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INONDATIONS EN AFRIQUE : Les responsabilités sont partagées


Alors que l’actualité au Sahel est marquée par le bruit des armes, un invité-surprise s’y est installé. Il s’agit des inondations consécutives aux pluies diluviennes qui s’abattent sur le continent. Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso, aucun pays ne fait l’exception. L’ampleur du phénomène est telle que le Mali a même été contraint de décréter l’état de catastrophe naturelle.  Et la question évidente que tous se posent, est la suivante : quelles sont les causes de la furie des eaux ?  Alors que l’imaginaire collectif, comme toujours en pareilles circonstances, pointe la colère des génies, les rationalistes pointent un doigt accusateur sur le dérèglement climatique. Mais il n y a pas que le changement climatique qui a certes bon dos, qui est mis en cause. Il y a aussi et surtout l’urbanisation rapide et les problèmes d’infrastructures dans nos Etats.   En effet, la première cause des inondations en cours dans le Sahel, est effectivement le dérèglement climatique. Cette crise climatique, c’est connu, est la résultante de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, alimentée par la déforestation généralisée, la dépendance excessive à l’égard des combustibles fossiles et les pratiques agricoles non durables.

 

Les inondations sont lourdes de conséquences pour les populations

 

En conséquence, le Sahel  connaît des phénomènes météorologiques extrêmes dont les inondations, en raison de l’augmentation des précipitations et des températures. Mais au-delà de la crise climatique, c’est aussi l’urbanisation rapide en Afrique qui est en cause. En effet, l’expansion des infrastructures qui a lieu pendant l’urbanisation implique la mise en place de surfaces imperméables comme les routes et les trottoirs. Cela empêche l’eau de s’infiltrer dans le sol et augmente le ruissellement de surface, surchargeant logiquement les systèmes de drainage et provoquant des inondations. L’urbanisation réduit également les zones humides en empiétant sur celles-ci pour soutenir la croissance rapide des villes. Cela influe sur la capacité des tissus urbains à gérer les fortes précipitations. Surtout quand on sait que les zones humides sont des éponges naturelles qui capturent et absorbent les eaux de crue. L’une des causes des inondations et pas des moindres, est aussi la mauvaise qualité des infrastructures et leur mauvais entretien.  En effet, les mauvais systèmes de drainage sont également un problème qui aggrave les inondations en Afrique. Par exemple, la mauvaise gestion des déchets dans de nombreux quartiers entraîne l’obstruction des canalisations. Cela limite la capacité du système à évacuer l’eau et surcharge les canalisations au point de les faire éclater. Cela dit, autant donc la responsabilité des Etats  qui ont l’initiative de l’aménagement urbain et de la réalisation des infrastructures, est engagée, autant est aussi engagée celle des populations par leurs comportements inciviques.  Mais quelles que soient les causes, les inondations sont surtout lourdes de conséquences pour les populations, notamment les plus vulnérables comme les Personnes déplacées internes (PDI).

 

Les grandes puissances industrielles doivent aussi faire montre de responsabilité en diminuant leur impact carbone

 

En effet, lorsque des inondations se produisent, les réfugiés et autres personnes déplacées sont souvent les plus durement touchés. Car, ils vivent dans des conditions précaires, dans des abris temporaires ou semi-permanents, sur des sites construits dans des endroits souvent isolés. Au nombre des conséquences des inondations, l’on note les nombreux morts par noyade, la destruction des maisons entrainant de nombreux sans-abris. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) chiffre les maisons détruites pour la seule saison pluvieuse en cours à près de 62 000 et le nombre de personnes affectées à 716 473. Au-delà de l’impact humanitaire, ces inondations ont aussi de graves conséquences économiques. En effet, de milliers d’hectares de cultures sont englouties par les eaux et de nombreuses infrastructures sont détruites, rendant impossibles les échanges commerciaux. A terme, c’est donc la sécurité alimentaire qui est compromise. Cela dit, quelles réponses faut-il apporter à cette catastrophe naturelle ? Le plus urgent reste le secours à apporter aux personnes affectées par les inondations. Il faut reloger les sans-abris et veiller particulièrement à leur hygiène car les inondations sont souvent accompagnées de graves épidémies. Il faut aussi subvenir à leurs besoins alimentaires ; un pari qui est loin d’être gagné dans la mesure où la production agricole a été gravement compromise dans les États du Sahel par la crise sécuritaire. La conséquence évidente est les nombreuses plaintes des populations qui expriment leur mécontentement face à l’insuffisance des mesures prises pour faire face à leurs besoins primaires. A long terme, en raison du lien indéniable entre le changement climatique et les inondations, les Etats du Sahel dont la vulnérabilité est mise en évidence par ces inondations, doivent travailler à renforcer la résilience aux inondations et minimiser leurs effets dévastateurs. Et cela passe par des mesures proactives pour résoudre le problème. Au nombre de ces mesures, l’on peut citer, entre autres, une planification rigoureuse du développement urbain, la réalisation d’ouvrages de rétention d’eau et de drainage en qualité et en quantité, la sensibilisation des populations aux bonnes pratiques, la lutte contre le changement climatique par la reforestation et la vulgarisation des pratiques endogènes de production agricole. Au-delà des Etats du Sahel, les grandes puissances industrielles dont la responsabilité est la plus engagée dans le changement climatique, doivent aussi faire montre de responsabilité non seulement en diminuant leur impact carbone mais aussi en déliant les cordons de la bourse pour respecter leurs engagements envers les pays du Sud.

 

« Le Pays »

 

 

 

 

 

 

 


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