FERMETURE D’ETABLISSEMENTS SCOLAIRES NON RECONNUS: Une mesure de salubrité publique qui ne doit pas cacher la réalité
S’il y a un phénomène qui a la peau dure au Burkina, c’est bien celui des établissements scolaires et préscolaires non reconnus, pour ne pas dire clandestins. Et pour y faire face, le gouvernement prend des mesures de sanctions chaque année que Dieu fait. Cela aussi est devenu presqu’un rituel. Cette année encore, la tradition a été respectée. En effet, le ministre de l’Education nationale et de la promotion des langues nationale (MENAPLN) vient de rendre public un communiqué dans lequel il a procédé à la fermeture d’écoles du préscolaire, du primaire, du post-primaire et du secondaire défaillants. Toutes ces écoles épinglées sont au nombre de 223. Ces établissements sont répandus sur l’ensemble du territoire avec toutefois une forte concentration dans les deux principales villes du pays, c’est-à-dire Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Les raisons qui ont prévalu à leur fermeture sont les suivantes : des écoles qui sont sans commodités sanitaires, des écoles qui sont logées dans des villas à usage d’habitation, des écoles situées à côté de marchés, yaars et autres maquis, des écoles qui n’ont même pas de cour de récréation, n’en parlons pas de terrain de sport. Bref, la liste est tellement longue qu’il serait fastidieux de citer tous les cas. Pour résumer les choses, l’on peut tout simplement dire qu’il s’agit d’écoles qui ne remplissent pas les critères minimaux liés à l’exercice sain d’activités pédagogiques, didactiques et éducatives. De ce point de vue, l’on peut saluer le gouvernement d’avoir bandé les muscles à leur endroit. L’on peut davantage saluer la décision parce que l’enjeu, ici, est lié à l’avenir du pays. Et en la matière, tout manquement ou tout laxisme peut dangereusement compromettre le devenir de la Nation.
Tant que des mesures dissuasives ne seront pas prises et traduites dans les actes, l’on ne fera que tourner en rond
En somme, il s’agit d’une mesure de salubrité publique, mais qui ne doit pas cacher la réalité. En effet, prendre une décision pour sanctionner des écoles défaillantes, est une chose, la traduire en acte en est une autre. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement a mis à l’index des écoles non conformes à la loi et pris, de ce fait, des mesures répressives à leur encontre. Seulement, il n’a jamais osé franchir le pas en allant à l’application effective de ces mesures. Ce faisant, on encourage de façon consciente, les récidivistes. Et dans le même temps, on donne le sentiment aux promoteurs d’établissements privés exemplaires, que le respect de la loi s’apparente à un délit. Car, ces derniers subissent une concurrence déloyale de la part de ceux qui ouvrent des établissements scolaires en dehors des dispositions légales. Et pour cette catégorie de promoteurs, seul compte le gain. Le volet pédagogique, la dimension éducative inhérente à l’école, les commodités liées à l’hygiène collective, l’épanouissement des enfants et des adolescents sont loin de leurs centres d’intérêts. En vérité, il s’agit de vils mercantiles qui se sont intéressés à l’éducation par effraction. En réalité, si l’on veut pousser l’investigation de manière à connaître les tenants et les aboutissants du phénomène, l’on pourrait se rendre compte que derrière ces promoteurs véreux, se cachent des enseignants et enseignantes, voire des encadreurs pédagogiques qui ont choisi, en toute conscience, de sacrifier l’avenir des enfants sur l’autel de leurs intérêts égoïstes. C’est pourquoi d’ailleurs, peut-on dire, le phénomène a atteint cette ampleur et est difficile à combattre. Car, le ver est dans le fruit. Tant que des mesures significatives et dissuasives ne seront pas prises et traduites dans les actes à leur encontre, l’on ne fera que tourner en rond. Et les pauvres et innocents enfants paieront pour des fautes commises par des gens qui ne croient qu’en Mammon. La dimension éducative de l’école est le cadet de leur souci. Pour réduire de manière significative le phénomène, l’on peut suggérer à l’Etat, en plus de la répression, de prévoir dans les plans de lotissement, des espaces dédiés à la construction d’établissements scolaires privés dignes de ce nom. Dans le même registre, il peut être envisagé d’accompagner les promoteurs d’écoles privées en termes de crédits et autres subventions. C’est le prix à payer, si l’on veut tirer le système éducatif vers le haut et partant, l’ensemble du pays vers le développement.
Sidzabda