HomeA la uneHUMILIATIONS A REPETITION DU PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Jacob Zuma a-t-il encore de la dignité ?

HUMILIATIONS A REPETITION DU PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Jacob Zuma a-t-il encore de la dignité ?


Le président sud-africain, Jacob Zuma, n’oubliera pas de sitôt ce qu’il a vécu le 1er mai 2017, à la faveur des manifestations commémoratives de la fête du travail organisées par la Cosatu, l’une des puissantes centrales syndicales du pays, jusque-là partenaire privilégié de l’ANC, le parti au pouvoir. En effet, alors qu’il s’apprêtait à prononcer un discours lors de cette manifestation organisée à Bloemfontein, dans le centre du pays, le président Zuma a été proprement hué par des participants au rassemblement, qui ne réclamaient que sa démission. Non seulement, le chef de l’Etat sud-africain n’a pas réussi à prononcer son discours, mais il a dû aussi quitter précipitamment la cérémonie et filer dare-dare, pratiquement, la queue entre les jambes. Cela, parce que les esprits commençaient à s’échauffer et des heurts ont même été signalés entre adversaires et sympathisants du chef de l’Etat, tant et si bien que la cérémonie s’est achevée en queue de poisson. Pour un regroupement qui se voulait un instant de célébration mémorable de la célèbre lutte des travailleurs, il aura fallu la présence du premier des Sud-africains pour gâcher la fête. Preuve, si besoin en était encore, que le président de la nation arc-en ciel n’est plus du tout en phase avec son peuple dont une frange de plus importante ne veut plus le voir conduire les affaires de l’Etat. Et pour cause, depuis quelque temps, Jacob Zuma accumule les tuiles sur sa tête avec des scandales de corruption, détournement de fonds publics, affaires de mœurs, etc. Mais tel un roseau, Jacob Zuma plie, mais ne rompt pas, échappant à plusieurs motions de défiance engagées contre lui au parlement, en raison du soutien de son parti, l’ANC, majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais pour combien de temps encore va-t-il échapper ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Car, au sein de son propre parti, bien des membres et pas des moindres commencent à être exaspérés par ses frasques, au point que l’ancien président, Thabo Mbéki, a récemment appelé les députés de l’ANC à voter en leur âme et conscience, pour ne pas dire contre Zuma s’ils le veulent.

L’ANC ne fait plus rêver

Même son traditionnel allié qu’est justement la Cosatu, à l’initiative de la rencontre du 1er mai, s’est désolidarisé du chef de l’Etat et a aussi appelé à sa démission le mois dernier. Cela dit, ce n’est pas la première fois que Jacob Zuma est publiquement conspué de la sorte par une partie de ses compatriotes. L’on se rappelle, en effet, que lors des obsèques de Nelson Mandela en 2013, alors que le président américain, Barack Obama, recevait une ovation délirante au stade de Soweto, Jacob Zuma était hué par une partie de ses compatriotes présents dans les tribunes. Plusieurs fois, le chef de l’Etat a eu à faire face aux attaques et autres quolibets du truculent Julius Malema et ses camarades qui ont, à plusieurs reprises, battu le macadam contre lui au parlement, parce qu’ils estiment qu’il n’est pas digne de l’héritage de Madiba et qu’il est totalement disqualifié pour diriger l’Afrique du Sud. Et pour que Zuma en arrive à être persona non grata aux obsèques d’un ancien compagnon de lutte et icône du passé glorieux de l’ANC comme Ahmed Kathrada, il faut qu’il ait complètement dépassé les bornes pour mériter un tel traitement qui ressemble, à bien des égards, au comble de l’humiliation.

Malgré tout, le président Zuma continue de s’accrocher à son fauteuil sans pour autant rectifier le tir. C’est à se demander si ce monsieur a encore de la dignité. Car, comment comprendre qu’une haute personnalité de son rang puisse accumuler autant d’humiliations publiques, faire l’objet de tant de motions de défiance et de censure, cristalliser autant de réprobations dans son propre camp où des voix s’élèvent pour clouer au pilori sa gouvernance et puisse encore avoir goût au pouvoir ? A son âge, qu’attend-il encore de la vie ? En tout cas, s’il pense qu’il est vraiment là pour son peuple, Jacob Zuma devrait écouter la voix de ce peuple qui lui demande de rendre le tablier et se retirer dignement, sans avoir besoin d’être poussé à la sortie comme un malpropre. Car, de par sa faute, l’ANC ne fait plus rêver et s’il n’y prend garde, il court à sa perte en raison de son soutien aveugle à Jacob Zuma. Sa déconvenue aux dernières élections municipales est peut-être un signe des temps. A lui de savoir le décrypter.

Outélé KEITA


No Comments

Leave A Comment