ENQUETE SUR LE DRAME DE MOURA : La difficile équation de la Minusma
Plus de 200 djihadistes tués, une cinquantaine d’interpellations. C’est en effet le bilan officiel de l’opération militaire malienne menée le 26 mars dernier sur le village de Moura situé au centre du Mali. Cette action fait l’objet en ce moment de nombreuses allégations de violences commises par les soldats maliens et leurs supplétifs russes contre les populations de Moura. Si les luttes anti terroristes menées par les Fama sont à saluer et encourager, il faut cependant noter que celle de Moura suscite aujourd’hui bien des commentaires, des interrogations. Ceux qui ont été tués à Moura étaient- ils vraiment des djihadistes ? Pourquoi retrouve-t-on alors parmi les victimes, des populations civiles ? On comprend bien que suite au départ de la force Barkhane, l’armée malienne et ses supplétifs russes, assaillis de toutes parts, veuillent reprendre les choses en mains, à savoir mener la lutte pour la reconquête des territoires sous emprise terroriste. Cependant, est-ce la bonne méthode pour traquer les djihadistes ? Force est de constater aujourd’hui qu’au-delà de cette traque contre les prétendus djihadistes à Moura, on dénombre plusieurs victimes du côté des populations qui, selon les témoignages recueillis, n’ont rien à voir avec les terroristes. Les Forces armées maliennes, aux lendemains de cette opération, sont accusées et depuis lors, c’est une levée de boucliers de la communauté internationale, des défenseurs des droits de l’Homme maliens et mêmes au-delà du Mali, qui exigent qu’une enquête indépendante soit ouverte afin d’élucider cette situation et situer les responsabilités. La réaction de l’Armée malienne ne s’est pas fait attendre, celle-ci a affirmé avoir ouvert une enquête systématique en cas d’allégation d’exactions portées contre ses soldats.
Une chose est de vouloir bien mener cette enquête de Moura, et une autre est d’avoir les moyens pour y parvenir
Sans mettre en doute la bonne foi de ces autorités maliennes qui décident de mettre en place une commission d’enquête indépendante afin d’apporter une réponse appropriée aux accusations qui lui sont faites, il serait cependant bien intéressant que cette commission d’enquête telle que souhaitée et voulue par ces autorités, ait en son sein des défenseurs des droits humains maliens et internationaux. Cette accusation portée contre l’armée malienne est la deuxième du genre en l’espace d’un mois. Rappelons-nous des opérations menées par les FAMa le mois dernier contre des populations mauritaniennes au Nord du Mali, qui se sont soldées par plusieurs centaines de morts. Cette situation a même failli mettre à mal les relations diplomatiques entre le Mali et la Mauritanie. Aujourd’hui, les choses semblent rentrées dans l’ordre grâce aux médiations et à l’implication de certains Etats de la sous-région. Une commission d’enquête mixte a été mise en place par les deux Etats afin de situer les responsabilités. Pourquoi ne pas mettre en place une commission internationale sous la supervision de l’ONU qui se chargera de mener l’enquête sur le cas de Moura afin que la vérité éclate au grand jour ? Les autorités maliennes qui, on le suppose, n’ont rien à cacher, devraient accepter les bons offices de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) qui souhaite mener une enquête. Les autorités maliennes devraient encourager une telle initiative en se mettant à la disposition de ceux chargés de mener l’enquête. Les autorités politiques et militaires maliennes accepteront-elles de donner leur feu vert à la Minusma ? Rien n’est moins sûr car on voit mal les autorités politiques et militaires courir le risque d’offrir sur un plateau d’or leurs troupes à la Minusma pour qu’éclate la vérité sur les exactions à Moura. D’où la difficile équation de la Minusma. Rappelons, pour toutes fins utiles, que par le passé, la Minusma avait pu enquêter sur de nombreuses allégations d’exactions commises par les Forces maliennes ou françaises, comme à Bounty il y a un peu plus d’un an. Le rapport onusien s’était montré en son temps accablant pour la force Barkhane. Mais l’arrivée de supplétifs russes aux côtés des soldats maliens et le secret entretenu par Bamako autour de leurs activités ont considérablement limité l’accès à certaines informations et à certaines zones. On retient cependant qu’une chose est de vouloir bien mener cette enquête de Moura, et une autre est d’avoir les moyens pour y parvenir. La Munisma, malgré ses bons offices, aura-t-elle les armes pour bien mener ses enquêtes ? Attendons de voir.
Ben Issa TRAORE
Abatidan Nassara
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Bonsoir. Que pourrons-nous vraiment attendre de cette enquête souhaitée par la communauté internationale si déjà les USA, La France et Amnestiy international, dans leurs communiqués ont déjà conclu des sources ont confirmé que les exactions ont été faites sur des civils et non des terroristes? Ça veut dire que les conclusions de l’enquête sont déjà connus avant une éventuelle ordonnance. Alors qui va accepter de se faire mettre le doigt dans l’œil ?
5 avril 2022Bani
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Mr Traoré, dites leur d’aller enquêter en Ukraine. Ils vont se fatiguer et laisser le Mali poursuivre les jihadist, car ils ont échoué. Ils ont la gueule et veulent ternir l’image du Mali. Les jihadist ne sont pas des militaires, ce sont des civils armés.
5 avril 2022etonné
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Pour être sur il faut accepter l’enquête ..
Cette enquête pourrait faire que on soit assuré que jamais des civils ne seront victimes , car les militaires seront prudents
10 avril 2022