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GESTION AFRICAINE DU COVID-19


« La crise n’est pas que sanitaire. Elle est économique et sociale, notamment pour les plus faibles d’entre nous. On verra si nos sociétés sont encore capables de solidarité. La mondialisation économique existe, tout comme celle de la communication. On n’a pas encore entamé celle de la solidarité. Le coronavirus occupe nos esprits, mais je n’ai entendu personne rappeler qu’un enfant meurt du paludisme toutes les 3 minutes dans le monde, alors qu’un traitement coûte 70 centimes. Ni qu’une femme meurt toutes les deux minutes des suites d’un accouchement. Si cette crise pouvait nous faire ouvrir les yeux… »,
Pr Philippe Douste-Blazy, ancien ministre français et ancien Secrétaire général adjoint des Nations unies et conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies, chargé des sources novatrices de financement du développement. L’Afrique est en crise épidémique et sanitaire permanente (variole, rougeole, choléra, Polio, VIH-Sida, Ebola, Lassa, paludisme…). Le Covid-19 n’est malheureusement qu’une épidémie de plus. L’Africain vit en permanence l’urgence sanitaire et le combat pour vaincre les maladies et les épidémies. Alors pourquoi cette peur soudaine des autorités africaines et mondiales sur le sort de l’Afrique ? La crise du coronavirus éclaire encore une fois les dépendances de l’Afrique qui n’a jamais pensé le monde en termes stratégiques. L’absence de pensée prospective pèse lourdement sur la gestion des crises. L’analyse de l’impact géopolitique du Covid-19 se résume ainsi : la résistance asiatique avec la maîtrise des paramètres épidémiologiques et l’effondrement occidental avec le cafouillage décisionnel et médical cachent mal la faiblesse africaine de la gestion coronavirienne. Les prédications de millions de morts en Afrique du fait de la pandémie de coronavirus (Secrétaire Général de l’ONU sur France 24, Directeur Général de l’OMS en février, plusieurs journalistes et experts occidentaux) posent de sérieuses questions éthiques et prospectives : S’agit-il d’une stratégie de la peur ? S’agit-il d’une information confidentielle à leur disposition ? Ou bien s’agit-il d’une question de fond : le Covid-19 était destiné à stopper l’élan démographique de l’Afrique dont les occidentaux s’alarmaient depuis longtemps ? Sinon comment comprendre qu’on s’inquiète pour le seul continent moins atteint par le virus ! La peur et l’inquiétude ou la panique qui en résultent posent le problème de perception de la réalité de la crise sanitaire. L’Institut Mandela constate que certaines mesures prises en Occident ont été répliquées dans certains pays africains sans discernement, alors que les réalités socio-économiques ne sont pas les mêmes. Pour gérer efficacement la pandémie, nous devons promouvoir l’africanité des décisions avec des mesures intelligentes et différentielles entre les villes et les campagnes, entre la capitale et les provinces. Le confinement du pays avec la fermeture des frontières est une bonne solution ; mais le confinement des populations est impossible car il ne sera pas respecté par les travailleurs journaliers et les agriculteurs qui vivent au jour le jour par leur force et salaire de travail. Donc, il faut plutôt envisager un confinement zonal qu’individuel (sauf s’il est accompagné des mesures d’aide sociale et de distribution de nourriture). Nous pouvons vaincre cette maladie, si les gouvernements africains pouvaient comprendre que le Covid-19 est beaucoup plus qu’une pandémie mais surtout un combat géopolitique qui expose les faiblesses des pays et des peuples. Il est temps de prouver que les crises politiques, économiques, sociales et sanitaires nous ont appris beaucoup de choses et ont fait de nous les peuples les plus résilients. L’Afrique n’a pas le droit de perdre cette guerre dont les batailles se jouent ailleurs. L’Institut Mandela travaille avec les gouvernements africains en leur fournissant des conseils stratégiques et son expertise scientifique. Notre mission est de préparer des responsables d’aujourd’hui et de demain à mettre en place des scénarios post-Covid-19 car, le monde va changer et l’Afrique aussi. C’est le plus visionnaire et stratégique qui va régner. Notre contribution vise à accompagner les autorités compétentes à reprendre des mesures intelligentes et logiques. Gouverner, c’est prévoir, mais c’est aussi décider. Vu les circonstances, c’est décider vite.
Dans le quartier populaire de Kibera à Naïrobi au Kenya, un artiste vend des masques de sa fabrication pour se protéger contre le Covid-19, le 14 avril 2020.

Résumé des conseils pour des mesures prises ou à prendre

La priorité absolue est de protéger la santé et la sécurité sanitaire des personnes contre le coronavirus. Les autorités doivent prendre toutes les mesures intelligentes pour éviter que la faiblesse de notre système de santé glisse vers l’effondrement.
• Les gouvernements devraient prendre les décisions d’intégrer la chloroquine dans le protocole thérapeutique pour soigner le Covid-19. Nous reviendrons sur sa ration de bénéfice/risque et son association Hydroxychloroquine/Azithromycine.
• Il est nécessaire de suspendre toute campagne de vaccination jusqu’à 6 mois après la fin de l’épidémie pour éviter la mutation et la résistance du virus liée à la rencontre des anticorps vaccinaux. Certains vaccins utilisés en Afrique sont inutiles, inefficaces et dangereux. Il faut éviter que les Africains soient des cobayes ou des souris pour le Covid-19.
• Réorganiser le système de santé avec la concentration des moyens médicaux et humains dans les hôpitaux de référence pour accueillir les malades et traiter le Covid-19.
• Considérer la santé publique comme une question de sécurité nationale avec la création d’une Agence de sécurité sanitaire au sein du Conseil national de défense ou de sécurité pour coordonner avec autorité une riposte nationale à l’épidémie. Nous proposerons l’évolution de ses missions de veille de sécurité sanitaire après la pandémie.
• Prendre des mesures intelligentes, logiques et applicables d’hygiène et de sécurité sanitaire pour éviter le risque d’affamer les populations fragiles. Nous y reviendrons dans le développement.
• La combinaison des mesures de confinement zonal (ville, commune, quartier, villages ou autre foyer des personnes infectées) et de port de masques en tissu des populations est très efficace pour limiter la propagation du virus.
• Mettre en place des tunnels de désinfection (système turc ou système intelligent algérien) des populations à l’entrée et à la sortie des quartiers et des lieux publics tels que les marchés avec des tests de température et des gestes barrières. Cela permet de s’adapter aux divers contextes socio-économiques africains qui rendent difficile le confinement général.
• Appliquer le principe de prudence et de contrôle pour tous matériaux médicaux achetés ou offerts (Kits de test, masques, désinfectants) et personnel humanitaire (profilage et surveillance continue). C’est un principe de précaution : vaut mieux prévenir que guérir car l’aide gratuite n’existe pas. Il est bien appliqué par le Nigeria qui refuse l’aide internationale et préfère compter sur la solidarité nationale contre le coronavirus. Ainsi, il se prémunit de toutes les conséquences qu’elles cachent en termes sanitaire et financier (service de la dette).
• Il est possible de transformer des équipements sportifs (stades) en hôpital de campagne ou de quarantaine pour pallier le manque de places dans les structures médicales. Les bataillons de génie militaire peuvent être mis à contribution.
• Favoriser la production nationale des masques en tissu (lavables et à désinfecter) à distribuer aux populations et laisser les masques médicaux aux professionnels de santé pour éviter les pénuries.
Le virus ne se propage pas. Ce sont les individus qui le diffusent. Nous avons donc une responsabilité de penser au confinement zonal et au test généralisé dans les foyers d’épidémie pour assurer la protection de tous. Ces mesures intelligentes (confinement localisé et test) vont éviter que la phase de « propagation communautaire » se transforme en « propagation nationale ».

Dr. Paul KANANURA, Président de l’Institut Mandela


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