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FONDS DU COVID-19


 

La transparence doit être le maître-mot

Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde, est mis à rude épreuve par le Covid-19. Cette guerre que nous impose la terrible maladie, a un coût qui dépasse les capacités financières de nos Etats. La plupart de ces derniers sont, on le sait, pratiquement dans un état comateux du point de vue économique. Ces Etats déjà grabataires sont visiblement dépassés face aux ravages du Covid-19 sur les populations. Pour pallier un tant soit peu la défaillance des Etats, des personnes physiques ou morales sont en train de cracher au bassinet pour aider à desserrer l’étau du Covid-19. Les Burkinabè sont témoins de ces dons en espèces comme en nature qui sont en train de pleuvoir sur leur pays. L’occasion est belle de rendre hommage aux personnes, aux institutions et aux pays qui ont manifesté leur solidarité et leur générosité à l’endroit du pays des Hommes intègres pour ces moments douloureux où tout se conjugue au Covid-19. L’occasion est également belle pour appeler le gouvernement à prendre des dispositions afin que les dons, en espèces sonnantes et trébuchantes tout comme en nature, qui sont faits pour contrer la maladie, soient utilisés dans la crainte de Dieu, peut-on dire. En tout cas, la transparence doit être le maître-mot. Cet impératif doit être rappelé avec force d’autant plus, comme l’a si bien dit le père de la Révolution burkinabè, que c’est pendant les moments les plus difficiles pour les populations que les ennemis du peuple beurrent leurs épinards. Et des faits illustrent ce point de vue dans notre pays. En effet, pendant la grande sécheresse de 1974, des agents de l’Etat chargés de la distribution des vivres au Sahel, n’ont pas hésité à les détourner à leur profit. Le régime de Sangoulé Lamizana leur avait fait rendre gorge en les traînant devant les tribunaux. La même gestion nauséeuse des dons a été réitérée à l’occasion de la grande inondation de Ouagadougou en 2009. Le SIDA aussi a été mis à profit pour construire en toute impunité des bunkers et autres châteaux.

Il est bon de durcir la législation de manière à dissuader les filous et autres flibustiers qui seraient tentés de puiser dans ces fonds

Tout récemment, des agents de l’Action sociale ont été traduits en Justice pour avoir fait main basse sur les aides et dons dédiés aux déplacés internes. Bref, au Burkina, toute occasion est bonne pour faire fortune. Le phénomène est devenu d’autant plus inquiétant que le sommet tout comme la base de la société, est infecté et infesté. Toutes ces raisons invitent à ouvrir l’œil et le bon pour réprimer tout acte répréhensible qui viendrait à être posé dans la gestion des fonds dédiés à la lutte contre le Covid-19. D’ores et déjà, il est bon de durcir la législation de manière à dissuader les filous et autres flibustiers qui seraient tentés de puiser dans ces fonds pour achever leur chantier ou entretenir leur bedaine. Pour se donner plus de chances d’aller vers une gestion saine et transparente des fonds, les dispositions suivantes peuvent être prises. Premièrement, tous les dons et aides peuvent être reversés dans un compte spécial Covid-19 pour permettre leur traçabilité et leur gestion coordonnée. Deuxièmement, la gestion de ce compte doit être assurée par des Organisations de la société civile dignes de ce nom. Troisièmement, une structure indépendante du gouvernement peut être chargée de faire le point des entrées et des sorties d’argent aux Burkinabè et ce, de manière périodique. L’Assemblée nationale a également sa partition à jouer dans la gestion transparente de ces fonds destinés à la lutte contre le Covid-19. C’est elle qui peut interpeller le gouvernement si elle constate le moindre dérapage dans la gestion de la maladie. Bien sûr, la société civile doit pleinement jouer son rôle de vigie pour aider à moraliser la gestion des fonds du Covid-19, mais la situation commande que les députés s’élèvent au-dessus de leurs appartenances politiques pour ne prendre en compte que les intérêts supérieurs des populations. Moralement, ils sont tenus, par ces temps qui courent, d’adopter une telle posture. C’est le prix à payer pour autant que nous ne voulions pas décourager l’élan de solidarité et de générosité tant national qu’international qui est en train de se manifester à l’endroit du Burkina. Toujours en rapport avec le Covid-19, l’on peut faire le constat que certains pays, notamment européens, ont fait l’option du dépistage systématique des populations. Et cela a fait la preuve de son efficacité en Allemagne. Cette piste ne peut-elle pas être explorée au Burkina ? Dans le même registre, l’on ne doit pas hésiter, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, à puiser dans nos ressources endogènes. En la matière, le Burkina représente une mine. Il nous revient d’en extraire ce dont nous avons besoin pour bouter le mal hors de nos frontières.

Pusdem PICKOU


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