EVACUATION DE DJIBRILL BASSOLE:Mieux vaut tard que jamais mais…
Enfin ! Ainsi, pourraient s’exclamer les militants et sympathisants du Général Djibrill Bassolé, le Tout-puissant ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, condamné à 10 ans de prison ferme dans l’affaire du coup d’Etat manqué de septembre 2015. En effet, le pensionnaire de la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), au terme de moult tracasseries, a enfin obtenu l’évacuation qu’il demandait depuis un certain temps pour aller se soigner en France. La question que l’on peut, tout de suite, se poser, est la suivante : qu’est-ce qui a enfin pu décider le gouvernement burkinabè qui freinait des quatre fers à autoriser la sortie du territoire du célèbre prisonnier de la MACA ?
A cette question, l’on peut apporter plusieurs réponses qui, du reste, ne se contredisent pas. D’abord, l’image amaigrie du Général Bassolé qui a circulé, ces derniers temps, sur la toile, a suscité une vague d’indignation et d’incompréhensions au sein de l’opinion. A cela, il faut ajouter les pressions multiformes exercées sur le gouvernement aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur et qui appelaient l’Exécutif burkinabè à faire preuve d’humanisme.
On ne peut aujourd’hui que prier et souhaiter à Djibrill Bassolé un prompt rétablissement
Au nombre de ces pressions, sans être exhaustif, l’on pourrait citer celle de l’opposition politique dont le Chef de file, Zéphirin Diabré, qui a même adressé une correspondance au président du Faso ; celle des associations de défense des droits humains ou encore celle de personnalités comme Maître Pacéré Frédéric Titinga. Mais celle qui aurait surtout été déterminante, aux dires de certaines sources, émane de la France.
Mais quelle que soit la force des pressions exercées sur le gouvernement burkinabè, celui-ci n’aurait pas cédé si l’état de la santé du Général n’avait pas atteint un point critique. Djibrill Bassolé souffre d’un cancer du péritoine, un mal très grave. Ce faisant, l’on pourrait se demander si le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré n’a pas agi finalement pour se donner bonne conscience. Car, si l’ex-ministre des Affaires étrangères, on ne le souhaite pas, venait à perdre la vie, ce serait une très mauvaise publicité pour le pouvoir burkinabè. De nombreux Burkinabè en auraient gros sur le cœur car en Afrique, il est connu que lorsque l’on terrasse son adversaire, on ne doit pas s’acharner sur lui.
Cela dit, l’on ne peut aujourd’hui que prier et souhaiter à Djibrill Bassolé un prompt rétablissement. L’on nourrit surtout le voeu qu’il revienne purger sa peine, une fois la guérison retrouvée. Il ferait ainsi mentir tous ses adversaires politiques qui lui prêtent de mauvaises intentions. Mieux, l’on souhaite qu’en retrouvant sa pleine santé, il fasse preuve de patriotisme en renonçant à tout esprit de vengeance. Car, si le Général semble tant redouté par ses anciens camarades qui sont aujourd’hui aux commandes, c’est aussi bien à cause de son carnet d’adresses que de la forte capacité de nuisance qu’on lui prête. Or, le Burkina Faso ressemble aujourd’hui à une ambulance et nul n’est besoin encore de lui tirer dessus.
Les hommes politiques, quand ils sont aux affaires, doivent savoir agir en toute responsabilité
Et c’est en cela que l’on peut comprendre toutes les réticences dont faisaient montre les autorités avant d’accéder à la demande d’évacuation du malade surtout que l’on sait que le Tribunal militaire qui a condamné Bassolé, est une juridiction d’exception. L’on peut donc s’attendre à ce que les décisions qui en sont sorties n’engagent pas la communauté internationale. Tout se passerait alors comme si après quelque temps de captivité dans une cage en fer, l’on avait relâché un fauve blessé en pleine nature. C’est sans nul doute cette éventualité qui a été à l’origine des nombreuses entraves dans l’évacuation sanitaire du malade.
En attendant de connaître l’épilogue de ce feuilleton, ce qui est important, ce sont les leçons à tirer de cette affaire. Et la première de ces leçons vaut autant pour Djibrill Bassolé que pour les dirigeants d’aujourd’hui. Quand on est aux affaires, il faut faire beaucoup attention. Car la roue de l’histoire tourne. Hier tout-puissant, l’on peut se retrouver du jour au lendemain en grande difficulté. Les faucons du régime de Roch Marc Kaboré qui ont tissé le rets pour empêcher le général Bassolé d’aller se faire soigner, doivent prendre conscience qu’ils pourraient bien se retrouver un jour aussi dans une situation similaire. Beaucoup au sein du MPP n’ont pas les mains propres. Et le temps qui est le véritable juge finira, un jour, par leur réclamer des comptes. La seconde leçon qui découle de la première est que les hommes politiques, quand ils sont aux affaires, doivent savoir agir en toute responsabilité car quand viendra le temps des épreuves, ce sont, en dernier ressort, leurs actes qui plaideront leurs causes.
« Le Pays »