HomeA la uneGROSSE DETTE DE L’ETAT VIS-A-VIS DE L’UNEEP-L : Veut-on asphyxier les établissements scolaires privés ?

GROSSE DETTE DE L’ETAT VIS-A-VIS DE L’UNEEP-L : Veut-on asphyxier les établissements scolaires privés ?


Le 14 janvier dernier, l’Union nationale des établissements d’enseignement privés laïcs (UNEEP-L) a évoqué avec les Hommes de médias, une de ses préoccupations. Celle-ci a été provoquée par le non-paiement par l’Etat, des frais de scolarité des élèves affectés dans les établissements privés d’enseignement au titre de l’année scolaire 2019-2020. Il faut retenir que la dette est énorme. Elle avoisine, en effet, 2 milliards de F CFA. En rappel, cette somme représente les frais de scolarité des élèves affectés dans 279 établissements privés. Le nombre des élèves concernés est de 38 536 dont 31 978 au post-primaire (le cycle qui va de la 6e à la 3e) et 6 558 au secondaire. Sur une dette qui s’élève à près de 2 milliards de F CFA, l’Etat n’a pu payer, à ce jour, que la somme de 101 440 000 F CFA. Faites le calcul et vous verrez que cette somme est très insignifiante. Les établissements qui en ont bénéficié sont au nombre de 18 sur un total de 279. Cela représente une goutte d’eau dans un océan puisque 261 établissements sont restés sur le carreau, peut-on dire.

La situation est donc gravissime. Et ce qui est davantage plus inquiétant, c’est qu’apparemment, aucune solution ne se profile à l’horizon. Pourtant, les montants dus sont connus et étaient censés être budgétisés pour l’exercice 2020, a souligné le responsable de la faîtière, Dr Désiré Nacoulma. Pour ce dernier, ce non-paiement des frais cause d’énormes désagréments à leurs établissements : difficultés de paiement des salaires des enseignants et du personnel administratif, conflits sociaux entre promoteurs d’établissements et leurs employés ainsi que les difficultés à assurer les cours jusqu’à la fin de l’année, etc.

Malgré cette situation intenable à eux imposée par l’Etat, les membres de la faîtière n’envisagent pas de mener des actions susceptibles de nuire aux élèves, aux parents d’élèves et aux enseignants.

Tout doit être fait ici et maintenant pour éviter le scénario- catastrophe

Il faut saluer cette attitude responsable et hautement humaniste des responsables de la structure. Mais combien de temps encore durera cette attitude ? En tout cas, « à renifler avec discrétion le pet de l’effronté, il vous juge sans nez ». Ce proverbe est de Fama, héros du roman d’Ahmadou Kourouma, dans Les Soleils des indépendances.

En effet, depuis 2019, le problème est posé. Et la faîtière n’a eu de cesse d’interpeller l’Etat de manière courtoise. Nous sommes en 2021 et l’Etat semble toujours traîner les pieds pour le solutionner. Sans en appeler à la méthode forte pour contraindre l’Etat à honorer ses engagements, l’on peut suggérer à la faîtière des méthodes plus efficaces pour se faire payer. Car, quelque part, on peut avoir l’impression que l’on veut asphyxier les établissements privés d’enseignement. Pourtant, Dieu seul sait combien ils sont importants dans le système éducatif burkinabè. En tout cas, non seulement ils contribuent à réduire le chômage en employant des enseignants et des personnels de l’administration, mais aussi ils aident l’Etat dans sa politique d’augmentation de l’offre éducative. Imaginons un tant soit peu que les établissements touchés par le problème, mettent la clé sous la porte à cause de tensions de trésorerie. Cela entraînera obligatoirement des conséquences terribles pour les élèves, leurs parents ainsi que leurs encadreurs. In fine, c’est tout le système qui prendra un sérieux coup. C’est pourquoi tout doit être fait ici et maintenant pour éviter ce scénario- catastrophe. Et le ministère de tutelle, c’est-à-dire le ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, ne doit ménager aucun effort pour résoudre dans les meilleurs délais, le problème. Un ministre des Finances de Lamizana avait osé dire que l’enseignement était un secteur improductif. Et bien des financiers partagent encore ce point de vue. En tout cas, ceci pourrait expliquer cela.

De ce fait, l’on peut également interpeller le ministère des Finances, de sorte à ce qu’il fasse diligence si le problème est à son niveau. Ce non-paiement des frais de scolarité par l’Etat, donne l’occasion d’interpeller  encore une fois l’Etat sur l’impérieuse nécessité pour lui, de payer ses dettes au privé. Autrement, il sera très difficile pour le pays d’amorcer le développement. Car, c’est le privé qui est capable de tirer le pays vers le haut en termes de créations d’emplois et de contribution au fisc. En ce qui concerne plus particulièrement la qualité de l’enseignement dans notre pays, comme d’ailleurs dans presque tous les pays du monde, Dieu seul sait combien le privé y contribue.

 

Sidzadba


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