ENTREE DE JOSEPHINE BEKER AU PANTHEON
L’artiste franco-américaine et figure de la lutte pour l’égalité, Joséphine Beker, est entrée au Panthéon le 30 novembre dernier. Le président français Emanuel Macron l’avait d’ailleurs annoncé le 21 juillet dernier. Mais en réalité, la pétition pour l’inscription de la chanteuse noire au panthéon français, avait été initiée en 2019 par le romancier Pascal Bruckner, le chanteur Laurent Voulzy, l’entrepreneure Jennifer Guesdon, l’essayiste Laurent Kupferman et Brian Bouillon-Baker, l’un des fils adoptifs de la désormais « immortelle ». Mais qui vient de faire son entrée officielle sur la liste des grands Hommes ? Née dans une Amérique ségrégationniste et dans des conditions pour le moins précaires, Joséphine Baker deviendra l’une des figures de la résistance pour la France libre sous l’occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Elle est également un symbole de la défense des droits civiques, de l’égalité entre les peuples et de la lutte pour l’émancipation féminine. En 1963, elle a participé à la grande marche de Washington aux côtés de Martin Luther King. Il faut donc se féliciter de cette décision du locataire du palais de l’Elysée, qui fait de Joséphine Baker la première femme noire à figurer dans le Panthéon français.
Faute d’inscrire tous les tirailleurs, la France aurait pu prendre des mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de vie ou celles de leurs ayants droit
La décision est d’autant plus à saluer qu’elle a une forte valeur symbolique car, comme le dit l’un des auteurs de la pétition pour l’inscription de Joséphine Baker, Laurent Kupferman, « elle est la preuve que dans la République française, tout est possible. Que l’égalité des chances, ça existe. Et qu’à côté des droits, on a aussi des devoirs ». Mais comme dit l’Homme de la rue au Burkina Faso, « c’est bon mais ce n’est pas arrivé. » Reconnaissance pour reconnaissance, la France, faute d’inscrire tous les tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France pendant les deux guerres mondiales, aurait pu prendre des mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de vie ou celles de leurs ayants droit. Mais gageons que cela n’est qu’un début et que la reconnaissance de la nation française à ces combattants africains qui ont constitué la France libre lorsque le territoire métropolitain était sous occupation allemande, ne va guère plus tarder. Ce ne serait, en tout cas, que justice. Car, la sueur des Noirs pendant la traite négrière et pendant la colonisation, a fait de la France ce qu’elle est aujourd’hui. A défaut d’un plan Marshall pour l’Afrique pour faire preuve de gratitude et de mémoire envers le continent, la France et au-delà tout l’Occident, devrait déjà commencer par mettre fin aux liens néocoloniaux qui continuent de maintenir des milliers de Noirs dans la servitude.
« Le Pays »