HomeA la uneINVESTITURE DU NOUVEAU PRESIDENT KENYAN  : William Ruto appelé à faire mieux que ses prédécesseurs

INVESTITURE DU NOUVEAU PRESIDENT KENYAN  : William Ruto appelé à faire mieux que ses prédécesseurs


Elu au premier tour de la présidentielle du 9 août dernier, William Ruto a été investi dans ses fonctions de nouveau président du Kenya, hier 13 septembre 2022, devant une vingtaine de chefs d’Etat dont de nombreux voisins et une foule de compatriotes qui ont fait le déplacement du stade Kasarami de Nairobi, dont les 60 000 places se sont révélées insuffisantes.  Preuve des fortes attentes des Kenyans vis-à-vis de leur nouveau président. En rappel, en cinquante-neuf ans d’une indépendance acquise en 1963, le pays a connu quatre présidents dont Jomo Kenyatta, le père de l’indépendance, qui a eu chronologiquement pour successeurs Daniel Arap Moi, Mwai Kibaki et son fils, Uhuru Kenyatta qui a passé le témoin, le 13 septembre dernier, à William Ruto.  Dans un pays où les défis ne manquent pas, le cinquième président élu du Kenya est appelé à faire mieux que ses prédécesseurs. Notamment sur le plan de la gouvernance où l’éternelle question de la lutte contre la corruption, reste un défi entier. Il en va de même sur le plan économique où les indicateurs sont loin d’être au vert, dans un environnement mondial déjà fort éprouvé par la crise sanitaire du Covid-19 ainsi que la guerre en Ukraine dont les effets induits sont en train d’impacter durement l’économie mondiale.

 

 

 

 

C’est maintenant que commence le plus dur pour « le garçon du village devenu président »

 

 

C’est dire s’il va falloir, au nouveau chef de l’Etat kényan, faire preuve d’allant et d’ingéniosité pour répondre aux aspirations de son peuple dans un contexte de renchérissement du coût de la vie, qui a vu le pouvoir d’achat des populations baisser drastiquement. Un message qu’il semble avoir perçu à travers les premières mesures annoncées dans son discours d’investiture, en faveur des producteurs agricoles à travers la baisse annoncée des prix des engrais. Enfin, sur le plan politique, il appartient à William Ruto d’imprimer sa marque à la marche du pays, de façon à rassembler davantage ses compatriotes autour de l’intérêt commun, au sortir de cette élection plutôt controversée qui a pu laisser des traces dans le mur de la cohésion sociale.  C’est dire si c’est maintenant que commence le plus dur pour « le garçon du village devenu président », comme il l’a lui-même répété dans son discours d’hier.  Car, avec ce que les Kenyans ont donné à voir à la face du monde à travers cette élection plutôt apaisée, on ose espérer que le pays a décidé de tourner définitivement le dos aux violences électorales. D’autant qu’à la faveur des bisbilles et autres tiraillements au sein de la commission électorale, on avait craint le pire tant toutes les conditions d’une déflagration sociale étaient réunies pour ce scrutin dont les résultats se présentent comme les plus serrés de l’histoire du pays. C’est dire si l’on peut se féliciter que le Ciel ait été favorable au Kenya et que les choses se soient passées de façon pacifique. C’est le lieu de féliciter les acteurs politiques du pays pour la leçon de démocratie donnée au reste du continent où élections riment souvent avec contestations et violences dans la rue.

 

C’est au pied du mur de ses promesses électorales et de ses actes, que William Ruto sera jugé par ses compatriotes

 

Mais en s’en remettant à l’arbitrage des institutions nationales, notamment la Cour suprême et en se soumettant à son verdict là où certains auraient trouvé des raisons de faire dans la casse, William Ruto et surtout son challenger, Raila Odinga, projettent non seulement une image qui fait honneur à leur pays, mais envoient aussi un message de maturité politique qui devrait inspirer les acteurs politiques au-delà des frontières du Kenya. Et l’absence de Raila Odinga à la cérémonie d’investiture de son challenger ne change rien à la donne, d’autant que le candidat malheureux à la dernière présidentielle était hors du pays. En tous les cas, c’est une attitude de hauteur d’esprit à saluer dans une Afrique encore à la recherche de ses marques et où les élections passent souvent pour des moments de peurs et de multiples angoisses. En même temps, c’est un acte qui contraint le Kenya à rester dans la dynamique de la consolidation de l’Etat de droit et du renforcement de la démocratie en évitant de prêter le flanc aux démons de la violence politique. C’est aussi en cela et surtout au respect de la Constitution, que le président Ruto est appelé à se montrer beaucoup plus méritant.  A l’image de son prédécesseur, Uhuru Kenyatta, qui s’est abstenu de briguer un troisième mandat au terme de ses deux mandats constitutionnels. Même si dans le cadre de la recherche permanente de la paix et de la cohésion sociale, l’on peut souhaiter qu’à l’avenir, le chef de l’Etat sortant puisse s’abstenir d’afficher publiquement son parti pris pour un candidat au détriment d’un autre, après avoir été l’incarnation de l’unité nationale au sommet de l’Etat ; toute chose qui devrait le mettre au dessus de la mêlée. Et dans le cas d’espèce, on peut même se demander si ce n’est son soutien à Raila Odinga, qui a valu à l’éternel opposant, une cinquième défaite au moment où ce dernier croyait son heure venue, en affichant un optimisme béat. En tout état de cause, maintenant qu’il a prêté serment, c’est au pied du mur de ses promesses électorales et de ses actes, que William Ruto sera jugé par ses compatriotes. Par conséquent, il revient à l’ex-vice président devenu khalife à la place du khalife, et qui n’évolue pas en milieu totalement inconnu, de ne pas oublier qu’il s’est présenté comme le héraut « des débrouillards » du petit peuple et le candidat de la rupture, en s’engageant à œuvrer au mieux-être des couches les plus défavorisées. A lui de tenir parole, en essayant de gravir la montagne de défis qui se dressent devant lui.

 

« Le Pays »

 


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