HomeA la uneELECTIONS CONSULAIRES A LA CHAMBRE DE COMMERCE : Le scrutin  s’est  déroulé sous très haute surveillance  

ELECTIONS CONSULAIRES A LA CHAMBRE DE COMMERCE : Le scrutin  s’est  déroulé sous très haute surveillance  


 

Longtemps annoncées, c’est ce 13 novembre 2016 que les élections consulaires de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina  Faso (CCI-BF) ont eu lieu. A Ouagadougou, le scrutin qui s’est déroulé sous très haute surveillance des Forces de l’ordre et de sécurité, a débuté à 6h du matin. Et ce sont au total 11 545 électeurs qui ont été appelés aux urnes pour élire les 151 conseillers consulaires, selon le ministre en charge du Commerce, Stéphane Sanou. Ces derniers, à leur tour, auront la tâche d’élire le président de la CCI-BF. Les potentiels prétendants annoncés à la présidence de la CCI-BF sont Safiatou Lopez, Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, Apollinaire Compaoré, Adama Ouédraogo dit « Palm Beach ».

C’est à 6h du matin, ce 13 novembre 2016, que les bureaux de vote se sont ouverts pour recevoir les différents électeurs qui venaient pour accomplir leur devoir citoyen. A notre arrivée, l’engouement n’était pas trop au rendez-vous sur le site de la Maison du peuple de Ouagadougou qui abritait, à lui seul, 6 bureaux de vote. Mais le dispositif sécuritaire mis en place, sautait à l’œil. Des véhicules pickups de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et de la Gendarmerie nationale  faisaient des navettes entre les différents sites de vote. Pour y accéder, il fallait montrer patte blanche. Journalistes, électeurs, membre du comité d’organisation, etc., tous  étaient soumis à des fouilles minutieuses. Mathias Nana fait partie des premiers électeurs qui ont accompli leur devoir citoyen  au bureau de vote N°6 de  la Maison du peuple de Ouagadougou.    « Je viens de voter le candidat de mon choix et c’est une joie qui m’anime, car  après une Chambre de commerce intérimaire de deux an, chacun de nous attendait que ces élections se tiennent afin que les choses puissent fonctionner désormais normalement », a-t-il confié. En tant que commerçant, il souhaite que l’élu consulaire sur lequel son choix a porté,  soit à même de répondre aux aspirations de tous les commerçants burkinabè.  De la Maison du peuple de Ouagadougou, nous avons mis le cap sur le site de la Maison de l’entreprise de Ouagadougou où devraient voter Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, Apollinaire Compaoré, potentiels prétendants annoncés à la présidence de la CCI-BF. Là,   l’affluence n’était pas non plus au rendez-vous à notre arrivée aux environs de  9h. Interrogé, le président du bureau N°1, Raphaël Kaboré,   nous a rassurés que tout se déroulait sans incident majeur.  A l’en croire, sur ce site, 476 personnes sont inscrites, entre autres, dans les catégories « Industrie, commerce ».

Les résultats définitifs prévus dans 72 heures

Arrivé sur les lieux en compagnie d’une forte délégation de ses partisans aux environs de 8h55, le candidat Apollinaire Compaoré, après avoir glissé son bulletin dans l’urne, a dit  être confiant quant à sa victoire à l’élection de la présidence de la Chambre de commerce, une fois élu comme conseiller consulaire. Cela, a-t-il ajouté,  grâce à  son expérience dans les affaires, (lire Encadré: les candidats s’expriment). Près d’une  heure après, soit à 9h15, C’est Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, accompagné de ses « partisans » dont Idrissa Nassa, Président directeur général de Coris Bank International, Boureima Ouédraogo de la société OBOUF, Mohamed Sogli, Président directeur général du Groupe SOPAM, qui fit son entrée sur le site de la Maison de l’entreprise de Ouagadougou. A sa sortie du bureau de vote, M. Sawadogo a félicité le comité d’organisation d’avoir tenu le pari en organisant ces élections consulaires. Il a également salué l’esprit des électeurs qui ont accepté accomplir leur devoir citoyen, dans la discipline. (Lire Encadré: les candidats s’expriment). De la Maison de l’entreprise de Ouagadougou, nous nous sommes rendus aux environs de 12h00 sur le site de SITARAIL. Là, Adama Ouédraogo dit « Palm Beach »,  potentiel prétendant annoncé à la présidence de la CCI-BF, avait déjà voté. Par contre, son challenger,   Safiatou Lopez,  qui venait juste de voter, a décrié le processus électoral dans son ensemble. Pour elle, il est inadmissible que le comité d’organisation prenne 3 jours pour délivrer les résultats définitifs des élections consulaires. D’ores et déjà, a-t-elle ajouté, il y a quelque chose qui ne va pas. (Lire encadré : les candidats s’expriment).  Qu’à cela ne tienne,  le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Stéphane Wenceslas Sanou, ayant fait le tour des 3 sites de vote à Ouagadougou, a indiqué que la tenue de ces élections est un ouf de soulagement pour les acteurs du commerce. Car, a-t-il dit, c’est depuis 2014 que les autorités du pays  sont à pied d’œuvre pour la tenue de ces élections. Pour lui, les petits plats ont été mis dans les grands pour que le scrutin se déroule bien. Mieux, a-t-il rassuré,  un engagement fort  a été pris par tous les opérateurs économiques de doter le Burkina Faso d’une Chambre de commerce et d’industrie consensuelle, à l’issue de votes libres et inclusifs.  A l’instar de tous les électeurs, le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Stéphane Wenceslas Sanou, a souhaité que ces élections génèrent de conseillers consulaires à même de choisir  un président de la CCI-BF capable de prendre en compte les intérêts de tous les commerçants.  Quant à la date à laquelle les résultats seront connus,  il  a révélé qu’il y a un chronogramme qui a été établi. Après ces votes, a-t-il expliqué,  il y aura des résultats provisoires et  72 heures seront accordées aux différents électeurs pour faire des recours. Donc, a-t-il précisé, dans une semaine, les résultats définitifs des élus consulaires seront connus du grand public. C’est à l’issue de cela, a précisé M. Sanou, que les 151  nouveaux élus consulaires vont, à leur tour, élire en assemblée générale,  celui qui présidera à la destinée de la CCI-BF pour les 5 années à venir. Comme innovation majeure à ce scrutin, des dispositions ont été prises par le comité d’organisation de sorte que les électeurs qui n’avaient pas pu récupérer leurs cartes d’électeurs, puissent le faire le jour même du vote au siège de la CCI-BF, afin d’accomplir leur devoir citoyen.  Sont de ceux-là, le Directeur général de CimFaso, Inoussa Kaboré.

Mamouda TANKAONO et Valérie TIANHOUN

ENCADRE 1

 

Des candidats s’expriment

Dans les lignes qui suivent, nous vous proposons les réactions des candidats annoncés à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI-BF). Au nombre de 4, seuls trois se sont prêtés à nos questions après avoir voté dans la matinée du 13 novembre dernier. Il s’agit de Apollinaire Compaoré, Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi et Safiatou  Lopez. Mais nos tentatives d’arracher un mot au candidat Adama Ouédraogo dit « Palm Beach » ont été vaines.   Lisez !

Apollinaire Compaoré, opérateur économique, candidat : « Je respecterai le choix des électeurs »

« Je suis content de pouvoir voter. Je souhaite que tout le monde vote car c’est la démocratie et je respecterai le choix des électeurs. Je suis candidat à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie et grâce à Dieu, je remporterai la victoire, une fois élu membre consulaire. Sinon, je n’ai pas constaté d’anomalie dans le processus. Je ne me considère pas comme favori. C’est Dieu qui connaît le favori et je compte sur lui. Je ne me considère pas plus grand que n’importe qui. Mais si c’est l’expérience du savoir-faire  dans les affaires, je suis l’aîné dans tous les domaines. Cela fait 48 ans que je suis dans le marché. Donc, je connais beaucoup de choses. Une fois que je serai élu président à la Chambre de commerce et d’industrie, mes priorités seront axées sur  la jeunesse et surtout, les femmes. Aujourd’hui, il faut qu’on s’asseye et qu’on parle le même  langage pour trouver des solutions aux problèmes qui minent l’économie du pays. Car, le Burkina a besoin aujourd’hui de tous les opérateurs économiques du pays.  Et pour ce faire, il faut des états généraux du monde des affaires burkinabè, pour trouver des remèdes à tous les maux».

Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, opérateur économique, candidat : « Je souhaite que le meilleur gagne »

« Ce sont des sentiments de  joie et de satisfaction qui m’animent après avoir accompli mon devoir civique. Ce matin, le vote concerne les membres consulaires et je suis candidat au poste de «gros commerçants».  A ce niveau, il y a trois candidats et je souhaite que le meilleur gagne. C’est à l’issue du vote des élus consulaires  qu’on verra pour la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie. Nous avons une alliance au sein de nos associations qui ont décidé de proposer des candidats dans les différentes catégories. Des candidats que nous estimons capables de défendre les intérêts de tous les commerçants. Je lance donc un appel de sérénité, de cohésion afin que tous ceux qui seront élus, soient accompagnés par tous pour mener à bien les missions qui leur seront assignées. Personnellement, je trouve que ces élections ont été bien organisées. Car, jusque-là, (NDLR : 11h30), nous n’avons pas constaté d’incident majeur. A ce stade, nous ne pouvons que féliciter le comité d’organisation et l’ensemble des électeurs pour leur discipline ».

Safiatou  Lopez, opératrice-économique, candidate : « En toute sincérité, je n’ai pas confiance à ce scrutin »

« Je suis venue voter. C’est comme si j’avais soumissionné à un marché car j’attends les résultats. La seule différence est que le comité d’organisation veut  prendre 3 jours pour diffuser les résultats définitifs. D’habitude, quand on organise les élections consulaires au Burkina, c’est toujours à la Chambre de commerce et d’industrie. Cette fois-ci, le comité d’organisation a mis les électeurs du Bâtiments et des travaux publics (BTP),  de la culture  et autres dans les mêmes bureaux de vote. Déjà, il y a problème. Aussi, il y a des enveloppes inviolables de la CENI que le comité d’organisation a refusé de prendre au profit des enveloppes kaki. On sait que ces enveloppes se trouvent dans toutes les boutiques de la place et quelqu’un peut s’en procurer facilement (…). En toute sincérité, je n’ai pas confiance à ce scrutin. Depuis le début du processus, on sentait déjà qu’il y avait un cafouillage et c’est  ce cafouillage  qui continue. Donc, prendre 3 jours pour donner les résultats des élections consulaires alors que les résultats provisoires de l’élection présidentielle, avec toute son ampleur, sont parfois disponibles en une journée, c’est que quelque chose ne va pas. On ne peut pas prendre 3 jours pour rendre publics les résultats des élections consulaires (…).  Autre constat, c’est que les grands commerçants veulent toujours abuser des petits commerçants. Ils les utilisent comme des échelles pour pouvoir monter au plus haut niveau. Cela n’est pas normal. Sinon, s’il y avait de la considération pour les petits commerçants, la répartition des sièges n’allait pas se passer de la sorte. Plus de 70% des entreprises  du Burkina se trouvent à Ouagadougou. De ce fait, on devrait tenir compte de cela dans la répartition des sièges. Mais hélas ! Les petits commerçants du Kadiogo sont nombreux, mais ils n’ont eu que deux sièges. Ce n’est pas normal. Même la question de  la limite d’âge a été décidée entre le DG de la Chambre de commerce, le ministre en charge du Commerce et son staff. Ce n’est pas une décision qui a été adoptée en conseil de ministres. Ils devraient aussi consulter toutes les catégories de commerçants pour trouver un consensus, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont oublié les petits commerçants. Cela s’apparente à un mépris total de cette catégorie du paysage des affaires au Burkina. C’est ce qui a fait partir Blaise Compaoré du pays. Il va falloir que les autorités revoient cette situation (…).  C’est la loi du plus fort. Si on demande aux petits commerçants de se voter et aux grands de le faire entre eux, ces derniers ne pourront pas passer (…).   Je suis venue voter car je suis engagée et j’ai engagé des personnes qui croient en moi. Mais vu le mépris du gouvernement vis-à-vis des petits commerçants, il y a problème. C’est parce que nous avons su calmer les ardeurs de certains, sinon, beaucoup  allaient  changer de bureau de vote (…). Nous, nous avons confiance en Dieu car c’est lui qui  a le dernier mot. Si je suis élue à la chambre de commerce, mes priorités seront axées sur  les  jeunes et les femmes et mes concurrents le savent très bien. C’est pourquoi ils  me combattent. Un d’entre eux m’a dit qu’ils ne sont pas bêtes pour me laisser arriver à la tête de la Chambre de commerce parce que leurs employés  deviendront leurs patrons. Mais s’il plaît à Dieu, si leurs employés ne deviennent pas leurs patrons, ils deviendront leurs concurrents. C’est le défi que j’entends relever ».

ENCADRE 2

 

PROPOS D’ELECTEURS

Justin Eli Ouédraogo, vice-président  du Conseil du Patronat : « J’apprécie  l’affluence et l’engouement des électeurs »

« C’est un sentiment de satisfaction qui m’anime après  avoir accompli mon devoir citoyen.  Le monde du secteur privé s’est vraiment mobilisé pour participer à ces élections qui constituent un tournant dans la vie de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina. J’apprécie  l’affluence et l’engouement des électeurs.  J’attends qu’on mette en place un bureau qui va redynamiser le secteur économique burkinabè et la participation de tous les acteurs du secteur privé est beaucoup attendue.  Car, je ne connais pas  un pays au monde qui se soit hissé dans l’échelle du développement économique et social  sans une participation efficace et effective du secteur privé ».

Mohamed Sogli, PDG de SOPAM : « J’ai constaté  que les élections ont été  très bien organisées»

« En tant que membre du monde du commerce burkinabè, je suis très satisfait après avoir accompli mon devoir citoyen. J’ai constaté aussi que les élections ont été  très bien organisées. J’ai un candidat que je soutiens à la présidence de la Chambre de commerce, mais nous ne sommes pas encore à ce stade. Toutefois, je souhaite que ces élections se déroulent normalement et dans la transparence afin qu’on puisse, à la suite, élire le président de la Chambre de commerce».

Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank International  : « Je suis très satisfait de la manière dont le processus électoral se déroule »

« Je viens de remplir mon devoir civique. Je suis très satisfait de la manière dont le processus électoral se déroule (NDLR : il était 12h20). Je souhaite que  tout se passe dans la sérénité. Que le monde des affaires puisse élire des hommes et des femmes valables et capables de défendre les intérêts  de tous les acteurs du secteur économique du pays afin qu’ensemble, nous puissions amorcer la relance économique du pays ».

Marie Josépha Zoundi : « Je n’ai pas de candidat »

« Je suis animée de sentiments de satisfaction après avoir  accompli mon devoir citoyen. En tant que Directrice d’une entreprise agro-alimentaire et ayant été inscrite dans la sous-catégorie « petite industrie agro-alimentaire ». Personnellement,  je n’ai pas de candidat. J’entends parler des noms de ceux qui veulent être président de la Chambre de commerce, mais, personnellement, je ne les connais pas. Je n’ai pas eu l’opportunité de pouvoir m’approcher de  ces candidats. Je souhaite un changement profond au niveau de la Chambre de commerce».

Propos recueillis par M.T.


Comments
  • Bonne chance a tous les candidats, que celui qui pourra le plus contribué au développement de la nation gagne. Que l’intégrité revienne au sein de cette structure qui sans doute est une des pièces motrices dans la lutte contre la corruption;

    14 novembre 2016
  • D’abord, ces nouvelles élections consulaires des membres de la Chambre de commerce doivent être l’occasion d’élire des opérateurs économiques et des commerçants valables, intègres et capables d’impulser une dynamique nouvelle pour « amorcer la relance économique » du Burkina Faso avec le soutien politique des actuelles autorités. Cependant, des appréhensions de Mme Safiatou Lopez et de certains sur la transparence et la crédibilité de ce scrutin sont quelque part bien justifié. Car, par exemple le Président du Comité technique électoral Gilbert Ouédraogo, est un spécialiste des pratiques malsaines et frauduleuses : La preuve ? Quand il était Ministre sous le régime déchu, il n’hésitait pas du tout à intervenir dans les tests de recrutements des cadres relevant des directions centrales du Ministère. De cette façon, il contraignait et obligeait les cabinets à recruter ses hommes ou parents à lui au détriment des vrais résultats des tests. Les candidats arrivés premiers échouaient et les moins méritants avec son appui népotisme et des tricheries réussissaient. Les gérants des cabinets se trouvaient donc groggys et finissaient par s’y soumettre. Alors, on peut s’inquiéter et se demander s’il ne va pas introduire ses mauvaises pratiques et malsaines dans ces présentes élections consulaires ? Il faut vraiment croiser les doigts et attendre de voir, puis toucher du bois afin ce scrutin assez ouvert de nos opérateurs économiques soit crédible, transparente et démocratique dans l’intérêt général et non celui de clans. Courage et Salut !

    14 novembre 2016

Leave A Comment