ELIMINATOIRES DE LA CAN 2015 Les Etalons trébuchent à Libreville
La 3e journée des éliminatoires de la CAN Maroc 2015 n’a pas souri aux Etalons qui sont tombés devant les Panthères du Gabon par 2 buts à 0. C’était dans la soirée du samedi 11 octobre 2014, au stade de l’Amitié de Libreville. Une défaite qui fait perdre le fauteuil de leader au Burkina au profit du Gabon et qui doit permettre aux Etalons de vite se remettre en cause avant l’opposition retour prévue ce mercredi 15 octobre à Ouagadougou.
Belle claque, la défaite infligée par les Panthères du Gabon aux Etalons le 11 octobre dernier dans un stade de l’Amitié de Libreville archicomble ! En effet, le Burkina y a perdu son fauteuil de leader, en s’inclinant par 2 buts à 0 face au Gabon qui, sur l’ensemble de la rencontre comptant pour la 3e journée des éliminatoires de la CAN 2015, a bien mérité sa victoire, au-delà de certaines suspicions. Dans cette partie, ce sont les Panthères qui ont, dès l’entame, multiplié les offensives, en prenant d’assaut le camp burkinabè, grâce à une bonne disposition tactique avec en plus un véritable esprit de la victoire et un bon quadrillage du terrain. Le capitaine gabonais, Pierre Emerick Aubameyang, et ses partenaires ont joué sur un rythme fou dès les premières minutes, en optant beaucoup pour le jeu dans les couloirs, à l’image de Pierre Emerick et surtout d’un certain Frédéric Wagha Bulot qui a donné le tournis à plus d’un adversaire. Prise de vitesse, l’équipe burkinabè était quelque peu remaniée avec Préjuce Nakoulma et Jonathan Zongo associés à Aristide Bancé, pendant que le capitaine Charles Kaboré avait pour compagnon d’infortune, au milieu du terrain, Florent Rouamba qui n’avait pas bonne mine et Abdoul Razack Traoré. Pendant toute la première période, la défense burkinabè a beaucoup supporté le match parce que le milieu gabonais, à l’image de Didier Ibrahim NDong, a dominé celui des Etalons. D’ailleurs, les Panthères sont passées à côté de l’ouverture du score à la 4e mn avec Malik Evouna, suite à une incompréhension au sein de la défense burkinabè et une mauvaise sortie du gardien Germain Sanou. Les Gabonais avaient également la possibilité de marquer aux 13e et 35e mn, suite à des erreurs défensives. Les Burkinabè se sont certes signalés mais la plus nette occasion est celle intervenue à la 11e mn avec ce but de Préjuce Nakoulma signalé hors-jeu alors qu’il ne l’était visiblement pas.
Les caviars de la défense burkinabè aux Gabonais
Si les Etalons engagent bien la deuxième partie avec cette tête rageuse de Aristide Bancé que le gardien gabonais, Didier Obang Ovono, a eu du mal à dégager à la 46e mn, ils ne feront pas mieux puisqu’en face, les Panthères étaient toujours bien en place tactiquement, avec un jeu mieux élaboré. Ces derniers reprennent leurs assauts offensifs et n’étaient pas loin d’ouvrir le score. Entre-temps, Charles Kaboré rate l’immanquable à la 60e mn, lorsqu’il se retrouve tout seul face au gardien gabonais et trouve le moyen d’envoyer le ballon dans les airs. Et après avoir subi et résisté, la défense burkinabè va finalement craquer avec les défenseurs de couloirs. Dans un premier temps, à la 68e mn, lorsque le latéral droit, Mohamed Koffi, sous la pression, réussit une passe dans la moitié du terrain burkinabè à un adversaire qui coulisse pour André Biyogho Poko qui trouve Malik Evouna dont la passe parvient dans la surface à Pierre Emerick Aubameyang qui, tout seul, n’a aucune peine à trouver le chemin des filets pour l’ouverture du score. Les Etalons tentent de réagir mais les Panthères ne lâchent pas prise et sont sur tous les ballons afin de réduire non seulement les chances des Burkinabè, mais surtout de se mettre à l’abri. Elles y parviennent puisqu’à la 74e mn, sur un contre bien mené sur le côté droit, le latéral gauche burkinabè, Narcisse Bambara, certainement esquinté, est devancé comme un amateur par Malik Evouna dont la passe, à l’entrée de la surface de réparation pour son capitaine Pierre Emerick Aubameyang, est un véritable caviar. Ce dernier reprend le ballon pour inscrire son deuxième but, permettant ainsi à son équipe de l’emporter logiquement par 2 buts à 0. Sur ces deux buts, la responsabilité de ces deux latéraux est évidente pour avoir joué avec légèreté, laissant planer le doute sur leur forme physique et leur insuffisance tactique. Mais comme circonstance atténuante, on pourrait dire qu’ils avaient des attaquants de couloirs que sont Jonathan et surtout Préjuce Nakoulma qui ont failli dans le jeu défensif, faisant peser le poids des offensives des Gabonais sur les côtés, sur ces joueurs. Il faut aussi relever que si la défense des Etalons a beaucoup subi, c’est que le milieu a quelque peu failli. Il a facilité la tâche du milieu adverse où Didier Ibrahim NDong était à l’aise dans la récupération de nombreux ballons, donnant ainsi des opportunités à ses joueurs de couloirs, Frédéric Wagha Bulot et Malik Evouna. On retiendra également que Préjuce Nakoulma manque de justesse dans ses choix et aura besoin de discipliner son jeu, tout en évitant d’être trop individuel dans les dernières phases offensives. Si la défense a failli avec des latéraux qui sont passés à côté de leur sujet, donnant par moment l’impression d’être dépassés par la qualité du jeu Gabonais, on peut aussi s’interroger sur certains choix de l’encadrement technique qui reste, malgré tout, le seul maître à bord. On ne saurait comprendre par exemple pourquoi Bertrand Traoré n’est pas entré plus tôt que prévu, d’autant qu’il est parvenu parfois à déstabiliser la défense gabonaise ; sa superbe frappe tendue dans les arrêts de jeu, qui a secoué le gardien Didier Ebang Ovono, en est une illustration parfaite. Cette défaite doit interpeller les joueurs et surtout le sélectionneur national afin qu’ils tirent les enseignements pour le match retour du 15 octobre, de même que pour les prochaines échéances.
Antoine BATTIONO (Envoyé spécial)
ENCADRE 1
La composition des équipes
Les Panthères
Didier Ebang Ovono – Yrondu Musavu King ; Bruno Ecuelé Manga ; Johan Serge Obiang ; Lloyd Palun – Didier Ibrahim Ndong ; Levy Clément Madinda (77e mn, Samson Mbingui) ; André Biyogho Poko – Pierre Emerick Aubameyang (89e mn, Henri Junior Ndong) ; Malik Evouna (86e mn, Guelor Kanga Kaku) ; Frédéric Bulot Wagha.
Entraîneur : Jorge Paulo Costa
Les Etalons
Moussa Germain Sanou – Mohamed Koffi ; Narcisse Bambara ; Bakary Koné ; Steve Farid Yago – Charles Kaboré ; Florent Rouamba ; Abdou Razack Traoré (75e mn, Bertrand Isidore Traoré) – Jonathan Sundy Zongo ; Préjuce Nakoulma (75e mn, Issiaka Ouédraogo) ; Aristide Bancé.
Entraîneur : Paul Put
ENCADRE 2
Des échos de Libreville
- On a quelque peu frôlé l’incident diplomatique à Libreville. En effet, à l’arrivée de la délégation burkinabè, des jeunes de la diaspora burkinabè du Gabon sont venus nombreux réserver un vibrant accueil aux joueurs. A peine le cortège de ces derniers a pris la route de l’hôtel que des jeunes ont interpellé les journalistes qui étaient encore sur place, pour leur faire savoir que quatre des leurs sont retenus par la gendarmerie de l’aéroport Léon Mba. Alors que nous cherchions à comprendre ce qui se passait, des jeunes criaient leur ras-le-bol, tout en demandant à être tous interpellés comme les autres. A l’issue de quelques brouhahas, les détenus de quelques moments ont été libérés et certains confrères gabonais de nous faire comprendre qu’il y a toujours des gens zélés à Libreville, pour gâcher ce qui commence à être beau.
- Les confrères de l’Association des journalistes sportifs du Gabon ont invité leurs confrères du Burkina à prendre un pot d’amitié. Malheureusement, les journalistes burkinabè n’ont pas pu honorer cette invitation, tout simplement parce qu’elle était placée dans la soirée, après le dernier entraînement des Etalons, le vendredi 10 octobre. La raison est que certains devaient travailler à envoyer leurs éléments d’avant-match et que d’autres avaient aussi des engagements à respecter. Mais ce n’est que partie remise après bien évidemment des excuses.
- Les organisateurs du match Gabon – Burkina ont été formidables à plusieurs niveaux. En effet, les journalistes venus du Burkina avaient leurs accréditations déjà confectionnées avant leur arrivée. Des guides pour les orienter partout dans le stade étaient à tout moment disponibles pour leur faciliter la tâche. Il faut également relever que la salle de conférences de presse au stade est bien équipée. Les journalistes et autres techniciens n’ont pas le droit de se placer en face des conférenciers, près de la table, comme on le voit régulièrement ici au Burkina où c’est une vraie pagaille voire une indiscipline bien organisée.
- Alors que les journalistes attendaient impatiemment dans la salle pour la conférence d’après-match, un des membres du comité d’organisation annonce au micro que la délégation burkinabè refuse de se présenter, est en train de regagner son hôtel et qu’on se contenterait de celle gabonaise. C’est après que nous avons, par la voix du sélectionneur national Paul Put, su que c’est le chargé de communication de la FBF qui a dit que ce n’était pas la peine d’y aller, parce qu’il (le chargé de communication) ne pouvait y avoir accès. Paul Put a confié qu’il ne refuse pas de répondre aux questions de la presse même quand le résultat n’est pas bon. Interrogé, Gabriel Barrois a confirmé les dires du coach et cela était dû au fait, dit-il, qu’il y avait un chiffre qui manquait sur son badge et les organisateurs avaient fait la promesse d’y remédier mais sans succès. C’est ainsi qu’il a pris cette décision parce qu’il ne pouvait pas accompagner l’entraîneur.
- Des frayeurs, les passagers des avions en ont toujours et cela n’a pas manqué lors du vol spécial aller et retour Ouaga – Libreville – Ouaga. Ainsi, les zones de turbulences n’ont pas manqué et étaient un peu plus fortes au retour. Qu’elles le soient ou pas, on a vu que ce n’est pas tout le monde qui joue au dur. A chaque fois que l’avion a tangué, basculé de droite à gauche, certains comme le capitaine Charles Kaboré ou Aristide Bancé ne supportaient pas trop les secousses et se plaignaient en disant, entre autres : « C’est quoi ça ? », ou encore « je n’aime pas ça ».
ENCADRE 3
Quelques propos d’après-match
Colonel Yacouba Ouédraogo (ministre des Sports et des loisirs)
« C’est avec tristesse que nous avons vu les Etalons évoluer puisque nous ne nous attendions pas à ce score. Il nous appartient de nous remettre en cause, parce que nous avons toujours cru que les Etalons sont au-dessus du lot et face au Gabon, il nous a été démontré que nous devons continuer à travailler. Il nous reste trois matchs et rien n’est encore perdu. Pour le match retour, nous disons aux Etalons que la prime est doublée parce que celle de Libreville reste en jeu. Nous saisissons l’occasion pour inviter les Burkinabè à sortir massivement pour pousser l’équipe nationale à la victoire. Au-delà de tout cela, il faut reconnaître que le Gabon a bien joué ».
Colonel Sita Sangaré (président de la FBF)
« Nous avons véritablement souffert pendant le match où nous n’avons pas reconnu nos Etalons. Ce fut une surprise pour nous, puisque nous avons suivi toutes les étapes de la préparation où il y avait une très bonne ambiance avec des joueurs très déterminés. Mais, qu’est-ce qui n’a pas marché ? A ce sujet, les joueurs se sont parlé. Nous espérons qu’ils vont vite rebondir très positivement ce 15 octobre. Lorsqu’on perd, cela n’a pas une grande importance mais, c’est dans la manière et en football, il faut s’attendre à ce que ça ne marche pas un jour. Il y avait de l’envie chez certains, mais nous avons constaté des défaillances au niveau défensif où c’était notre point fort. Je pense que les uns et les autres ont pu tirer les enseignements. »
Paul Put (entraîneur des Etalons)
« Nous ne sommes pas bien entrés dans le match où c’est le Gabon qui a mis la pression et nous n’avons pas eu la réponse en perdant beaucoup de ballons. Lorsque nous avons marqué le but refusé alors qu’il était bien valable, nous sommes entrés un tout petit peu dans le match, sans forcément dire que nous avons bien joué mais, en l’équilibrant quelque peu. Au cours de la première partie, ce n’est pas le Gabon qui était dangereux, mais c’est parce qu’il a eu beaucoup plus la possession du ballon. Je n’étais pas aussi content de l’arbitrage qui a signalé sept hors-jeu en première période, sans dire que tout était faux. Nous ne cherchons pas des excuses. Cette défaite peut jouer sur le mental des joueurs, mais nous avons un match à domicile en espérant que le public viendra nombreux soutenir son équipe. Nous devons continuer à motiver les garçons, parce que ce n’est pas la fin du monde. Par rapport à Jonathan Pitroïpa qui n’a pas joué, il faut souligner qu’il est arrivé mercredi soir (NDLR : la veille du départ pour Libreville) et il ne s’est pas entraîné. Il a fait un entraînement individuel le jeudi, puisqu’il avait mal aux deux chevilles suite au voyage et aux matchs joués. Nous avons fait des traitements et je lui ai demandé si ça pouvait aller. Jonathan Pitroïpa m’a dit que ça ne va pas. Je ne voulais pas prendre de risque, puisqu’il y a le match retour et c’est le même cas avec Djakaridja Koné qui est aussi important pour notre équipe. »
Charles Kaboré (capitaine des Etalons)
« Nous savions que ce serait difficile parce qu’il n’y a pas de match facile. L’arbitrage n’était pas équilibré, mais je ne vais pas tout mettre sur son compte puisque nous avons aussi commis des erreurs. Cela va nous servir de leçon d’avoir perdu à Libreville. Nous nous disions que nous étions imbattables alors que personne ne l’est en football. Il faut donc travailler pour obtenir les trois points à Ouagadougou et nous sommes tous conscients que nous devons faire un bon match et gagner au Burkina. Nous espérons être dans notre bon jour et que les blessés vont revenir. »
Aristide Bancé (attaquant des Etalons)
« Le match a été difficile et nous avons beaucoup subi pendant les vingt-cinq premières minutes. Nous avons pu nous repositionner en marquant un but qui a été refusé par l’arbitre alors que s’il était accordé, cela changerait les choses. C’est le football qui est ainsi et nous devons vite oublier cette défaite pour mieux nous concentrer sur le match retour où nous devons empocher les trois points pour nous repositionner. L’une de nos failles a été le fait que nous perdions trop de ballons et étions obligés de courir. »
Jorge Paulo Costa (entraîneur des Panthères)
« Nous avons fait un bon match comme ce fut les cas face à l’Angola et au Lesotho et cela me réjouit. Je pense que nous allons nous améliorer au fil des matchs. Par rapport à l’adversaire, je ne saurai donner mon point de vue. Mon problème, c’est l’équipe du Gabon. »
Pierre Emerick Aubameyang (capitaine des Panthères)
« A chaque fois que je viens en équipe nationale, c’est avec le cœur. Jamais de retenue et des fois ça marche. L’important pour moi, c’est de donner le maximum tout en espérant que ça va continuer à bien se passer. Nous avons un bon groupe avec de très bons jeunes qui forment une superbe génération qui a fait de bons matchs depuis le début des éliminatoires. Nous devons en profiter. »
Propos recueillis à Libreville par A.B