EXONERATIONS DES TAXES SUR LA PRODUCTION DE FARINE DE BLE, DE MAIS ET DE SORGHO : Un bol d’oxygène pour les entreprises burkinabè
Le Conseil des ministres, en sa séance hebdomadaire du 19 septembre dernier, a adopté dans le projet de loi-rectificative du budget de l’Etat, une mesure qui vise à exonérer les taxes de production de farine de blé, de maïs, de sorgho et d’autres céréales. Et voilà, sans nul doute, une mesure qui devrait donner le sourire aux acteurs du domaine qui, en plus de supporter les facteurs de production élevés en raison de l’enclavement du pays et de sa dépendance énergétique, doivent faire face à la concurrence des produits importés et à la fraude. C’est donc un bol d’air frais que le gouvernement de la transition apporte au domaine des grands moulins au Burkina Faso. Mais l’on devine assez aisément que le gouvernement ne fait pas un cadeau désintéressé aux acteurs du domaine. La mesure vise, en effet, à accompagner l’industrialisation du pays qui ne peut se faire, efficacement, que sur la base de la transformation des produits locaux. Le gouvernement reste ainsi fidèle à sa dynamique de transformation industrielle du pays déjà bien perceptible à travers de nombreuses autres actions comme, entre autres, la création de l’APEC (Agence de promotion de l’entrepreneuriat communautaire) pour mobiliser à l’interne les capitaux nécessaires au financement de l’industrialisation et la création de nouvelles unités industrielles dans le domaine des mines, du textile, de l’agro-alimentaire, etc.
On devrait assister à un boom de la production agricole
C’est donc l’affirmation d’une politique volontariste qui tend à se démarquer des théories de la libéralisation tous azimuts telles que prônées par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) et qui tendent à interdire les soutiens publics aux entreprises au nom de l’équité des règles de concurrence. Par ailleurs, la décision d’exonération des taxes sur la production de la farine des céréales ne vise pas que le monde industriel. Elle vise aussi, indirectement, le monde rural qu’il a engagé dans la grande offensive de production agro-sylvo-pastorale à l’effet de garantir la souveraineté alimentaire du pays et cela, en passant par la production et la consommation des produits locaux. Logiquement, en amont de la transformation industrielle, l’on devrait donc assister à un boom de la production agricole, dopée par des prix d’achats plus intéressants aux producteurs. Toutefois, la mesure gouvernementale ne peut produire les effets escomptés si elle n’est pas accompagnée de mesures d’incitations à la consommation locale et par un contrôle rigoureux des circuits de ventes des produits visés. En effet, l’on sait que les produits locaux sont victimes non seulement du snobisme de certaines couches sociales mais aussi de la faiblesse du marché intérieur consécutive elle-même de la faiblesse du pouvoir d’achat des populations. Par ailleurs, il faut craindre que des commerçants véreux ne se livrent à l’exportation frauduleuse de ces produits exonérés vers d’autres marchés extérieurs au risque de créer la pénurie à l’interne et créer artificiellement un renchérissement fatal des coûts. C’est en raison donc de tout cela que la mesure d’exonération des taxes sur la production de la farine doit appeler d’autres mesures étatiques. Mais en attendant, il appartient aux acteurs de la transformation de la production locale, bénéficiaires de la décision gouvernementale, de mériter les avantages offerts en mettant des produits de qualité qui répondent aux besoins des populations et à leur pouvoir d’achat mis à mal par la crise sécuritaire.
Sidzabda