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ENIEME ATTAQUE MEURTRIERE AU BURKINA


Week-end noir que celui du 12 au 14 novembre 2021 au Burkina Faso où des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) sont encore tombés sous les balles des terroristes. En effet, à peine les Burkinabè ne s’étaient-ils pas encore remis de la mauvaise nouvelle de la perte cruelle d’une demi-douzaine de policiers, le 12 novembre dernier, sur l’axe Dori-Essakane, qu’ils  apprenaient, deux jours plus tard, l’attaque du camp de gendarmerie d’Inata, dans la même région du Nord, par les forces du mal. Le premier bilan provisoire fait état d’une vingtaine de morts dont un civil. Mais de nombreux gendarmes manquent toujours  à l’appel.  Des attaques qui interviennent un peu moins de trois mois après celle intervenue dans la même région sur l’axe Arbinda-Gorgadji, ayant fait près de 82 morts dont 65 civils. En attendant d’en savoir davantage sur les circonstances exactes de cette énième attaque, la douleur est vive et les Burkinabè s’interrogent. Qu’est-ce qui ne marche pas pour que nous continuions à subir d’aussi grandes pertes au sein de nos Forces de défense et de sécurité ? Comment mettre fin à la spirale meurtrière ? Comment arrêter l’hécatombe ?

 

Il est peut-être temps de se poser courageusement les bonnes questions pour en chercher les bonnes réponses

 

Des questions d’autant plus lancinantes qu’il se dit que le tiers du budget est actuellement consacré aux questions de défense, preuve que des efforts sont faits pour relever le niveau de nos combattants en termes d’équipements, de formation et tout ce qui est censé maintenir le moral de la troupe. Mais si malgré tout, nous continuons de subir de grandes pertes face à l’ennemi qui semble s’adapter à la situation au point de donner le sentiment d’avoir toujours une longueur d’avance, il est peut-être temps de se poser courageusement les bonnes questions pour en chercher les bonnes réponses.  Car, l’on ne saurait mettre en doute la vaillance de nos soldats qui, en six ans de combats acharnés et sans répit sur plusieurs fronts dans le pays, ont déjà beaucoup appris de cette guerre asymétrique que nous impose l’ennemi.  Et plus d’une fois, leur engagement au combat et leur sens du sacrifice nous ont valu la satisfaction de voir le pays continuer à rester debout. C’est pourquoi de telles pertes au sein des forces de défense et de sécurité sont douloureusement ressenties par le peuple burkinabè qui ne manque pas de s’interroger. Où est-ce que le bât blesse ? Est-ce une question d’organisation, de renseignement, de fonctionnement dans la chaîne de commandement, de motivation de la troupe ou que savons-nous encore ? Autant de questions qui nous renvoient tous à nos responsabilités individuelles et collectives face à un ennemi qui frappe sans distinction de religion ni d’obédience politique. C’est dire si dans ce combat contre l’hydre terroriste, nous avons tous une part de responsabilité devant l’histoire, face à un ennemi ondoyant. A commencer par les premières autorités du pays et tous ceux qui sont à des postes de hautes responsabilités.

 

 

Le plus important est de savoir tirer leçon de ces drames à répétition et travailler à inverser la courbe de la peur

 

 Ils doivent pouvoir faire leur autocritique et trouver des réponses adéquates aux nombreux questionnements du peuple qui ne demande qu’à comprendre et à être rassuré.  D’autant qu’à un moment donné, bien des Burkinabè n’étaient pas loin de voir dans la multiplication des attaques contre les pauvres populations civiles sans défense, la preuve de la montée en puissance de nos FDS dont les camps pouvaient passer pour des forteresses inexpugnables pour l’ennemi.   Pourquoi alors cette sorte de  retour en arrière pour ainsi dire, au moment où nos troupes étaient censées passer de la réaction à l’action en prenant l’initiative de la traque de l’ennemi sur le terrain ? Pourquoi l’histoire semble-t-elle se répéter ? Autant de questionnements qui appellent non seulement à des réponses urgentes, mais surtout  à des actions vigoureuses sur le terrain. Quitte à secouer énergiquement le cocotier.  Cela passe non seulement par un réarmement moral au niveau des dirigeants et des FDS, mais aussi de l’ensemble du peuple burkinabè qui ne doit pas flancher dans sa résilience. A côté de cela, la nécessité de mieux adapter la stratégie militaire et de prendre en compte les fondamentaux moraux et psychologiques de la troupe, semble se poser comme un impératif à côté du comportement de certains dirigeants qui est perçu, à tort ou à raison, par certains de leurs compatriotes, comme relevant de la pure insouciance. Autrement, les mêmes causes risquent de produire encore et toujours les mêmes effets et nous n’aurons que nos yeux pour pleurer nos morts, malgré les changements d’hommes. Ce qui n’est pas le souhait des patriotes burkinabè qui ne rêvent que de voir leur armée donner la réplique qu’il faut à ces criminels sans foi ni loi qui troublent le sommeil des populations dans le Nord et dans  l’Est, et de plus en plus dans l’Ouest et le Sud du pays.   En tout état de cause, l’heure ne doit pas être aux accusations mutuelles. Le plus important est de savoir tirer leçon de ces drames à répétition et travailler à inverser la courbe de la peur. C’est le lieu de demander à la classe politique de taire ses divergences et de conjuguer les intelligences pour faire front commun face à l’ennemi. Car, c’est le sort de la Nation tout entière qui est ici en jeu.

 

 « Le Pays »

 

 


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