HomeA la uneGUERRE POUR LE POUVOIR AU SOUDAN : Salva Kiir réussira-t-il à faire fumer le calumet de la paix aux deux généraux ?

GUERRE POUR LE POUVOIR AU SOUDAN : Salva Kiir réussira-t-il à faire fumer le calumet de la paix aux deux généraux ?


Après les cessez-le-feu obtenus par la coalition Etats-Unis-Arabie Saoudite, le Soudan du Sud vient d’arracher un nouveau cessez-le feu d’une semaine et ce, à compter du 4 mai dernier. Mais à peine est-il entré en vigueur qu’il a été violé. Toutefois, il faut saluer la bonne disposition d’esprit des deux généraux à savoir Abdel Fattah Al-Burhan et Mohamed Hamdan Dagalo dit ‘’Hemetti’’, à proroger la trêve. Il faut d’autant plus s’en féliciter que cela permettra aux populations soudanaises qui vivent sous les bombes, d’avoir un répit pour non seulement soigner leurs centaines de blessés, mais aussi enterrer dans la dignité, leurs nombreux macchabées laissés sur le carreau. Mais le Soudan du Sud va-t-il réussir là où les grandes puissances ont échoué? Autrement dit, Salva Kiir réussira-t-il à faire fumer le calumet de la paix aux deux généraux ? Rien n’est moins sûr. On est d’autant plus pessimiste que les précédents cessez-le-feu avaient été tous violés. Preuve, s’il en est, que les deux généraux semblent déterminés à aller jusqu’au bout. C’est vrai qu’ils ont accepté le principe d’envoi de représentants pour participer à des pourparlers dont ni le lieu ni la date n’ont été déterminés, mais cela ne garantit pas le respect de cet énième cessez-le-feu. Il ne faut pas se bercer d’illusions. Tant que les deux généraux continueront à bénéficier du soutien de leurs parrains, la guerre ne s’arrêtera pas de sitôt. Cela dit, il faut féliciter le président Salva Kiir pour cette œuvre de médiation. Il fait sien l’adage selon lequel « quand la case du voisin brûle, il faut y apporter de l’eau pour l’aider à éteindre l’incendie ». Il a d’autant plus de mérite que son pays revient de loin.

 

La communauté internationale est d’autant plus à blâmer qu’elle dispose de tous les moyens pour ramener les deux généraux à la raison

 

En effet, dès sa naissance, le Soudan du Sud a été vite confronté à une guerre fratricide dont les principaux acteurs n’étaient autres que Salva Kiir et Riek Machar. Si les djinns semblent être rentrés aujourd’hui dans leur bouteille, c’est bien grâce à d’énormes efforts et de sacrifices. Et si Salva Kiir se rend aujourd’hui au chevet de ses frères soudanais, c’est parce que lui-même est passé par là. C’est dire s’il ne manque pas d’atouts d’autant qu’il connaît bien les deux généraux. En tout cas, les Soudanais espèrent que ce dernier apportera un plus à la résolution de cette crise après que la communauté internationale s’est, jusque-là, montrée incapable de faire cesser les hostilités. Une incapacité notoire que le patron de l’ONU, lui-même, Antonio Guterres, n’a pas hésité à dénoncer. La communauté internationale est d’autant plus à blâmer qu’elle dispose de tous les moyens pour ramener les deux généraux à la raison. Or, il est plus qu’urgent d’œuvrer à mettre fin à cette comptabilité macabre et à ce triste spectacle de Soudanais contraints de fuir leur pays avec leurs balluchons face à la rage des combats. En tout cas, la communauté internationale doit mettre à profit cette trêve pour arracher un cessez-le-feu définitif car les Soudanais ont trop souffert. Et plus tôt elle le fera, mieux cela vaudra. Car, tout laisse croire que l’ancien régime dont certains dignitaires viennent d’être libérés, semble pêcher en eaux troubles. Or, les Soudanais ont encore en mémoire l’enfer que le régime d’Omar el-Béchir leur a fait vivre durant un quart de siècle.

 

Dabadi ZOUMBARA      


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