HomeA la uneENQUETE SUR LA LIBERATION DES OTAGES D’ARLIT ET PROCES DE L’AFFAIRE DES BEBES AU NIGER : Une coïncidence troublante

ENQUETE SUR LA LIBERATION DES OTAGES D’ARLIT ET PROCES DE L’AFFAIRE DES BEBES AU NIGER : Une coïncidence troublante


L’opposition politique nigérienne réclame une enquête parlementaire internationale sur la libération des otages français d’Arlit, en 2013. En effet, la libération des ces otages français pris sur le site d’uranium d’Arlit, fait grand bruit actuellement. On a en mémoire qu’après cette libération, des journalistes de Radio France internationale, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été enlevés et assassinés au Nord-Mali, dans des conditions non encore élucidées. Il se susurre qu’il y a un lien entre cet acte barbare et la libération desdits otages. Les parents et proches des victimes ont le droit de savoir la vérité. Interrogés sur les conditions de cette libération, les négociateurs ne tiennent pas tous le même langage. C’est dire qu’il y a du flou et que les proches des victimes sont dans leur bon droit de demander que des éclaircissements soient apportés par les autorités françaises sur cette affaire.

Une enquête pourrait mettre à nu un énorme mensonge d’Etat

Pour ce qui est du Niger, on pourrait s’interroger sur la pertinence de l’exigence par l’opposition d’une enquête indépendante sur cette affaire. Certes, il est vrai que ces otages ont été détenus au Nord-Mali après leur enlèvement. Mais, c’est sur le territoire nigérien que le rapt a eu lieu et les autorités nigériennes ont joué un rôle important dans les tractations qui ont abouti à leur libération. De ce fait, l’opposition est bien fondée à demander quel a été le rôle de l’Etat nigérien à travers les négociateurs mandatés et les services de renseignement notamment, dans ces négociations. Surtout qu’il est question de rançon dont la gestion aurait mécontenté les ravisseurs. Un tel mécontentement, s’il est avéré, aurait bel et bien pu entraîner des actions de représailles ou des assassinats. Il est donc important que les rôles et responsabilités des uns et des autres soient situés de façon impartiale. Les autorités nigériennes et françaises ont tout intérêt à lever les zones d’ombre autant que faire se peut, sur cette affaire qui provoque des vagues. Seulement, il n’est pas évident que cette demande d’enquête indépendante ait un écho favorable auprès des autorités. Comme on le sait, la lutte contre le terrorisme relève quasiment du secret-défense dans la quasi-totalité des Etats. La France a toujours nié avoir versé des rançons. Dans une telle situation, une enquête pourrait mettre à nu un énorme mensonge d’Etat, avec tous les réseaux entretenus à cet effet. De telles conclusions seraient un séisme qui aurait peut-être des effets positifs en termes de sanctions des actes des gouvernants par les gouvernés. Mais, de telles vérités, si elles venaient à éclater, ne compliqueraient pas moins la lutte contre le terrorisme. Les choses pourraient ainsi se corser pour les otages encore détenus et pour d’éventuels individus qui viendraient à faire les frais de rapt dans le futur, vu qu’aucune autorité n’oserait encore se « mouiller » pour obtenir leur libération. Il y a donc des risques qui ne facilitent certainement pas le grand déballage. Mais, il serait bien d’apporter au moins une preuve que les choses ont été faites avec, ne serait-ce qu’un minimum d’éthique. Il n’est pas exclu aussi que cette requête de l’opposition ait d’autres visées que l’éclatement de la vérité sur la libération de ces otages d’Arlit. Même s’il a été ajourné dès son ouverture, le procès en appel sur l’affaire dite de trafic de bébés du Nigeria était en vue, quand cette demande d’enquête a été portée à la connaissance du public. Comme on le sait, l’affaire de trafic présumé de bébés a fait des gorges chaudes et s’est même invitée dans les débats politiques. En effet, Hama Amadou, candidat au second tour, était dans le viseur de la Justice pour cette affaire. Le fait que ce soit son parti qui réclame l’enquête et que sa sortie intervient en ce moment précis, n’est pas sans soulever des interrogations. En tout cas, c’est une coïncidence troublante. Pourquoi le Moden Lumana n’a-t-il pas revendiqué la lumière un peu plus tôt sur les conditions qui ont entouré la libération des otages d’Arlit, surtout sur le rôle joué par les autorités nigériennes ? Peut-être qu’il n’avait pas, au moment des faits, les mêmes raisons qu’aujourd’hui, de soupçonner les autorités d’avoir merdé dans ces négociations. Seulement, en le faisant maintenant, au moment où pointe à l’horizon un procès relatif à une affaire dans laquelle son premier responsable est indexé, le parti de Hama Amadou court le risque d’être accusé de n’avoir pas des intentions saines.

Cette quête de lumière peut être franche, mais elle peut aussi bien cacher des intentions inavouées

Il est vrai que cette demande, en ce moment précis, peut relever d’une stratégie politique. Il peut s’agir pour le parti de Hama Amadou, de mettre la pression sur le pouvoir en vue de glaner quelques avantages. Non seulement, c’est une occasion pour ce parti et ses responsables de se rappeler au bon souvenir de l’opinion nigérienne, mais aussi cela n’est pas inutile quand on sait que l’exil forcé de leur champion ne milite pas en faveur de la consolidation du parti. Dans ces conditions, la deuxième place occupée par le parti lors de la dernière présidentielle pourrait ne pas résister à une montée en force d’un autre parti de l’opposition. D’où la nécessité de revenir, d’une manière ou d’une autre, au-devant de la scène et d’arracher au passage quelques faveurs du régime, gêné aux entournures par la polémique qui enfle. Il peut également s’agir, pour le parti de Hama Amadou, de faire dans la diversion. En effet, quoique ce dernier ait échappé à un jugement au pénal, l’affaire de trafic présumé de bébés reste gênante pour le Moden Lumana et notamment son leader. Ainsi, soulever un autre problème de cette importance qu’est la nécessité de la transparence dans les actions des autorités du pays en ce moment précis, peut être un moyen d’éviter de braquer l’opinion sur ce procès. Cela peut donc être un moyen de détourner l’attention des Nigériens sur autre chose que ce procès gênant pour l’ancien président de l’Assemblée nationale. C’est dire que cette quête de lumière peut être franche en soi. Ce qui serait bien louable. Mais qu’elle peut aussi bien cacher des intentions inavouées et inavouables.

« Le Pays »


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