HomeOmbre et lumièreINAUGURATION DE LA BANQUE AGRICOLE DU FASO : L’enfer est pavé de bonnes intentions

INAUGURATION DE LA BANQUE AGRICOLE DU FASO : L’enfer est pavé de bonnes intentions


 

Les acteurs du monde agricole avaient le sourire aux lèvres le vendredi 29 mars 2019. Et pour cause : la Banque agricole du Faso (BADF) a été inaugurée ce jour-là. Comme pour signifier l’importance de l’évènement, c’est le président du Faso himself qui a présidé la cérémonie. Il faut rappeler d’ailleurs que l’ouverture de cette institution financière vient concrétiser une de ses promesses de campagne. Cela dit, la BADF, selon les autorités, a pour vocation de financer les activités du monde rural. Et, peut-on dire, elle s’en est donné les moyens. En effet, la structure est dotée d’un capital de 14 milliards de F CFA. 96 actionnaires ont dû cracher au bassinet à cet effet. Le principal d’entre eux est l’Etat burkinabè. L’on peut, d’entrée du jeu, relever la pertinence de la mise en place de cet outil. En effet, les acteurs du monde agricole représentent, à eux seuls, plus de 80% de la population burkinabè. De ce point de vue, leur dédier spécifiquement une banque à l’effet de booster leurs activités, peut être perçu comme une réparation d’un tort fait à la frange socio-professionnelle, de loin, la plus importante du pays. L’un des effets induits est l’augmentation considérable du taux de bancarisation. Celui-ci, rappelons-le, est l’un des plus faibles de l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Outre le fait que l’augmentation du taux de bancarisation participe de la modernisation de l’économie, il y a aussi le fait qu’elle peut permettre aux paysans de sécuriser leurs revenus. Et par ces temps d’insécurité ambiante, cela n’est pas rien. Mais ouvrir une banque dédiée au monde rural est une chose. Et faire en sorte que cette banque serve véritablement les intérêts des paysans, en est une autre. En effet, par le passé et pour être plus exact, sous la 3e république, l’Etat avait mis en place la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA). Cette structure, qui avait pour objectif principal d’accorder des crédits aux paysans à l’effet de moderniser leur équipement et d’accroître subséquemment leur rendement, a fini par succomber sous le poids de la mauvaise gouvernance et de la bureaucratie.

Tout doit être mis en œuvre pour que la BADF réussisse

Résultat, elle a mis la clef sous le paillasson après avoir ruiné le monde rural. Rien que le rappel de cette douloureuse expérience suffit pour donner la chair de poule à certains bénéficiaires. L’on peut aussi ajouter, au cas de la CNCA, celui de la Banque nationale de développement (BND). Cette banque est aussi morte de sa belle mort consécutivement aux mêmes causes. De ces deux malheureuses expériences, l’on peut tirer les enseignements suivants. Les structures de financement où l’Etat est l’actionnaire principal, sont perçues comme des vaches à lait. Ceux qui boivent ce lait à satiété sont généralement les agents de l’Etat qu’on y affecte et les hommes politiques. Et à force de boire le lait sans modération, ils finissent par tuer la vache qui le produit. Il faut absolument que la BADF mette un point d’honneur à tourner le dos à ce genre de pratiques mafieuses, sinon les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets. Pour éviter cela à la BADF, il faut d’abord procéder à un appel à candidatures pour sélectionner l’homme ou la femme qui va la diriger. Il ne faut surtout pas préférer la carte politique à la compétence. En plus de cela, il faut un Conseil d’administration digne de ce nom, qui va, véritablement, contrôler l’orthodoxie de la gestion du directeur et qui va l’évaluer aux résultats. Il faut également que les salaires et autres primes et indemnités qui seront servis aux agents, ne soient pas hors norme. Ces précautions peuvent aider la banque à grandir. Mais cela ne suffit pas pour que la banque réponde aux attentes des paysans. Il faut, en plus, fixer des taux d’intérêt à caractère social. L’on sait que, par nature, toutes les banques ont pour vocation de réaliser des bénéfices mais il faut reconnaître que sous nos tropiques, elles sont trop gourmandes. Pour finir, la suggestion que l’on peut faire pour que la BADF réponde au mieux aux attentes des bénéficiaires, c’est de la rendre proche des populations et d’alléger le dossier pour bénéficier de ses services. En tout cas, tout doit être mis en œuvre pour que la BADF réussisse. Car l’enjeu, ici, est de tirer les paysans de la précarité afin qu’ils apportent leur pierre à l’édification d’une économie forte et prospère. Ce défi incombe à l’ensemble de la Nation. C’est pourquoi la BADF ne doit pas être perçue comme l’affaire des paysans mais comme l’affaire de tous.

Sidzabda


Comments
  • Bonsoir ,ma vieille avait un compte au saint de la banque nationale de développement, malheureusement elle décédé en 1998 ,on vient de nous ramener des documents ,de Abidjan , j’aimerais savoir savoir la ou se trouve la banque nationale de développement actuellement,pour voir la situation de son compte, merci et bonne favorable à vos côtés ?

    21 septembre 2023

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