HomeA la uneHCRUN : Des travailleurs déflatés plaident leur cause

HCRUN : Des travailleurs déflatés plaident leur cause


Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) poursuit les auditions dans le cadre du traitement des dossiers auxquels il doit apporter des solutions appropriées. Parmi les 5 065 dossiers déjà enregistrés ou en cours d’enregistrement, figure celui de l’Association nationale des travailleurs déflatés (ANTD) dont une délégation a été reçue et entendue, le lundi 25 janvier 2017 à Ouagadougou.

 

« Déscolarisation de leurs enfants, divorce, suicide, décès. » Voici des préjudices dont la liste n’est pas exhaustive, subis par les travailleurs licenciés à cause de l’application du Programme d’ajustement structurel (PAS) dans les années 90. Ces ex-travailleurs, au nombre d’environ 6 000, sont issus d’une trentaine de structures d’Etat provenant des sociétés industrielles et commerciales, des banques, des mines, des transports et de l’agriculture. Ils se sont réunis au sein de l’Association nationale des travailleurs déflatés (ANTD) qui a déposé, pour défendre les droits perdus de ses membres, un dossier auprès du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). La rencontre intervenue le 25 janvier dernier, marque le début du traitement de ce dossier par la structure dont l’une des missions consiste à créer les conditions favorables à la réconciliation, à l’unité nationale et à la cohésion sociale. Cette rencontre a permis aux représentants de l’association de faire, selon le président du HCRUN, Benoit Kambou, l’état des conditions de liquidation de leurs anciennes sociétés de travail et les conséquences qu’ils vivent au quotidien. Au sortir des échanges avec 3 des 42 membres de l’association présents, des motifs de satisfaction ne manquent pas déjà chez les hôtes du jour. « Nous avons espoir que le HCRUN va être sensible à nos préoccupations. La Banque mondiale a préconisé que l’on nous paie 60 mois de salaire pour chaque travailleur déflaté. Cette situation n’a pas été réglée. Cela a été fait de manière disparate et insignifiante », a déploré le président de l’ANTD, Karim Niankara, qui compte sur le HCRUN pour obtenir réparation des préjudices. En attendant, « la vie est dure » pour les ex-travailleurs licenciés, a reconnu l’un d’entre eux, François Ouédraogo, qui officiait à la Société de financement et de vulgarisation de l’arachide. Après la privatisation de cette société qui fonctionnait à merveille, les travailleurs ont été mis à la porte en juin 1999 sans avoir été dédommagés à la hauteur de leurs attentes. « Ce qui était préconisé au niveau de la Banque mondiale était de nous payer 5 ans de salaire alors que l’on n’en a eu que pour 12 mois ». Ainsi commença le calvaire de ces 42 ex-travailleurs obligés de se « débrouiller » pour pouvoir joindre les deux bouts. Pour relever ce défi, François Ouédraogo a acheté avec l’argent d’une année de salaire dont ils ont bénéficié, un véhicule et faisait le taxi. « Mais ce n’était pas son domaine », a-t-il reconnu, puisqu’il était agent d’agriculture. Conséquence : son travail de taximan reconverti a été éphémère : « ça a fait long feu et entre-temps, j’ai chômé pendant 4 ans. Actuellement, je me suis converti en maçon, petit entrepreneur, je me débrouille comme ça », a expliqué François Ouédraogo qui a une femme et 5 enfants. A la question de savoir comment il fait pour subvenir aux besoins de sa famille, il a été clair : « C’est grâce à Dieu. Nous espérons que l’on trouvera une solution à notre problème, sinon ce n’est pas facile. Nous réclamons le salaire des 4 ans restants ».

 

Saïdou ZOROME (Collaborateur)

 

 


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