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INVESTITURE DU PRESIDENT CENTRAFRICAIN  


Réélu le 27 décembre dernier, pour un second mandat de cinq ans, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a été investi, le 30 mars 2021, à Bangui. De nombreuses personnalités dont des chefs d’Etat du continent et des délégations de puissances étrangères, ont honoré de leur présence, cette cérémonie d’investiture qui, à tout point de vue, s’apparente à une victoire. Ce d’autant que la coalition de six groupes   armés, la CPC, était vent debout contre la tenue des élections. Et n’eût été le soutien sans faille de la communauté internationale, notamment la France, la Russie et le Rwanda de Paul Kagame dont les soldats ont joué un rôle déterminant dans la sécurisation du processus électoral, c’est peut-être plutôt les funérailles de Touadéra auxquelles auraient assisté les invités de marque.  Cela dit, si ce dernier peut se féliciter d’avoir relevé un défi majeur, il doit, cependant,  se rendre à l’évidence que le plus dur ne fait que commencer. Car, il rempile  à la tête d’un pays qui se tient à peine debout puisque les 2/3 du territoire sont contrôlés par des groupes armés. Il y a donc urgence à restaurer l’autorité de l’Etat, mais aussi et surtout à ramener la paix dans un pays qui, il faut le souligner, n’a jamais connu véritablement une paix durable depuis son accession à l’indépendance. En fait, on ne le sait que trop bien, l’histoire du pays de David Dacko est écrite en lettres de larmes et de sang à cause des multiples coups d’Etat qu’il a connus. C’est dire si le plus gros défi qui se présente à l’illustre mathématicien, sera la réconciliation des filles et fils de la Centrafrique. Au-delà de ce gigantesque chantier, Touadéra devra apporter des réponses aux préoccupations sociales de son peuple. Car, en dépit des efforts consentis, force est de constater que son premier mandat n’aura pas permis de changer, de façon substantielle, le quotidien des Centrafricains.

 

Tant que l’équation Bozizé ne sera pas résolue, son sommeil restera troublé

 

A preuve, malgré les immenses richesses en diamants, bois et bétail, de l’ex-Oubangui-Chari, environ 71% des 4,9 millions de Centrafricains  vivent sous le seuil de pauvreté. Tant et si bien que le pays a été classé, en 2019, 188e sur 189 pays dans l’Indice de développement humain du PNUD.  Autant dire que Touadéra est face à une forêt, pardon, à une montagne de défis. Une chose est certaine : la nation centrafricaine, et c’est peu de le dire, est plus qu’en lambeaux. Et recoller tous les morceaux est plus facile à dire qu’à faire. Ce d’autant que le dirigeant centrafricain semble cerné de toutes parts. On est d’autant plus fondé à le penser qu’en plus des ennemis visibles de la Centrafrique, il y a ceux qui sont tapis dans l’ombre et qui convoitent ses richesses. Et tant que ces derniers ne seront pas démasqués et mis hors d’état de nuire, le retour de la paix en RCA restera un mirage.  En tout cas, tout laisse croire que les Centrafricains ont besoin d’une catharsis. Si bien que même après son investiture, Touadéra  devra hic et nunc, tendre la main non seulement à  l’opposition politique  pour autant qu’elle veuille bien la saisir mais aussi aux groupes armés. Tant que l’équation Bozizé ne sera pas résolue, son sommeil restera troublé par l’œuvre de ce dernier qui est loin d’être un enfant de chœur.   Certes, avec cette investiture, une page vient de se tourner mais, pour autant, les rebelles ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Ce qui fait dire à certains que le numéro un centrafricain est plus à plaindre qu’à envier. La situation de ni paix ni guerre ne saurait perdurer plus longtemps. C’est pourquoi il faut souhaiter que la communauté internationale reste toujours au chevet de ce grand malade qu’est la RCA.    

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 


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