ETUVAGE DE RIZ: OXFAM Burkina met au point du matériel innovant pour alléger les tâches des femmes étuveuses
Oxfam au Burkina Faso en collaboration avec l’IRSAT (Institut de recherche en sciences appliquées et technologies), avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, a mis au point des prototypes de matériel qui annoncent une révolution dans l’étuvage du riz au Burkina. Il s’agit d’un gazogène, d’un four à balles de riz et d’une trieuse qui ont été testés avec des résultats positifs avec les femmes étuveuses de riz de Bagré et de Bama.
C’est sans doute une bouffée d’oxygène pour les femmes étuveuses de riz du Burkina. Avec ce matériel, les femmes pourront, en effet, désormais rêver d’exercer leurs activités loin des flammes, des brûlures et de la fumée et surtout de mettre à la disposition de leur clientèle du riz étuvé de qualité meilleure. C’est du moins, à l’unanimité, leur avis à l’issue des tests effectués sur les sites de Bama et de Bagré où les prototypes ont été accueillis avec satisfaction par les femmes étuveuses, à l’image de Saadia Yemboré, étuveuse de riz depuis près d’une dizaine d’années à Bagré, elle avoue que c’est la première fois qu’elle commence à concevoir sa vie professionnelle sans une exposition aux brûlures et à la fumée. «Je suis très contente du matériel qui a été testé. Il va beaucoup changer nos pratiques professionnelles et partant notre vie entière », relève-t-elle. En effet, de l’avis des bénéficiaires, le nouveau gazogène ne dégage pas de la fumée contrairement au four à balle de riz en usage actuellement dans les centres d’étuvage de riz. Aussi, l’innovation apportée à travers la mise au point d’un gazogène vient soulager davantage les femmes, comme l’a confié Kalizéta Ouédraogo du site de Bama qui se réjouit de pouvoir travailler désormais sans se faire brûler. La nouvelle trieuse a également trouvé un écho favorable auprès des femmes étuveuses. Pour Gando Dabré de Bagré, tout comme bien d’autres dans les deux centres d’étuvage, la trieuse augure des lendemains meilleurs pour la production du riz étuvé de qualité. Elle permet en effet de se débarrasser des impuretés : cailloux, riz mal étuvé, paille…, rien ne passe, avouent les étuveuses des deux sites. Mieux, elle offre également la possibilité de changer de tamis en fonction de l’utilisation que l’on veut en faire, souligne Sawadogo Mariam, présidente de L’Union nationale des femmes étuveuses de riz. Quant au nouveau four à balle de riz mis au point dans le cadre du projet, il s’agit de l’ancien modèle actuellement utilisé dans les centres à la différence que ce modèle est renforcé, ce qui lui permet d’avoir une durée de vie 3 fois supérieure à celle de l’ancien.
Ces outils sont le résultat d’une collaboration fructueuse entre OXFAM au Burkina Faso et la Fondation Bill & Melinda Gates, à travers un projet de recherche sur l’allègement du travail des femmes étuveuses de riz. Ce projet vise essentiellement à renforcer le four à balles de riz pour le rendre plus résistant au feu, à mettre au point une trieuse de riz plus performante et moins coûteuse que celles importées actuellement de la Chine et de régler la combustion des balles de riz de sorte que la fumée dégagée soit moins toxique pour les femmes.
Améliorer les conditions de travail des femmes pour booster la production du riz étuvé
Au-delà de faciliter le travail des femmes étuveuses, ces nouveaux outils vont, sans doute, contribuer à améliorer la santé des femmes et surtout à booster leur rendement, fait remarquer la présidente de l’Union des étuveuses de riz de Bagré, Mariam Nana. Ils vont permettre aux femmes de progresser en quantité et en qualité et surtout de mieux satisfaire les consommateurs du riz étuvé, note-t-elle. Mais pour y parvenir, il faut une vulgarisation conséquente du matériel. C’est pourquoi Oxfam au Burkina envisage équiper dans un premier temps quatre centres d’étuvage de ces nouveaux outils. Il s’agit des centres de Bama, Bagré, Bazon et Douna. Des formations des artisans locaux dans la production de ces outils ont été réalisées durant la période du 17 au 27 octobre pour rendre les produits disponibles et accessibles aux étuveuses qui souhaiteraient les acquérir à titre privé.
Témoignages de quelques bénéficières
Djénéba ZOMBRA, étuveuse depuis 10 ans à Bagré
« Tout le matériel qui nous a été présenté est très bien. Je suis très satisfaite surtout de la trieuse. Ces nouveaux outils nous permettront d’augmenter nos capacités de production et d’améliorer la qualité de nos produits. Avec la trieuse actuelle, il faut vanner avec tout ce que cela comporte comme poussière et le risque que des cailloux et des impuretés restent. Avec ces outils, nous gagnons en qualité et cela va permettre de mieux satisfaire notre clientèle. On pourra assister aussi à une augmentation de la consommation du riz étuvé. »
Juline Sarambé, étuveuse à Bama
« Ce nouveau matériel enlèvera plus d’une épine de nos pieds. Ici à Bama, nous souffrons de la fumée et du feu. Avec ces outils, on sera désormais à l’abri de toute cette souffrance. La trieuse que nous utilisons actuellement joue négativement sur la qualité de nos produits. Ce qui n’est pas le cas pour celle que l’IRSAT est venu tester et qui permet de se débarrasser du maximum d’impuretés. Ces outils nous permettrons d’avoir des produits de qualité et surtout de mieux vendre. »
Mariam Sawadogo, présidente de l’Union nationale des femmes étuveuses de riz.
« A notre avis, le matériel qui a été testé répond à nos attentes. Le gazogène ne dégage pas de la fumée. La trieuse permet d’avoir du riz plus propre et offre également la possibilité de changer de tamis en fonction de l’utilisation que l’on veut en faire. Ces outils nous permettront d’augmenter nos bénéfices car nous dépenserons moins et produirons plus. »
OXFAM Burkina