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FRAUDES FISCALES D’ENVERGURE AU DETRIMENT DU TRESOR PUBLIC


La Division des investigations criminelles (DIC) de la Direction de la police judiciaire vient de faire du bon boulot qui mérite qu’on lui jette des fleurs. En effet, grâce à cette structure, de présumés auteurs de fraudes portant sur plus de 16 milliards de francs CFA, ont été mis aux arrêts. La Direction générale des impôts mérite également des lauriers. Car, c’est elle qui a alerté la Police nationale. Les fins limiers de cette dernière ont abouti aux résultats suivants : trois sociétés de la place, en complicité avec cinquante-neuf (59) autres entreprises, se sont livrées à des opérations de fraudes en lien avec la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée). Leur mode opératoire consistait à recourir à des facturations croisées, la délivrance de fausses factures sur la base d’opérations fictives entre leurs clients complices, dans  l’intention d’engranger indûment la TVA. Au total, le préjudice subi par le Trésor public a été évalué à près de  16 953 658 631 F CFA. Ces révélations ont été faites par la Police nationale, le 12 mai dernier. Cette somme donne le tournis ; tant elle est colossale. Et tenez-vous bien. La fraude a été opérée dans un pays qui fait partie des porteurs de bonnet d’âne en matière de pauvreté et dont les dirigeants s’évertuent à tendre la sébile pour faire vivre, pardon, survivre plus de  50% de sa population. C’est là  où réside tout le paradoxe burkinabè. Les autorités crient sur tous les toits que le pays manque de tout. Ces cris de détresse sont régulièrement entendus par les PTF (Partenaires techniques et financiers). De ce fait, ces derniers n’hésitent pas à délier les cordons de la bourse pour garder le pays en vie. Ce scénario est immuable et ce n’est pas demain la veille qu’il va prendre fin. Car, l’on peut avoir l’impression que cette sorte de mendicité érigée pratiquement en mode de gouvernement, ne gêne pas outre mesure les gouvernants. Et les fameux PTF donnent l’impression de ne pas s’en lasser.

 

Les gouvernants qui doivent donner des signaux forts de leur engagement à traquer la fraude, d’où qu’elle vienne

 

Cette générosité permanente n’est pas gratuite. Elle pourrait leur donner le droit d’imposer les orientations qu’ils veulent aux politiques de développement du pays. Pourtant, le pays n’est pas pauvre. En tout cas, la preuve, parmi tant d’autres, vient d’être apportée par la découverte de cette fraude massive et organisée au détriment du Trésor public. Officiellement et sauf omission ou oubli de notre part, jamais une fraude sur la TVA de cette envergure, n’a été enregistrée au pays des Hommes intègres. Et l’on pourrait se risquer à se poser la question suivante : et si ce n’était que la partie visible de l’Iceberg ? Cette question est d’autant fondée que bien des Burkinabè ont pris du galon dans les techniques de la fraude tant et si bien qu’il faut un  sixième sens pour les démasquer. Et si, par extraordinaire, l’on venait à les démasquer, l’on peut parier, sans grand risque de se tromper, qu’ils ne risquent pas d’être punis à la hauteur de leur forfait. Le microbe, dit-on, se développe en milieu favorable. La fraude aujourd’hui a de beaux jours devant elle parce que le terrain lui est favorable. En réalité, le terrain a été débroussaillé par le régime de Blaise Compaoré et celui de Roch Marc Christian Kaboré a apporté  l’engrais qu’il faut pour le fertiliser. Et le pire pourrait être à venir. Car,  nos enfants grandissent en intégrant l’idée selon laquelle l’intégrité n’est pas une vertu. Pour eux, en effet, seuls les résultats comptent. Et ils sont encouragés en cela par ce qu’ils voient  et entendent : des Crésus dont la traçabilité de la fortune ne peut être faite, des châteaux et des véhicules dont le coût pourrait faire pâlir d’envie et de jalousie les plus grandes fortunes d’Europe. Et le comble c’est que très souvent, ce sont ces gens, dont la fortune n’a pas d’histoire, qui sont perçus comme des modèles. Et leurs meilleurs amis pourraient se recruter au sein des hommes et des femmes politiques dont ils financent par ailleurs la campagne politique. Il est impératif pour les autorités d’ouvrir davantage l’œil et le bon sur le système de TVA, de sorte à ce que cet impôt, payé par  la grande majorité des Burkinabè, ne soit pas contourné et fraudé par une minorité de délinquants à col blanc. Mais pour que cela soit un jour  une réalité, c’est d’abord les gouvernants qui doivent donner des signaux forts de leur engagement à traquer la fraude, d’où qu’elle vienne. En outre, c’est l’ensemble des Burkinabè qui doivent se lever comme un seul homme pour traquer les fraudeurs. Car, aujourd’hui, de plus en plus, l’on peut avoir l’impression que les fraudeurs sophistiqués sont des héros. La réalité est qu’ils sont de grands fossoyeurs de l’économie nationale. Ils doivent donc être traités comme tels.

 

Sidzabda       

 

 


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