HomeA la uneGESTION DU PATRIMOINE SENEGALAIS ET COHESION AU SEIN DE BBY : Macky Sall doit veiller au grain  

GESTION DU PATRIMOINE SENEGALAIS ET COHESION AU SEIN DE BBY : Macky Sall doit veiller au grain  


A Dakar, c’est le début de la saison pluvieuse avec les températures les plus chaudes de l’année, variant entre 27 et 38°C. Mais paradoxalement, la capitale sénégalaise respire à nouveau le bon air. Et cela est dû, en partie, au fait que  le président Macky Sall a sifflé la fin de la dramatique affaire du 3è mandat. L’on peut considérer que, comme dans une parturition par césarienne, « Niangal Sall », surnom de jeunesse du natif de Fatick au cœur du pays sérère, a libéré son peuple. Mais tout porte à croire que son boulot n’est pas terminé.  En effet, celui qui devrait quitter le Palais de la République au premier trimestre de 2024, doit non seulement prendre soin du patrimoine sénégalais, mais aussi travailler à maintenir la cohésion au sein de sa famille politique au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY). Dans l’adage populaire, l’on dit que « c’est la fin qui compte ». Ce faisant, Macky Sall, tout en travaillant à se faire pardonner pour son silence coupable ayant conduit aux violences dans son pays, a l’obligation de terminer sur une bonne note, aux fins de léguer aux nombreux jeunes Sénégalais, l’image d’un homme qui a tenu, jusqu’au bout, à l’intérêt supérieur de la Nation.  Il s’agit, ainsi, pour lui, de mettre le curseur sur deux fichiers.  D’abord, sur le patrimoine national sénégalais. Pour justifier son mutisme autour de l’affaire du 3e mandat, Macky Sall avait évoqué le risque de voir s’installer un capharnaüm et des comportements déviants de la part de ses partisans, dans la gestion des affaires de l’Etat. Prétexte ou raison fondée ?

 

Rien n’indique que les lieutenants du président Sall ne vont pas s’entredéchirer pour le fauteuil bientôt vacant du prince régnant

 

Quoi qu’il en soit, l’annonce du président de renoncer à un 3e mandat, aiguise les plus voraces appétits, pour deux raisons essentielles. Primo : les lieutenants, voulant amasser un trésor de guerre en prélude aux prochaines joutes électorales, n’auraient aucun scrupule à verser dans la corruption et le détournement de deniers publics. Secundo, d’autres, craignant une fin brutale des haricots, pourraient ne pas hésiter à piller et à mettre en lieux sûrs, leur butin, s’aménageant ainsi une retraite dorée et jouissive.  Mais les partisans du président devraient faire attention. Car, comme l’écrivait le Conseil supérieur de la magistrature du Burkina, en avril 2020, « l’histoire sait recenser et comptabiliser les actes de tout un chacun pour les mettre à son actif ou à son passif en temps opportun ». Cela, pour dire que les couloirs du palais de la République peuvent conduire à la prison de Rebeuss.  Ensuite, et c’est l’autre fichier, il s’agit de la cohésion au sein de la coalition au pouvoir. En effet, ce n’est un secret pour personne : l’annonce du départ de Macky Sall fait et va faire naître, si ce n’est renforcer, les rivalités sau sein de Benno Bokk Yakaar. En réalité, si, pour l’instant et pour certains, le renoncement au 3e mandat permet d’éviter l’implosion annoncée de BBY, rien n’indique que les lieutenants du président Sall ne vont pas s’entredéchirer pour le fauteuil bientôt vacant du prince régnant. Déjà, la coalition a essuyé des revers aux dernières législatives du fait des rivalités au sein du parti présidentiel, l’Alliance pour la République (APR) et de la coalition.  Au regard de ce qui précède, le président Macky Sall est appelé à jouer sur deux tableaux. C’est-à-dire veiller au grain pour que, d’une part, la fin de son mandat à la tête de la Téranga ne soit pas synonyme de pagaille et de pillages organisés par des lieutenants insatiables et gloutons, en les mettant au pas. D’autre part, il s’agit pour lui de travailler à maintenir la cohésion au sein de BBY, seule condition pour avoir une chance de conserver le pouvoir à la tête du Sénégal.

 

Michel NANA


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