HomeA la uneGUERRE AU SOUDAN : Que peut encore l’ONU ?  

GUERRE AU SOUDAN : Que peut encore l’ONU ?  


 Alors que la 79e Assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU) qui s’est ouverte le 22 septembre dernier à son siège à New York, s’apprête à se pencher sur la guerre qui déchire le Soudan depuis avril 2023, les combats continuent de faire rage entre le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al-Burhan, et son rival des Forces de soutien rapide (FSR), le général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti. Et ce, malgré les initiatives de paix et autres appels au cessez-le-feu entrepris par la communauté internationale à l’effet de rapprocher les deux généraux ennemis. C’est dans ce contexte que de nombreuses informations font état d’une offensive « à large échelle » lancée par les FSR sur la ville stratégique de El Fasher, la capitale du Darfour-Nord, devenue l’épicentre du conflit entre les belligérants. Et tout se passe comme si le général Hemedti et ses hommes ont mis un point d’honneur à faire tomber la ville, au regard des forces qu’ils ont jetées dans la bataille au moment où des voix, et pas des moindres, appellent au retrait des forces combattantes pour éviter une grande tragédie. Ainsi en est-il du président américain, Joe Biden, du chef de la diplomatie européenne, Joseph Borrel, et du patron de l’ONU, Antonio Guterres, qui ont tous exprimé leurs fortes préoccupations tout en exhortant les belligérants à la négociation. 

 

Chacun des belligérants nourrit le secret espoir de remporter militairement la guerre

 

Des appels qui semblent encore loin d’être entendus au regard de la détermination des belligérants à en découdre par les armes. En témoignent les innombrables cessez-le-feu qui sont presque systématiquement violés dans un contexte de violences inouïes où l’aide humanitaire peine à se trouver un chemin pour parvenir aux populations qui sont pourtant dans le besoin. Et depuis 17 mois que dure le conflit, il a déjà laissé sur le carreau des milliers de morts et des millions de déplacés. C’est toujours le même scénario affligeant de populations fuyant la guerre et ne sachant plus à quelle armée se vouer, que le Soudan vit au quotidien. En tout cas, tout se passe comme si en feignant d’être ouvert au dialogue et à la négociation, chacun des belligérants nourrit le secret espoir de remporter militairement la guerre pour pouvoir négocier en position de force, le moment venu. Dans ces conditions, que peut encore l’ONU ? La question est d’autant plus fondée que jusque-là, l’Organisation mondiale s’est montrée impuissante à imposer la paix au Soudan. Comment peut-il en être autrement quand derrière les deux chefs de guerre, se cachent des parrains aux intérêts divergents ? Comment peut-il encore en être autrement quand au-delà des discours, l’ONU elle-même a tellement laissé faire qu’elle est aujourd’hui incapable de taper du poing sur la table pour siffler la fin de la récréation ? C’est dire l’hypocrisie de la communauté internationale qui semble montrer une vive émotion face à la tragédie qui se joue au Soudan, mais qui est incapable de prendre des mesures coercitives visant à contraindre les belligérants au dépôt des armes.

 

L’Organisation mondiale qui doit travailler à se donner les moyens de sa politique

 

Pour le citoyen lambda, cela est difficilement compréhensible.  Et ce au regard de la toute puissance que dégage l’Organisation mondiale qui doit travailler à se donner les moyens de sa politique. Car, le tout n’est pas de prendre des mesures ou des sanctions. Encore faudrait-il pouvoir les faire appliquer sur le terrain, pour qu’elles puissent produire les effets escomptés. Ce qui est une autre paire de manches. Toujours est-il que dans le cas précis du Soudan, tout porte à croire qu’au-delà des solutions politiques, les deux généraux sont obnubilés par une haine viscérale réciproque qui les empêche de donner des chances à la paix. Pendant ce temps, c’est le pauvre peuple soudanais qui continue de souffrir le martyre d’une guerre injuste qu’il n’a pas demandée. Un peuple qui s’est vu confisquer sa révolution et qui est devenu l’otage d’officiers boulimiques du pouvoir et mus par des intérêts purement égoïstes. Autrement, comment comprendre que des militaires qui se disent patriotes et prétendent se battre pour l’intérêt de la Nation, montrent autant d’indifférence aux souffrances des populations innocentes qui continuent de mourir dans cette « guerre insensée », pour reprendre les propos du président américain, Joe Biden, qui leur est totalement étrangère ?   En tout état de cause, pour en revenir à la bataille d’El-Fasher qui nourrit les ambitions des FSR et qui suscite les inquiétudes de la communauté internationale, la question qui se pose est de savoir si elle marquera un tournant décisif qui permettra à la guerre de basculer dans un sens ou dans l’autre.  Ce serait peut-être un mal pour un bien, si cela devait permettre à la crise de tendre enfin vers son épilogue.

 

 « Le Pays »

 

 

 

 


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