INVESTITURE DE JOE BIDEN: Qu’est-ce que l’Afrique peut en attendre ?
Aujourd’hui, 20 janvier 2021, la plus grande démocratie du monde investit le 46e président de son histoire. Joe Biden succède ainsi à Donald Trump qui, en refusant d’admettre sa défaite au terme du processus électoral, gâche ainsi une fête qui devait donner lieu à de grands rassemblements et à des scènes de liesse. En effet, échaudés par l’attaque du Capitole par les « Trumpistes » que l’on soupçonne à nouveau de fomenter des manifestations violentes, les services de sécurité américains ont barricadé la capitale fédérale, Washington DC, qui ne sera accessible qu’à des invités triés sur le volet et qui auront montré patte blanche. Mais ce tour de vis des forces de l’ordre, n’enlève rien à la solennité de l’évènement qui connaitra la présence de tous les anciens présidents des Etats-Unis, à l’exception de Donald Trump qui continue de faire la moue, ainsi que de nombreuses personnalités et stars américaines.
Le constat que l’on peut établir à l’occasion de cette investiture qui a lieu malgré tout, est la force des institutions démocratiques américaines.
Le Bureau ovale sera tout sauf un havre de repos
Certes, l’on a pu craindre, au moment de l’attaque du Capitole, pour la démocratie américaine, mais l’Etat de droit a triomphé sur l’état de nature que tentaient d’imposer des illuminés de tout acabit. Mais il est vrai que cet épisode trouble de l’histoire américaine, laisse de profondes séquelles sur la société, complexifiant du coup la tâche au nouveau locataire de la Maison Blanche. Le Bureau ovale sera donc tout sauf un havre de repos. Et la première tâche qui attend Joe Biden est celle de sa propre sécurité face à des forcenés qui semblent sortis tout droit de l’enfer. La question est à prendre au sérieux quand on sait que dans cette Amérique, il y a eu l’antécédent du président John Kennedy même si l’on peut penser que les contextes sont différents et que les services de sécurité américains ont beaucoup appris de cette tragédie. Mais ce combat pour la sécurité que Joe Biden doit mener, va au-delà de sa propre personne pour embrasser tous les Américains qui vivent dans une société de plus en plus divisée et menacée par le repli identitaire comme l’a montré la récente élection présidentielle. Cette équation sécuritaire est rendue encore plus complexe du fait de la pandémie de la Covid-19 qui fait payer au pays de l’Oncle Sam, l’un des plus lourds tributs au monde.
Le second grand défi pour le président Joe Biden sera celui du retour de l’Amérique sur la scène internationale après toutes les frasques dont a fait montre son prédécesseur. Certes, sur certaines problématiques comme le réchauffement climatique, le nouveau locataire de la Maison Blanche annonce dans l’immédiat la rupture mais sur des questions très sensibles comme le positionnement américain dans la crise israélo-palestinienne, il sera très difficile de détricoter les mailles du filet de l’Administration Trump. Mais quoi qu’il en soit, l’homme a le profit de l’emploi. Son parcours personnel, son background politique et le casting qu’il a opéré pour former son Administration, ne laissent aucun doute sur ses capacités à tourner cette page de « America first » pour céder la place à « America is back ».
Profiter des opportunités de la nouvelle ère de multilatéralisme dans un partenariat gagnant-gagnant
Cela dit, la question que l’on peut se poser du point de vue de l’Afrique, est la suivante : qu’est-ce que le continent peut attendre de l’ère Joe Biden qui s’ouvre ? Avant d’y répondre, il faut dire que la majorité des Africains se félicitent du départ de la Maison Blanche de Donald Trump qui, en quatre années de présidence, n’a jamais mis pied en Afrique mais qui n’a pas tari de mots pour traiter le continent de tous les noms d’oiseaux avant de montrer, avec les évènements récents, que lui-même n’est pas un exemple.
Cela dit, sans se mettre dans la posture du mendiant qui tend la sébile, l’on peut tout au moins espérer que le retour annoncé de l’Amérique sur la scène internationale, sera profitable à l’Afrique. Le retour à l’Accord de Paris et sans doute à certaines autres organisations et instances internationales comme l’OMS devrait offrir au continent plus de ressources dans sa quête d’un mieux-être. L’on peut espérer aussi que la réorientation de la politique migratoire sera aussi bénéfique à l’Afrique qui avait assisté, impuissante, à l’inscription, sur la liste des ressortissants indésirables en Amérique, de certains pays du continent. Mais l’une des plus grandes attentes des populations africaines, c’est une plus forte implication de l’armée la plus puissante dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans les pays du Sahel où l’Administration Trump avait opposé une fin de non recevoir aux demandes de financement du G5 Sahel, mais aussi affiché des velléités de retrait. Enfin, la dernière attente forte, et pas des moindres vis-à-vis de l’Administration Biden, c’est une grande fermeté vis-à-vis des dictatures qui ont connu sous l’ère Trump, un nouveau printemps avec la question des 3e mandats. Pour le reste, on peut croire à une continuité des programmes initiés depuis l’ère Obama comme le Millenium Challenge Account ou Doing Business. Le plus important n’est cependant pas pour l’Afrique de bénéficier de la générosité du nouveau président américain, mais c’est surtout de pouvoir profiter des opportunités de la nouvelle ère de multilatéralisme dans un partenariat gagnant-gagnant.
« Le Pays »