HomeA la uneFADA N’GOURMA : Intifada entre pro-Koglwéogo et forces de l’ordre

FADA N’GOURMA : Intifada entre pro-Koglwéogo et forces de l’ordre


Depuis le 11 mars 2016, la cité de Yendabli est sous les feux de la rampe  au sujet de la libération de quelques membres de Koglwéogo incarcérés  à la Maison d’arrêt et de correction de Fada N’Gourma avant d’être transférés à Ouagadougou pour séquestration, tortures et coups et blessures volontaires sur des présumés voleurs. Pas plus tard qu’hier 17 mars 2016, des affrontements ont opposé les pro-Koglwéogo  aux forces de l’ordre dans les artères de la ville. Armés de pierres et de projectiles divers, les manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes. Retour  sur une journée d’intifada.

 

Courses poursuites entre Forces de l’ordre et de sécurité et manifestants, jets de pierres et de gaz lacrymogènes, pneus brûlés, routes barricadées, boutiques et salles de classes fermées, etc. C’est le spectacle qui se laissait voir hier 17 mars 2016, dans  la ville de  Fada N’Gourma. En effet, armés de pierres et de projectiles divers, des centaines de manifestants ont assiégé quelques rues de ladite ville pour exiger la libération des membres de Koglwéogo incarcérés  pour séquestration, tortures et coups et blessures volontaires sur des présumés voleurs. Très tôt  dans la matinée, rien ne présageait une montée aussi rapide de la violence dans la cité de Yendabli. Beaucoup de Fadalais vaquaient à leurs occupations.  Des rumeurs fusaient de partout : « Django a été arrêté hier soir par les Forces de l’ordre et de sécurité, puis déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, avec 13 autres personnes».  La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Et contre toute attente, à partir de 8h, des attroupements commencent à se former au secteur 9 de la ville. « Il faut marcher pacifiquement pour obtenir sa libération sans condition ». De l’autre côté, notamment  à la gendarmerie et au gouvernorat,  des blindés  des Forces de l’ordre et de sécurité prêtes à agir. 9h, le mot d’ordre est lancé et les manifestants commencent à ériger des barrières et à brûler des pneus pour perturber la circulation. Ainsi donc, la situation change avec des affrontements à la limite violentes entres forces de l’ordre et pro-Koglwéogo.  Il n’en fallait pas plus pour réveiller les vieux démons  des manifestants qui avaient déjà réservé un spectacle désolant aux populations  dans la matinée du 16 mars. Après avoir brûlé et barricadé les rues de la ville, certains manifestants  se sont rendus, aux environs de 10h, à la cour royale pour demander au chef coutumier, Kupiendiéli, d’intercéder auprès des autorités administratives locales pour la libération immédiate de Moussa Thiombiono alias Django. Pour se faire entendre, ils ont incendié des pneus devant le palais royal de la cité de Yendabli et il a fallu la prompte réaction des Forces de l’ordre et de sécurité pour les disperser. Joint au téléphone, le commandant de la gendarmerie de Fada, le Lieutenant Boukary Drabo, a confié ceci : « Ce n’est plus une affaire de Koglwéogo. C’est devenu une affaire familiale. Toute la matinée, ils (les manifestants) nous ont lapidés. Nous avons été obligés de réagir. Nous avons enregistré des blessés en notre sein. La veille, nous avons reçu Django et  lui avons dit qu’une marche ne s’organisait pas de la sorte. Mais, il ne nous a pas prêté une oreille attentive. Même ce matin, ils sont allés s’en prendre à la cour royale. Beaucoup de commerçants ont fermé leurs boutiques de peur d’être pillés ».

 

Quid du début de l’histoire ?

 

Tout serait parti d’une enquête de la police judiciaire qui a abouti à l’interpellation et la conduite de 12 personnes au parquet de Fada N’Gourma. De cette enquête, il est ressorti que 10 des 12 personnes étaient membres d’une association d’auto-défense communément appelée Koglwéogo et que les deux autres étaient des personnes suspectées de vol de bétail. Au regard des éléments de l’enquête, les dix personnes  qui conduisaient les présumés voleurs dans une autre localité ont été arrêtées pour enlèvement, séquestration, tortures et coups et blessures volontaires. Pour les deux personnes soupçonnées de vol de bétail, un mandat de dépôt a été décerné contre chacun d’entre eux pour être traduit devant le Tribunal correctionnel. Alors que les deux procédures étaient toujours en cours, le vendredi 11 mars, des individus se déclarant appartenir au même type d’association que les dix personnes écrouées et gardées en prison, ont fait une descente musclée à Fada N’Gourma pour exiger la libération immédiate et sans condition de leurs membres détenus à la Maison d’arrêt et de correction de Fada. Après une journée de moult tractations,  les membres desdites associations se seraient repliés dans  l’après-midi dans leurs localités respectives sans obtenir gain de cause. Qu’à cela ne tienne, le Procureur du Faso a donné des instructions pour rechercher les auteurs et les traduire devant la justice. Le lendemain samedi 12 mars, les Koglwéogo reviennent à la charge. Des négociations s’ouvrent entre leur point focal, Moussa Thiombiano alias Django, et les Forces de sécurité. Injonction est faite par le commandant de la gendarmerie de Fada, le lieutenant Drabo Boukary,  à Django de libérer la ville d’individus  illégalement armés. Une rencontre entre le point focal des Koglwéogo, le gouverneur de la région de l’Est et les commandements de l’armée de ladite région se tient. Les Koglwéogo sont à nouveau sommés de quitter la ville. Point de libération des dix Koglwéogo.  Et le point focal des Koglwéogo, Moussa Thiombiono alias Django, d’expliquer aux autorités administratives qu’il était sous la pression de ses pairs. Alors qu’il était question, ce mercredi 16 mars,  de la libération des Koglwéogo, des échauffourées surviennent entre pro-Koglwéogo et forces de l’ordre, suivies de l’arrestation de Django et de son transfert  avec 13 autres personnes à la MACO.

Aux dernières nouvelles, les députés de la région de l’Est se sont rendus à Fada pour échanger avec les pro-Koglwéogo pour apaiser la situation.

 

Synthèse de Mamouda TANKOANO

 

 


No Comments

Leave A Comment