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FERMETURE DES FRONTIERES DU BURKINA


Depuis l’entrée en vigueur de la fermeture des frontières, des voyageurs en partance pour la Côte d’Ivoire, sont bloqués à Niangoloko. De l’avis de certains citoyens de cette localité, leur quotidien devient de plus en plus précaire et le gouvernement devrait apporter son concours en vue de juguler la situation.

Niangoloko, la ville frontalière entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, a enregistré un flux massif de voyageurs pris dans l’étau des mesures que le gouvernement a instaurées dans le cadre de la lutte contre la maladie à coronavirus. En effet, au nombre de ces mesures figure la fermeture des frontières, qui a trouvé sur place environ 450 passagers de plus de 5 cars. Ceux-ci s’apprêtaient à franchir la frontière pour se rendre en Côte d’Ivoire. Du coup, il leur est devenu difficile de poursuivre leur voyage en République sœur de Côte d’Ivoire, ce pays ayant également fermé ses frontières. Et comme si cela ne suffisait pas, la ville de Banfora qu’ils ont laissée à une cinquantaine de kilomètres derrière eux, est en quarantaine. Ce qui veut dire que sauf autorisation express, ils ne peuvent pas non plus y retourner. Le quotidien de ces voyageurs commence à préoccuper certains habitants de la cité de Santa. Il faut reconnaître avec ceux-ci que ces passagers ont souvent bénéficié de gestes salvateurs de certains philanthropes de Niangoloko qui leur ont apporté de quoi survivre. Cependant, soutiennent-ils, il y en a qui sont réduits à la mendicité. « Ils se déportent de plus en plus en ville pour faire la manche. Leur situation n’est pas du tout enviable », à en croire un habitant de Niangoloko que nous avons joint au téléphone. Rapportant les propos de certains passagers, un autre Niangolokolais indique que la plupart de ces voyageurs entendaient arriver à destination avant de pouvoir payer leurs frais de transport. Ce qui veut dire que c’est dans un état de dénuement total qu’ils ont été bloqués dans la cité de Santa. Pour ce dernier, il ne serait pas superflu que le gouvernement examine cette situation de plus près, en vue de permettre à ces voyageurs de regagner leurs destinations respectives. Le maire de Niangoloko, Bassié Héma, pour sa part, estime que leur précarité n’a pas encore atteint les limites décrites par nos interlocuteurs. « Là, je ne suis pas d’accord avec ceux qui soutiennent que ces passagers sont livrés à la mendicité. Chaque jour que Dieu fait, les populations sont mobilisées pour leur venir en aide avec des sacs de riz, de l’huile, du savon, de l’eau et bien d’autres denrées. En tout cas, nous faisons ce que nous pouvons dans un contexte où la commune n’a plus de recettes. C’est une situation qui vient s’ajouter à celle des déplacées internes que nous gérons déjà », a martelé le maire. Et d’ajouter : « Ce sont des commerçants, des opérateurs économiques et des producteurs, mais vu que la frontière est fermée, ils sont bloqués à Niangoloko. Mais même s’ils veulent faire demi-tour, cela n’est pas possible puisque Banfora est en quarantaine et la frontière est fermée. Donc, ils sont pris en tenaille », relate le maire qui estime que sa ville est devenue comme une poubelle. A la question de savoir quel est le message qu’il a à l’endroit des autorités, Bassié Héma est formel : « Force reste à la loi. Moi, je ne peux pas broncher. Que vais-je dire ? On me dit de les garder. Est-ce que je peux dire que je ne les garde pas ? La commune appartient en premier au chef à l’Etat. Quand la situation est exceptionnelle, il faut aussi des mesures exceptionnelles ».

Mamoudou TRAORE

 

Comme si les difficultés qu’occasionnent la présence de ces voyageurs ne suffisaient pas, voilà que le 5 avril 2020 dans la soirée, d’autres voyageurs, dont le nombre est estimé à 64, qui s’étaient rendus en Côte d’Ivoire pour leurs affaires, débarquent à Niangoloko à bord d’un car de transport en commun appartenant à une compagnie bien connue du Burkina. De quoi créer la panique et provoquer la colère des populations qui ne comprennent pas pourquoi, dans ce contexte de pandémie, on autorise des gens à voyager d’un pays à un autre. Sur la question, le maire Bassié Héma rassure que ce sont des commerçants de bétail qui étaient allés en Côte d’Ivoire pour vendre du bétail. « Il y a eu un protocole entre le gouvernement du Burkina Faso et celui de la Côte d’Ivoire qui leur permettait d’aller jusqu’à Ouagadougou. Mais une fois à Niangoloko, on nous a demandé de les garder. Nous les avons gardés dans la salle polyvalente de la commune de Niangoloko où ils subiront les différents tests nécessaires. Ensuite, nous suivrons les instructions qui seront données par les premiers responsables », a expliqué Bassié Héma.


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