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GESTION DES CAS D’URGENCE DANS NOS STRUCTURES SANITAIRES PUBLIQUES:Repenser le système


Les failles de notre système de santé sont connues. Une d’elles, et pas des moindres, est liée à la gestion des cas d’urgence dans les structures sanitaires publiques. En effet, lorsqu’un accidenté grave est admis dans les services d’urgence et si, par malheur, ce dernier n’est pas accompagné d’un proche qui peut faire face aux premières ordonnances prescrites pour sauver le patient, ce dernier risque de succomber faute de soins d’urgence. Ce scénario, difficilement imaginable dans les pays civilisés, est vécu au quotidien dans les services de traumatologie, c’est-à-dire  les services qui traitent des accidents de la circulation et des soins d’urgence aux blessés.

Faites un tour au service de traumatologie du plus grand hôpital du Burkina, c’est-à-dire l’hôpital Yalgado Ouédraogo, et vous aurez la latitude de toucher du doigt la gravité du phénomène. Et les syndicats ont beau appeler à une prise en charge par l’Etat des premiers soins, rien n’y fît. Le spectacle désolant s’offre davantage à nos yeux au point que l’on est en droit de se poser la question de savoir dans quel type de société nous vivons. En tout cas, il se pose la nécessité urgente de repenser le système de gestion des cas d’urgence de manière à le rendre plus humain. L’argument du coût d’une telle réforme peut être brandi en guise d’objection. Mais à l’analyse, cet argument peut ne pas tenir la route. C’est d’abord une question de vision et de volonté politique. La Haute-Volta du Général Sangoulé Lamizana n’était pas plus riche que le Burkina Faso de Roch Marc Christian Kaboré ; loin s’en faut. Mais à l’époque, un minimum de soins d’urgence était administré aux accidentés admis dans les services de santé. En tout cas, ce n’est pas le mercurochrome qui manquait. Aujourd’hui, l’on peut se poser la question de savoir si nos structures de santé sont encore dignes de cette appellation. Et le caractère absurde de la gestion des cas d’accidentés graves, est plus manifeste dans le cas où le patient X subit un choc lors d’un accident de la circulation.

L’occasion est belle pour appeler aussi les populations à plus de civisme

Il perd conscience et est évacué dans un centre de santé. Même s’il est riche, comment, dans cet état, peut-il le faire savoir et prendre en charge les premiers soins ? Cet exemple peut s’appliquer à tout le monde. C’est pourquoi tout le monde doit travailler à ce que tous les accidentés soient pris en charge par l’Etat. C’est l’idéal.  A défaut de mettre en place une telle politique ici et maintenant, l’on peut tendre vers une prise en charge systématique des cas de traumatologie, quitte à exiger du patient, une fois ses moments de détresse passés, d’honorer les ordonnances. Et s’il n’arrive pas à le faire pour raison d’indigence avérée, l’Etat peut venir à son secours. Et ce n’est pas la mer à boire pour un Etat soucieux du bien-être des populations. En tout cas, là où il y a la volonté politique, tout est possible. La gratuité des soins pour certaines pathologies en faveur des enfants et des femmes, a été rendue effective grâce justement à cette volonté affichée des autorités de soulager cette frange importante mais vulnérable de la population. Et malgré les insuffisances liées à cette option, tout le monde reconnaît que le gouvernement a posé, par là, un acte social très fort. Parlant toujours de volonté politique, l’on a vu que cette année, à l’occasion des fêtes de fin d’année, le gouvernement a mis un point d’honneur à réduire les conséquences liées aux accidents de la circulation.  Ainsi, à Ouagadougou, l’on a positionné, à des endroits stratégiques de la ville, des équipes de sapeurs-pompiers de sorte à leur permettre de porter assistance dans les meilleurs délais, aux accidentés de la route. Résultat : sur une cinquantaine d’accidents enregistrés entre le 24 et le 25 décembre, aucun décès n’a été déploré. C’est la preuve que si des dispositions efficaces sont prises pour gérer au mieux les cas d’urgence, l’Etat peut réduire de façon significative le nombre de morts liés aux accidents de la circulation. Et l’occasion est belle pour appeler aussi les populations à plus de civisme. Dans le même registre, l’on peut également évoquer la nécessité du port du casque pour les Burkinabè.

Dans la sous-région, cela est devenu pratiquement un réflexe. Le Burkina, peut-on dire, est pratiquement le seul pays de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) où le port du casque n’est pas dans les habitudes des citoyens. Or, tout le monde sait que le casque sauve des vies lors des accidents de la circulation. Le malheur de notre pays réside, entre autres, dans le fait que les politiciens rechignent, pour des raisons bassement électoralistes, très souvent, à prendre les bonnes mesures et surtout à les faire appliquer par les populations.

 

Sidzabda


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