HomeA la uneIMMIGRATION : 133 Burkinabè rapatriés de Libye

IMMIGRATION : 133 Burkinabè rapatriés de Libye


 

La situation va de mal en pis en Libye où des factions rivales se disputent le pouvoir. Pour les immigrés, cette situation vient compliquer davantage un environnement qui leur était déjà hostile. Si fait qu’il leur faut le plus souvent fuir avec leur baluchon. C’est, du moins, l’avis d’une partie des 133 Burkinabè rapatriés volontairement  le  vendredi 8 janvier dernier. Ils ont été accueillis à leur descente d’avion à l’Aéroport international de Ouagadougou par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces compatriotes ont rejoint la mère patrie dans le dénuement total et ne souhaitent plus envisager une quelconque aventure.

Vendredi 8 janvier 2016. Il est 21 heures à l’Aéroport international de Ouagadougou. Les journalistes qui attendaient depuis une bonne trentaine de minutes, assistent à l’arrivée de 133 Burkinabè rapatriés de Libye. Après  les formalités policières, chacun récupère ses bagages avant de  raconter son calvaire à la presse. Sous les  regards de la chargée de  l’assistance de l’OIM, Stéphanie Zoungrana, les témoignages étaient  simplement poignants.

Parti   il  y a  de cela un  an, Mahamadou Guébré  était cireur de chaussures à Tripoli dans la capitale libyenne. Il dit avoir quitté son village natal de Niogo (région du Centre-Est), dans l’espoir  de faire fortune au pays du défunt Mouammar Kadhafi. Que d’espoirs déçus ! « Nous avons subi des humiliations à Tripoli. Nous avons été traqués, persécutés et sommés de verser des sommes d’argent à la police. Nous étions à un doigt de la mort et nous remercions Dieu de nous avoir permis de regagner notre pays sain et sauf », raconte-t-il. Pour sa  part, Salif Ouédraogo est originaire de Touya, à une dizaine de Km de Ouahigouya, dans la province du Yatenga. Interrogé  sur ce qui lui est arrivé en Libye, il raconte son calvaire en ces termes : « J’ai quitté mon village il y a 3 mois seulement et j’avais l’intention d’aller chercher de l’argent pour subvenir aux besoins de la famille. C’est un ami qui m’a convaincu d’y aller, car il y a du travail là-bas. Mais  quand  j’y suis arrivé, j’ai constaté tout le contraire. Tout le pays est dans l’insécurité. Là-bas, les ressortissants d’Afrique noire sont victimes de racisme. Quand vous vous levez le matin, vous ne savez pas à quel moment vous pouvez trouver la mort. C’est vraiment l’enfer sur terre que nous y vivions. Un jour, j’étais en plein travail quand la police est venue m’enlever. Nous avons été frappés et dépouillés de notre argent. Je remercie  au  passage notre Ambassade en Libye qui est  intervenue pour notre libération. Comme vous le voyez, je suis descendu à Ouaga sans bagage. Malgré tout, je rends grâce au Seigneur pour cette grande chance qu’il nous a donnée. »

Aly Ouédraogo était également du voyage et  n’oubliera pas de sitôt cette mésaventure qu’il n’aurait jamais vécue s’il était resté dans son village de  Boussouma dans le Sanmatenga. Il  dit avoir  frôlé la mort  et déconseille   aux jeunes de son âge de risquer leur vie en allant en Libye.

« Nous remercierons Dieu pour nous avoir épargné la mort. J’ai été attrapé, menotté avant d’être bastonné. On m’a ensuite remis un portable pour que j’appelle un de mes proches qui va venir payer de l’argent pour ma libération. Et ceux qui sont venus ont dû débourser une somme qui variait entre 200 000 et 250 000 F CFA. C’est pour vous dire que la Libye n’est plus un Eldorado comme beaucoup le pensent. J’ai fait 61 jours en prison avant de retrouver la liberté. J’ai une femme et 2 enfants. Je croyais que cette aventure allait m’aider à avoir de l’argent pour venir m’occuper d’eux », a-t-il laissé entendre. Benoît Sawadogo est originaire de Manga  et n’a jamais imaginé que son voyage libyen pouvait tourner au vinaigre. Ses 19 mois à Tripoli s’apparentent à un enfer terrestre.

« La méchanceté en Libye dépasse l’entendement. On vous force à travailler et à  la fin du contrat, l’employeur vous dit de partir. Si vous voulez contester, il sort son fusil et vous menace. Beaucoup de nos camarades sont morts de cette façon », nous a-t-il confessé.

A signaler que tous les 133 expatriés volontaires ont été conduits dans un site d’hébergement à Somgandé. Chacun a reçu de l’argent de la part de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour  regagner son village d’origine.

Hamed NABALMA


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