HomeA la uneGUERRE AU SOUDAN : Même le Ramadan n’aura pas attendri le cœur des belligérants

GUERRE AU SOUDAN : Même le Ramadan n’aura pas attendri le cœur des belligérants


Débutée le 15 avril 2023, la guerre au Soudan continue de faire rage entre l’armée conduite par le Général Abdel Fattah Al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR) du Général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemetti, qui occupent une partie du pays. En prélude au Ramadan qui a commencé le 11 mars dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU avait appelé en fin de semaine dernière à un cessez-le-feu « immédiat » tout en invitant « toutes les parties au conflit à chercher une résolution durable par le dialogue ». Dans la foulée, le Secrétaire général de l’organisation mondiale était aussi parti de son appel solennel à « toutes les parties en présence au Soudan à faire honneur aux valeurs portées par le Ramadan en cessant les hostilités pour toute sa durée ». Des appels restés lettre morte puisqu’aussitôt rejetés par l’une des parties, en l’occurrence l’armée soudanaise qui exclut toute idée de trêve si les FSR ne respectent pas leur engagement de libérer certaines de leurs positions dans les villes et villages qu’elles occupent. Ainsi donc, même le Ramadan n’aura pas réussi à attendrir le cœur des belligérants engagés dans une guerre pour le pouvoir qui, au-delà des milliers de morts tués dans des combats d’une rare violence, qui en disent long sur le degré de haine que se vouent les deux Généraux ennemis, a conduit de nombreux Soudanais sur le chemin de l’exil.

 

 

C’est un Ramadan sous des bombes que s’apprêtent à vivre encore les Soudanais

 

 Pendant ce temps, la situation humanitaire reste fortement préoccupante, avec plus de huit millions de déplacés fuyant les combats, au moment où le besoin d’assistance humanitaire se fait sentir chez la moitié des cinquante millions d’habitants du pays menacés par la famine. C’est à se demander si le Général Abdel Fattah Al-Burhan et son rival Hemetti ont encore la crainte de Dieu. Autrement, après plusieurs mois de belligérance, comment comprendre ce refus de donner une chance à la paix, ne serait-ce que le temps de la période sacrée de Ramadan, pour permettre à leurs compatriotes de vivre pleinement ce temps de jeûne et de pénitence qui vise à les rapprocher davantage de leur créateur ? C’est dire si c’est un Ramadan sous des bombes que s’apprêtent à vivre encore les Soudanais, près d’un an après l’éclatement de ce conflit armé qui n’est pas loin d’être aujourd’hui une guerre oubliée par la communauté internationale. Comment peut-il en être autrement quand on voit l’incapacité de la communauté internationale à imposer la paix au Soudan ? Comment peut-il en être autrement quand on voit comment elle est en train de se détourner petit à petit du Soudan où les cessez-le-feu sont presque systématiquement violés par les belligérants au grand dam des organisations humanitaires qui éprouvent toutes les peines du monde pour leurs interventions ? Comment peut-il encore en être autrement quand on voit le peu d’engagement de cette même communauté internationale à trouver une solution durable à la crise soudanaise ? De là à voir derrière ces atermoiements un manque de sérieux si ce n’est d’intérêt, il y a un pas que l’on pourrait vite franchir.

 

La solution à la crise au pays de Omar el Béchir, viendra d’abord des Soudanais eux-mêmes

 

 

D’autant qu’il est aujourd’hui un secret de Polichinelle que derrière les deux chefs de guerre, se cachent des puissances étrangères aux intérêts divergents. Et tant qu’il en sera ainsi, tout porte à croire que la paix restera toujours une arlésienne au Soudan. Un pays qui n’est pas loin de vivre aujourd’hui les mêmes réalités que la Libye post-Kadhafi en proie au choc des intérêts des grandes puissances. C’est dire si dans le cas d’espèce, l’hypocrisie de la communauté internationale paraît manifeste. C’est dire aussi si la solution à la crise au pays de Omar el Béchir, viendra d’abord des Soudanais eux-mêmes. Et la communauté internationale n’y pourra rien si les belligérants eux-mêmes ne montrent pas une volonté d’aller à la paix. C’est pourquoi la responsabilité du Général Al-Burhan et celle de son rival Hemetti sont engagées devant l’histoire. Et à l’étape actuelle du conflit, leur engagement patriotique se mesurera à l’aune de leur capacité à œuvrer pour le retour de la paix dans leur pays. Mais encore faudrait-il qu’ils se montrent capables de ce supplément d’âme pour la cause de leur pays. En attendant, avec cette guerre qui n’en finit pas de se prolonger, le pays court inexorablement à la ruine et l’on se demande d’où viendra le salut du peuple soudanais. Mais d’ores et déjà, avec un pays pratiquement en lambeaux, le prix de la reconstruction s’annonce très élevé.

 

 « Le Pays »


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