HomeOmbre et lumièreETAT DE DEGRADATION DES OUVRAGES HYDRAULIQUES AU BURKINA : C’est le sérieux qui manque le plus

ETAT DE DEGRADATION DES OUVRAGES HYDRAULIQUES AU BURKINA : C’est le sérieux qui manque le plus


Au lendemain de l’indépendance à nos jours, l’Etat burkinabè s’est beaucoup investi dans la réalisation des ouvrages hydrauliques à travers le pays. De ce fait, toutes les provinces pratiquement en disposent aujourd’hui pour le grand bien des populations. Les statistiques officielles font état d’un millier d’ouvrages hydrauliques, barrages et retenues d’eau confondus. C’est dire que très tôt, les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays, ont pris la juste mesure de ce que représentent ces ouvrages pour les populations, urbaines comme rurales, en termes de productions de contre-saison, de pêche et d’alimentation en eau pour les ménages et le bétail. Cet effort et cette vision peuvent être salués. Car, sans ces réalisations, les Burkinabè en général et les populations des zones rurales en particulier, auraient été exposées davantage à l’oisiveté, à l’insécurité alimentaire et à la misère. Mais là où le bât blesse, c’est que bien de ces ouvrages sont aujourd’hui dans un état de dégradation avancé. Certains ont même déjà cédé sous l’effet de l’érosion et des fortes pluies. Et d’autres, peut-on dire, sont inscrits à l’article de la mort. Tout cela se passe sous les yeux du gouvernement qui donne parfois l’impression de ne pas s’en préoccuper comme il le faut. Dans cette situation, les principales victimes que sont les populations bénéficiaires, ne savent plus à qui se remettre pour ne pas mourir, à la suite de la mort programmée de ces ouvrages. Et les chiffres avancés par les services du ministère en charge de l’Eau, des ouvrages qui sont en dégradation, sont tout simplement de nature à donner le vertige. En effet, sur le millier de barrages et de retenues d’eau dont dispose le pays, 20% d’entre eux sont dans un état problématique. Soit, ce sont les digues qui sont touchées, soit ce sont les déversoirs qui laissent à désirer. Les spécialistes du domaine pointent du doigt, entre autres, la perturbation climatique et son cortège de pluies diluviennes, l’action peu responsable des populations et la mauvaise exécution des travaux par les entreprises qui ont mis en œuvre ces ouvrages. Ils ont, par ailleurs, évoqué le fait que le budget alloué par l’Etat pour l’entretien des ouvrages, est dérisoire. L’on peut dire que le ministère a bien diagnostiqué le mal dont souffrent nos ouvrages hydrauliques.

 

Il est vital et impératif d’agir ici et maintenant pour sauver les ouvrages en souffrance

 

En effet, d’abord, par rapport au phénomène des perturbations climatiques, nul ne peut contester leur impact négatif sur nos ouvrages hydrauliques. Le Burkina Faso n’est pas le seul pays a en subir les conséquences. Même les Etats les plus nantis semblent désarmés face à cela. Ensuite, il y a l’action calamiteuse des populations elles-mêmes sur les ouvrages hydrauliques. Il en résulte un ensablement visible des réalisations hydrauliques et une contamination des eaux qu’elles contiennent, par le biais des substances chimiques utilisées dans le cadre des cultures de contre-saison. A cela, l’on peut ajouter le fait que la culture de l’entretien volontaire et spontané des ouvrages publics, n’est pas toujours la tasse de thé des populations, même quand ces ouvrages, comme c’est le cas des ouvrages hydrauliques, leur permettent d’assurer leur pitance quotidienne. Le reflexe de l’état providence est passé par là.

Enfin, les services du ministère de l’Eau ont évoqué la part de responsabilité des entreprises qui ont exécuté les ouvrages en situation problématique. Ce constat, même s’il est courageux, n’étonne personne. Car les choses sont ainsi faites au Burkina, que pratiquement tous les marchés publics sont mal exécutés. Cela peut s’observer dans la réalisation de bien des infrastructures, qu’elles soient routières, sanitaires, éducatives ou hydrauliques. Ces pratiques criminelles sont rendues possibles à cause de la corruption, des marchés de complaisance accordés à des copains et coquins qui n’ont souvent aucune qualification pour exécuter à bon escient les gros ouvrages. Pour inverser la tendance, l’Etat doit sévir non seulement contre les entrepreneurs indélicats, mais aussi contre ses propres agents qui sont de connivence avec ceux-ci. Et pour peu qu’il y ait un minimum de volonté politique, l’on peut facilement les identifier et leur faire subir la rigueur de la loi. Tant que cela ne sera pas fait, chaque année, l’on constatera les mêmes dégâts au niveau de nos ouvrages hydrauliques. De la même façon, l’Etat ne doit pas manquer de remonter les bretelles aux populations dont les actions mettent en danger nos ouvrages hydrauliques. De ce qui précède, l’on peut affirmer que ce qui est à l’origine de l’état de dégradation des ouvrages hydrauliques, est le manque de sérieux. En attendant que l’Etat se décide à y mettre fin, il est vital et impératif d’agir ici et maintenant pour sauver les ouvrages qui sont en souffrance. Car, chaque barrage  qui cède, enfonce davantage le pays dans la pauvreté. L’enjeu donc en vaut la chandelle.

 

Sidzabada


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