FORMATION D’UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE EN LIBYE : La raison s’est-elle enfin emparée de Tobrouk et Tripoli ?
Empêtrée dans l’activisme sanglant de l’Etat Islamique qui vient d’ailleurs de prendre en otage près de 400 individus, la Libye tente de sortir de sa fournaise. En effet, depuis hier mardi 19 janvier 2016, les Libyens ont un gouvernement d’union nationale. La rivalité des frères ennemis a accouché d’un gouvernement de 32 membres et ce, après plus d’une année d’interminables tractations sur fond de revirements, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU). Il reste maintenant à la Chambre des représentants libyenne, le Parlement reconnu par la communauté internationale basé dans l’Est du pays, d’entériner l’équipe gouvernementale par un vote. Tout le mal qu’on puisse lui souhaiter, c’est que ce vote intervienne le plus tôt possible. Mais on peut d’ores et déjà considérer que désormais, au pays de Kadhafi, la communauté internationale a désormais un seul interlocuteur ; un précieux pas qualitatif, toute chose qui devrait permettre d’aborder les défis incommensurables auxquels la Libye fait face actuellement. Ce gouvernement doit s’atteler à remettre le pays sur les rails en le réorganisant administrativement : nomination des responsables d’institutions sensibles telles que la Banque centrale libyenne, l’Autorité anti-corruption, l’adoption d’une loi permettant de désigner les responsables de l’armée, etc. Maintenant que l’équipe gouvernementale consensuelle est en place, les Libyens doivent passer aux choses sérieuses en reconstruisant leur pays.
Il faut bien œuvrer à ramener les jusqu’au-boutistes dans les rangs
Un tel accord ne vaut que quand il est mis en œuvre. Peut-on espérer que cette fois sera la bonne et que la trajectoire de la paix inter-libyenne est définitivement prise ? Il est difficile d’y répondre par l’affirmative, tant la tâche s’annonce ardue, ce d’autant que certaines dissensions persistent, la plus profonde étant la gestion des factions à dominance islamistes qui contrôlent Tripoli où doit pourtant s’installer le nouveau gouvernement. Ces factions menacent de procéder à l’arrestation de tout individu qui agirait sur le territoire de Tripoli au nom du nouveau gouvernement. Autant dire que le bout du tunnel n’est toujours pas à portée de vue en Libye. C’est pourquoi il faut œuvrer à ramener les jusqu’au-boutistes dans les rangs. Mais en attendant, on peut saluer la formation de ce gouvernement d’union nationale qui montre que la raison est en train de prendre le pas sur la pagaille et l’extrémisme en Libye.
Michel NANA