HomeA la uneIMPOSITION DU PORT DU VOILE AUX FEMMES FONCTIONNAIRES EN GAMBIE : La pantalonnade supplémentaire de Jammeh  

IMPOSITION DU PORT DU VOILE AUX FEMMES FONCTIONNAIRES EN GAMBIE : La pantalonnade supplémentaire de Jammeh  


 

Le 12 décembre dernier, le président gambien, Yahya Jammeh, déclarait, à la surprise générale, que son pays deviendrait un « Etat islamique ». Et comme pour contenir l’émotion qu’avait suscitée une telle annonce fracassante, le maître incontesté de Banjul s’était empressé de rassurer les uns et les autres qu’aucun code vestimentaire ne serait imposé aux femmes. Il fallait être dupe pour croire que dans un « Etat islamique », les femmes seraient logées à la même enseigne que les hommes, sans aucune discrimination ni remise en cause de leur liberté. Surtout quand on sait qu’avec Yahya Jammeh, l’inconstance le dispute à la versatilité à telle enseigne qu’il ne faut jurer de rien. En effet, dans une circulaire envoyée par le Bureau de gestion du personnel à toutes les administrations gambiennes, datant du 4 janvier 2016, ordre est fait aux femmes de ne plus montrer leurs cheveux pendant les horaires de travail, en référence à une directive entrée en vigueur, fin décembre dernier. En termes plus clairs, les femmes fonctionnaires gambiennes doivent « se couvrir les cheveux et les attacher » surtout quand elles vont au service, sous peine de se voir accusées d’apostasie. C’est la preuve, pour ceux qui en doutaient comme Saint Thomas, que la Gambie, à petits pas, est en train de devenir un « Etat islamique » conformément au vœu de son président; en témoigne le port du voile qui vient d’être imposé aux femmes. Et ce, au moment même où bien des Etats, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sur fond d’insécurité, ont décidé de remettre en cause le port de certains signes religieux ostensibles et ostentatoires comme la burqua. Même la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont fait partie la Gambie, s’est dit favorable à l’interdiction du port intégral du voile dans un contexte où l’intégrisme gagne du terrain.

Le peuple gambien doit siffler la fin de la récréation

Pourquoi donc cette pantalonnade supplémentaire de Jammeh dont le pays, faut-il le rappeler, vit essentiellement de ressources touristiques ? Le bon sens voudrait qu’il se montrât plus réceptif, son pays recevant un grand nombre d’étrangers sur son sol. Que nenni ! Jammeh n’en a cure et en a décidé autrement. Pour quelle raison ? Peut-être fait-il un clin d’œil aux monarchies pétrolières du Golfe. Or, en dépit du chapelet qu’il arbore fièrement, Yahya Jammeh est tout, sauf un modèle de croyant. Car, voilà un homme qui prétend être un adepte de premier rang d’Allah et qui, pour un rien, n’hésite pas à envoyer ad patres ses opposants, pour peu que ceux-ci osent dire non à ses lubies. Si fait que par moments, on a l’impression que lorsqu’il est en manque de publicité, Jammeh fait feu de tout bois pour attirer l’attention du monde entier sur lui. Ce fut le cas lorsque naguère, l’homme décrétait que son pays abandonnerait l’anglais pour l’arabe comme langue officielle. Il en fut de même lorsqu’il s’était aussi autoproclamé Shaman des tropiques, capable de guérir tous ses concitoyens malades du SIDA, avant de surprendre encore le monde en se disant disposé à accueillir la minorité Royinga de Birmanie. Les pitreries de ce genre, on peut en citer à la pelle, tant Jammeh est coutumier du fait. En tout cas, las de dictature et de bouffonneries, le peuple gambien doit enfin prendre son destin en main pour siffler la fin de la récréation comme l’ont fait d’autres peuples sur le continent noir. Ce n’est pas impossible. D’autant que Jammeh n’est pas Dieu.

Boundi OUOBA


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