son prédécesseur, Goodluck Jonathan, la voie fleurie pour entrer dans l’histoire. Même s’il laisse en héritage à ses potentiels successeurs, un Nigeria aux prises avec un marasme économique sans précédent, caractérisé par le déclin de la production pétrolière, la flambée des prix des produits de base et l’effondrement du réseau électrique, l’on peut retenir de lui, l’image d’un homme engagé dans la lutte contre le terrorisme dans laquelle il a obtenu, malgré tout, la tête d’Abubakar Shekau  et contre la corruption au sommet de l’Etat. Mahammadu Buhari peut donc légitimement prétendre au repos du guerrier et le cas échéant, si sa fragile santé le lui permet, aspirer à jouer sur la scène internationale, comme son prédécesseur, un rôle de premier plan.  Cela dit, la campagne présidentielle qui met fin à l’ère Buhari, a tous les caractères d’une campagne à l’américaine avec ce duel au sommet, de deux septuagénaires richissimes, pour prendre les commandes de la puissante république fédérale du Nigéria.

 

Le jeu pourrait réserver de grandes surprises

 

Il est donc à craindre que les billets de banque ne viennent corrompre le débat électoral dans un pays dont le besoin essentiel est un excellent projet de société qui lui permette, tout en tournant définitivement la page de l’insécurité, de relancer son économie. Faute d’un tel projet qui puisse fédérer toutes les énergies pour remettre sur orbite cette puissance ouest-africaine, il est à craindre que les 5 mois de joutes électorales ne viennent en rajouter aux menaces d’instabilité qui planent sur le pays du fait non seulement de l’insécurité mais aussi des tensions politiques internes. L’on sait en effet que la campagne présidentielle de 2022, pour ce qui concerne le parti au pouvoir,  fait voler en éclats la règle tacite qui voudrait qu’au président sortant, Buhari, musulman du Nord, succède un chrétien du Sud. Or Tinubu, même s’il est originaire du Sud, est musulman, tout comme son colistier.  Mais au-delà de ces craintes qui sont somme toute légitimes pour un pays qui a connu des heures sombres dans son histoire en raison des tensions politiques sur fond de divisions ethnico-religieuses,  tout le mal que l’on peut souhaiter à ce géant, est une campagne apaisée qui vienne embellir davantage l’image démocratique qu’il donne à voir à toute l’Afrique et plus spécifiquement, l’Afrique francophone où sommeillent encore de vieux crocodiles des mares saumâtres des dictatures, qui ne cessent de ruser avec les Constitutions pour s’accrocher indéfiniment au pouvoir. Mais pour relever ce défi de campagne apaisée, la sécurité des candidats devrait être l’objet de préoccupation au plus haut sommet de l’Etat dans un pays où les kidnappings sont monnaie courante. L’on sait que le Nigeria a les moyens pour réussir le pari car les campagnes antérieures se sont déroulées dans des conditions sécuritaires pires que la présente sans que l’on n’enregistre pour autant des incidents sécuritaires majeurs, susceptibles de porter atteinte à la crédibilité du scrutin.  Ceci étant, le jeu que l’on peut croire plié en faveur des deux poids lourds de la campagne, pourrait réserver de grandes surprises. Les 18 autres candidats en lice dont une femme, ne veulent pas se contenter d’un rôle de figurants et cela est particulièrement vrai pour le candidat du parti travailliste, Peter Obi, très populaire auprès de la frange jeune de la population et sur les réseaux sociaux. L’homme pourrait être un parfait outsider pour coiffer au sprint final, les deux septuagénaires qui paraissent controversés dans l’opinion publique nationale. Mais comme on le dit, que le meilleur gagne et c’est toute la démocratie au Nigeria qui gagnera.

 

SAHO   


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