ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT PRIVE AU BURKINA : Le règne des pirates et des mercenaires
La semaine dernière, j’étais assis devant un restaurant dans l’espoir d’obtenir quelques morceaux de pain et de viande, qu’auraient laissés des clients nantis, pour mon repas de midi. Et pendant que je lorgnais un plat bien garni devant deux hommes, j’ai ouï dire que la rentrée administrative pour l’année scolaire 2016-2017, a eu lieu le 15 septembre dernier. Et ce n’est pas tout : l’un des deux hommes demandait à l’autre de lui louer son magasin pour qu’il en fasse une salle de classe. Là, je suis tombé des nues. J’ai vite réalisé que certains établissements scolaires qui poussent comme des champignons à la veille de la rentrée scolaire, ne sont ouverts ni dans les règles de l’art, ni sous le contrôle de l’Etat. Et Dieu seul sait combien de célibateriums, de villas et autres duplex ont été transformés à Ouagadougou, en établissements d’enseignement général ou technique. Quelle qualité d’enseignement peut-on espérer au sein de tels établissements? N’est-ce pas dans ces établissements fantômes que l’on recrute des enseignants mercenaires, c’est-à-dire, sans aucune qualification? L’on ne devrait pas être étonné, aujourd’hui, de la baisse du niveau des élèves. Ne dit-on pas que qui sème le vent récolte la tempête? Certains diront que je suis fou, mais il y a une vérité qu’il faut bien dire, le milieu des établissements d’enseignements privé est un véritable règne de pirates et de mercenaires, sinon de braconniers. Certes, ce serait un péché pour moi de jeter l’anathème sur tous les établissements d’enseignement privé. Car, il faut bien reconnaître que certains prennent au sérieux leur sacerdoce. Mais bien des promoteurs d’écoles ne font, en réalité, que sacrifier l’avenir des enfants sur l’autel de leurs intérêts, surtout financiers. La qualité de l’enseignement est le dernier de leurs soucis. Seul compte, pour eux, l’argent. C’est pourquoi je conseille à l’Etat d’ouvrir l’œil et le bon. Il a d’autant plus intérêt à le faire qu’il est en partie responsable de cette situation. Non seulement, il n’ouvre pas suffisamment d’établissements scolaires, ne contrôle pas rigoureusement tous les établissements d’enseignement privé, mais pire, il n’inflige pas de sanctions exemplaires aux fautifs. Il est évident que si l’Etat jouait correctement son rôle en la matière, on ne verrait pas 50% d’établissements d’enseignement privé, notamment du primaire, exercer dans l’illégalité dans la capitale. Quid des parents d’élèves? Ils ont, et il faut bien le dire, une part de responsabilité dans les travers que l’on constate au sein des établissements d’enseignement privé.
Chacun devrait faire attention
En effet, nombreux sont les parents d’élèves qui se lancent, à la dernière minute, à la recherche de places pour leurs enfants. Acculés donc par le temps, ils ne sont plus lucides : leur première préoccupation, c’est de trouver une place dans un établissement, peu importe la qualité et les conditions dans lesquelles l’enfant étudiera. Pour des raisons de distance, certains parents cherchent l’établissement le plus proche, sans chercher à savoir s’il dispose d’un agrément de l’Etat pour enseigner. En réalité, tout se passe comme si certains parents cherchaient à se débarrasser de leurs progénitures. La mission des parents ne doit pas se limiter à l’obtention de la place ni au paiement des frais de scolarité. Une fois cette mission accomplie, il faut prendre la peine de se rendre à l’école pour vérifier si l’enfant y est et suit régulièrement les cours. Or, c’est seulement lorsque certains reçoivent le bulletin en fin d’année et constatent avec tristesse que leur enfant est renvoyé pour insuffisance de résultats, qu’ils cherchent à connaître le nom du directeur ou du proviseur de son établissement. Et quand un parent d’élève se comporte ainsi, certains promoteurs ne peuvent que profiter de leur démission. En tout cas, ils sont nombreux ces promoteurs d’établissements pirates, qui font fortune sur le dos des parents d’élèves imprudents. La rentrée scolaire 2016-2017 étant imminente, chacun devrait faire attention aux établissements pirates. Un homme prévenu en vaut deux, dit-on. Pour ce qui me concerne, je crois être à l’abri car, personne, je peux jurer la main sur le cœur, ne m’a et ne me confiera son enfant pour être scolarisé, même si je serais ravi de lui apprendre comment gagner sa pitance quotidienne, rien qu’en sillonnant les maquis et autres restaurants de la ville.
« Le Fou »