HomeA la uneHECATOMBE DE BOUNGOU

HECATOMBE DE BOUNGOU


Depuis le 6 novembre dernier, le Burkina est encore en deuil, suite à l’hécatombe de Boungou qui a vu une quarantaine de personnes tomber sous les balles assassines des forces du mal.  Et le bilan n’est encore que provisoire puisqu’on signalait, par ailleurs, une soixantaine de blessés et une centaine de disparus, dans l’attaque d’un convoi sous escorte militaire, de plusieurs bus d’une compagnie minière dans l’Est du pays. Un deuil de 72 heures a été décrété par les autorités, à compter de ce vendredi 8 novembre 2019. Une attaque qui apporte plus de questions que de réponses par rapport à la lancinante question du terrorisme que les Burkinabè vivent plutôt mal et que le pays traîne comme un boulet au pied depuis 2016. En effet, cela fait quatre ans que les Burkinabè ne savent pas qui sont ces individus armés non identifiés qui les attaquent  et pourquoi. Or, tant que l’on n’aura pas de réponses claires à ces questions, il sera difficile de dire quand est-ce que prendra fin le cycle infernal de ces attaques qui se veulent les unes toujours plus meurtrières que les autres.

 

C’est la résilience du peuple burkinabè que les ennemis de la Nation cherchent à briser

 

En attendant, l’hécatombe de Boungou vient en rajouter à la vive douleur ressentie par le peuple burkinabè durement éprouvé par l’enchaînement des attaques terroristes qui ne cessent d’endeuiller le pays, surtout  dans le Nord et à l’Est. Mais au-delà du choc émotionnel, le peuple burkinabè doit rester mentalement fort, digne et courageux. Car, tout porte à croire qu’en frappant aussi durement le pays, c’est la résilience du peuple burkinabè que les ennemis de la Nation cherchent à briser. Ce, après avoir échoué à faire basculer le pays dans le cycle des affrontements intercommunautaires et interreligieux généralisés dont la menace est cependant loin de s’être estompée. Cela dit, si quatre ans après le début des attaques, les Burkinabè cherchent toujours à comprendre les motivations réelles de ces individus armés non identifiés qui s’en prennent à eux dans un élan d’une rare barbarie, il y a des raisons de lier l’attaque du 6 novembre dernier au  nouveau contexte global de lutte contre le terrorisme au Sahel. De ce point de vue, cette attaque sonne comme une action de représailles suite à la mort annoncée du N°2 du GSIM d’une part, et au renforcement du front antiterroriste à travers les nouvelles mesures annoncées par Paris, en collaboration avec le Burkina et les autres pays du Sahel frappés par l’hydre, d’autre part. En tout cas, les terroristes voudraient faire un pied de nez aux experts du G5 Sahel réunis dans la capitale burkinabè au moment des faits, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. C’est pourquoi le Burkina doit rester debout, malgré  l’indicible et l’indescriptible douleur ressentie par le peuple qui a été fortement touché dans sa chair et dans son âme, par l’ampleur des dégâts humains de cette attaque qui est, à ce jour, la plus meurtrière jamais subie au pays des Hommes intègres. Ce d’autant qu’à l’approche de la fin de l’année, il faut craindre d’autres actions du genre visant à marquer de façon encore plus sanglante, le passage à l’année nouvelle. C’est dire si la situation appelle à un relèvement du niveau de vigilance à tous les niveaux, à commencer par les contrôles sur les axes routiers.

Ces attaques ont des fondements qui vont au-delà de la simple question djihadiste

 

Les autorités doivent donc se secouer davantage, si elles ne veulent pas laisser le doute s’installer encore plus dans l’esprit de leurs compatriotes quant à leur capacité réelle à faire face à la situation. Le combat sera certes de longue haleine. Mais si les Burkinabè ne s’attendent pas à voir le terrorisme disparaître du jour au lendemain de leur quotidien, ils ont quand même besoin d’avoir un début de réponse cohérente à la question de qui les attaque, pourquoi et dans quel but. Car, la récurrence des attaques devenues variées et quasi quotidiennes, résiste difficilement à la thèse de la stratégie du harcèlement, d’autant, qu’elles sont de moins en moins revendiquées. Dans quel but ? Mystère et boule de gomme. C’est pourquoi il y a des raisons de croire que ces attaques ont des fondements qui vont largement au-delà de la simple question djihadiste. Et si le secteur minier, qui est l’un des rares poumons économiques qui permet au pays de tenir encore debout, est aujourd’hui frappé, il y a des raisons de croire que c’est l’économie burkinabè pourtant déjà pas du tout au mieux de sa forme, qui est clairement visée, avec pour objectif de décourager les investisseurs. En tout état de cause, il appartient aux autorités de prendre toute la mesure du péril et de s’atteler à trouver la riposte appropriée. Cela appelle à faire la part belle, autant que faire se peut, aux moyens aériens dont l’efficacité n’est plus à démontrer.  Car, si l’opération militaire Otapuanu avait fait naître l’espoir suite à la relative accalmie qui s’est ensuivie au point que l’on avait des raisons de croire que le terrorisme y était devenu résiduel, l’attaque du 6 novembre dernier sonne comme le réveil de la bête immonde et vient rappeler la nécessité de toujours garder l’arme au pied. En plus, celle-ci semble marquer un tournant, au regard de l’ampleur des dégâts humains. C’est pourquoi elle devrait être aussi une interpellation aux sociétés minières à réorganiser la rotation de leurs convois.

 « Le Pays »

 


No Comments

Leave A Comment