INVESTITURE DU PREMIER MINISTRE CONGOLAIS
Plus de deux mois après sa nomination à la primature et plus de deux semaines après l’annonce de la composition des membres de son équipe gouvernementale, le Premier ministre congolais était, le 26 avril dernier, devant le Palais du peuple. Il s’agissait pour Jean-Michel Sama Lukondé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, de présenter son programme aux élus du peuple et espérer ainsi obtenir leur onction. Car, la Déclaration de politique générale (DPG), ainsi qu’on appelle cet exercice constitutionnel, est généralement suivie de vote à l’issue duquel le Premier ministre et son gouvernement ont carte blanche. Pour une formalité donc, c’en était une pour le Premier ministre congolais d’autant que l’Union sacrée, du nom de la nouvelle majorité formée autour du président Félix Tshisékedi à l’issue de son divorce d’avec l’ex-président Joseph Kabila, compte au bas mot, près de 400 députés. Mais, l’exercice était tout de même risqué pour Jean-Michel Sama Lukondé quand on sait que la formation de son gouvernement avait provoqué des frictions au sein des alliés au pouvoir, notamment sur la répartition des postes entre forces politiques. Au point que le chef de l’Etat, redoutant un vote de défiance à l’encontre de son chef de gouvernement de la part des mécontents, avait tenté de jouer la carte de l’apaisement en rassurant les uns et les autres. Maintenant qu’il a reçu le feu vert du Palais du peuple, Jean-Michel Sama Lukondé se doit d’aller au charbon. Car, de sa capacité à répondre aux nombreuses attentes des Congolais, dépendra la réélection de son mentor Félix Tshisékedi qui ne fait pas mystère de sa volonté de briguer un second mandat, comme l’y autorise la Constitution de son pays. Pour cela, le successeur de Sylvestre Ilunga Ilunkamba a deux défis majeurs à relever.
Tel un maçon, il sera jugé au pied du mur
Le premier consistera à ramener la sécurité dans le pays en luttant efficacement contre les différents groupes armés qui y sèment la mort et la désolation à travers des incursions répétées. Le cas de la partie orientale du pays est très édifiant, où la population vit la peur au ventre, ne sachant plus à quel groupe armé se vouer. Pour gagner donc la bataille contre les différents groupes rebelles, le chef du gouvernement doit mettre un point d’honneur à donner les moyens conséquents à l’armée et à la police qui se plaignent constamment de manque d’équipements adéquats face à des adversaires lourdement armés et visiblement bien entraînés. Le second défi et non des moindres que doit travailler à relever Jean-Michel Sama Lukondé, est l’amélioration du quotidien des Congolais dont on sait que près de ¾ d’entre eux vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Tant et si bien qu’ils n’arrivent même pas à s’offrir un repas par jour. Le mécanisme de répartition des recettes dans les provinces défavorisées, dont parle le Premier ministre dans son programme, pourrait grandement y contribuer, s’il se donne les moyens de sa mise en œuvre effective. En tout cas, une chose est sûre. Après son divorce d’avec l’allié d’hier qu’est Kabila, le régime Tshisékedi n’a plus d’excuse. Car, tel un maçon, il sera jugé au pied du mur.
B.O