HomeA la uneFIN DE LA CULTURE DU COTON BT : Des cotonculteurs  en colère

FIN DE LA CULTURE DU COTON BT : Des cotonculteurs  en colère


Le 13 janvier 2018, à Ouagadougou, le Mouvement pour le Développement et l’éveil social (MODES) a organisé une conférence de presse sur le retour du coton Bt. Une délégation de cotonculteurs, dirigée par Casimir Gnoumou et venue de quelques provinces du Burkina, a animé ladite conférence pour dénoncer la fin de la culture du coton Bio/ Bt au profit du coton conventionnel. Pour cette équipe de cotonculteurs,  si le Burkina est passé de 1er rang en Afrique en tant que pays producteur de coton à l’avant-dernier rang dans le classement général, c’est parce qu’on a mis fin, de façon subite, à la culture du coton Bt, sans préparer le terrain pour le conventionnel, « imposé » à tous les cotonculteurs depuis la saison 2016/2017, selon les conférenciers cotonculteurs.

L’or blanc est devenu le diable pour les cotonculteurs du Burkina, selon les mots de Casimir Gnoumou et ses camarades, membres de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB). Ils ont dit déplorer la baisse du rang du Burkina Faso, de 1er producteur de coton en Afrique à avant-dernier,  signe, selon eux, qu’une anarchie règne en termes de gestion de la filière coton, sans compter les détournements à l’UNPCB, qu’ils dénoncent vigoureusement. « Personne ne gagne si l’anarchie continue, si la corruption sévit », a martelé Casimir Gnoumou, président du GPC de Yaho dans les Balé, selon qui, le coton Bt a été repoussé, bâclé, sans préparer le coton conventionnel. Le coton Bt est venu, en 2008/2009,  pour pallier les problèmes du coton conventionnel, selon Hubert Soulama, président GPC de Soubakagniédougou dans la Comoé. Sa production aurait eu des résultats encourageants depuis 2008, alors qu’avant cette date, les campagnes cotonnières avaient des rendements peu satisfaisants, de l’avis des conférenciers. La culture du coton Bt devait se poursuivre jusqu’en 2020, mais les autorités ont décidé de stopper soudainement cette culture, foi de Hubert Soulama. « On a accepté ce qu’il ne fallait pas », a indiqué un des conférenciers, puisque, a-t-il indiqué, la convention signée indiquait que le retrait du coton Bt devait être progressif, en cas de problèmes, ce qui n’a pas été le cas, selon lui. Comme François Tani du Tuy, Casimir et Hubert ont soutenu que le coton Bt/OGM résiste mieux aux insectes ravageurs et son rendement à l’hectare dépasse de loin celui du coton conventionnel, avec moins d’intrants ou d’insecticides à utiliser pour son traitement. Le coton conventionnel, par contre, demande beaucoup de traitements à l’insecticide, selon eux. Raison pour laquelle les abeilles sont devenues rares, la faune et la flore en pâtissent, à les entendre. Et d’ajouter que la culture du coton Bt avait  mis fin à l’exode rural entre-temps. Avec le coton conventionnel, « mieux tu produis, plus tu es face au suicide », de l’avis de Casimir Gnoumou.

Avec le coton conventionnel, les firmes gagnent 3 fois plus que les paysans

 

A ce jour, les gros producteurs de coton sont confrontés au suicide et certains se sont suicidés dans au moins deux provinces, et n’eut été les efforts de consolation ou les interventions des gens, la liste des cas de suicide s’allongerait, à les entendre. Et pour cause ? 90% des cotonculteurs sont tombés en impayés et ne peuvent pas solder leur dette, à entendre les conférenciers. Par exemple, un cotonculteur a fait  333 kg à l’hectare en coton conventionnel pour une superficie totale de 20ha alors qu’il faisait 2,5 tonnes à l’hectare en coton Bt, nous a-t-on confié. Un autre producteur,  avec une aire culturale de 38 ha, n’a pu obtenir que 12 tonnes au plus en coton conventionnel. Ce qui explique les menaces de suicide chez certains, selon eux. Les « agronomes sac au dos »  pour qui ils se font passer, ont dénoncé un engrais d’origine inconnue mis à la disposition des cotonculteurs. « Un engrais fantôme »  pour lequel il souhaitent qu’une contre-expertise internationale soit faite pour en tester la qualité. Les conférenciers ont soutenu que les membres du Conseil de gestion de l’UNPCB doivent des milliards à la faîtière, exception faite de son président Bambou Bihoun. Ils en veulent pour preuves le déficit de 10 milliards 15 millions de F CFA établi à l’issue de l’Assemblée générale (de l’UNPCB) de fin décembre 2017. Justice doit être rendue à cet effet, à leur avis. Le directeur général de la SOFITEX n’est pas là pour les cotonculteurs, selon les cotonculteurs conférenciers, mais pour le « business des firmes qui gagnent trois fois plus avec le coton conventionnel au détriment des paysans  et de l’économie du pays ». La filière coton ne doit pas mourir, selon les conférenciers, car, ont-ils dit, plus de 3 000 000 de personnes vivent directement ou indirectement du coton.  En clair, les cotonculteurs veulent retourner au coton  Bt et appellent les autorités à se pencher là-dessus.

 

Lonsani SANOGO


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