HomeRencontreISSOUFOU TRAORE, NOUVEAU MAIRE DE NOUNA : « Je place mon mandat sous le signe du rassemblement des fils de la Kossi »

ISSOUFOU TRAORE, NOUVEAU MAIRE DE NOUNA : « Je place mon mandat sous le signe du rassemblement des fils de la Kossi »


Après son élection par ses pairs au poste de maire de la commune urbaine de Nouna, Issoufou Traoré, a bien voulu nous accorder sa première interview. Inspecteur de l’enseignement du Premier degré et  responsable de la Division de la formation et du renforcement des capacités des Comités de gestion d’école (COGES) et des Coordinations communales des COGES (CCC) du Service de la coordination de la gestion décentralisée des écoles (SCGDE), ce père de 3 enfants est un féru de musique et de sport, particulièrement le football. Mais l’objet de l’interview ne porte pas sur ces sujets mais plutôt sur ses priorités, le dynamisme qu’il entend instaurer pour propulser le développement de la commune de Nouna et créer des emplois pour les jeunes et les femmes. Bref, c’est sans langue de bois que ce nouveau maire répond à nos questions. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : Les populations avaient du mal à coller un visage au nom du maire Issoufou Traoré. En d’autres termes, tous disaient ne pas vous connaître. Comment expliquez-vous le fait que vous soyez cependant le candidat élu ?

 

Issoufou Traoré : J’ai entendu cela moi aussi mais je comprends ceux qui ont voulu faire croire de telles choses. D’abord, c’était un très bon argument de campagne ; ensuite, il y avait une petite part de réalité la-dedans. Cependant, la vérité est que j’ai fait toute mon enfance ici même si je suis né en Côte d’Ivoire. Je suis arrivé à l’âge de six ans à Nouna et j’ai fait mon école primaire à l’école Centre B qui n’avait que 3 classes à l’époque. M. Mami Boubacar Traoré qui est le secrétaire général du MPP m’a enseigné dans cette école au CM2 en 1982-1983. Nous avons été les premiers élèves du lycée provincial qui était le CEG de Nouna en ce moment avec seulement, si je ne m’abuse, un seul bâtiment de 4 classes. Après ma formation à l’Ecole nationale des enseignants du primaire de Loumbila (ENEP) en 1987-1988, j’ai enseigné pendant 4 années dans le département de Barani, 2 ans à Djibasso et 2 ans comme Directeur de l’école de Bomborokuy “A”. A partir de 1996, j’ai effectivement quitté la province de la Kossi pour celle du Mouhoun où j’ai fait 3 ans avant de  réussir au concours des Instituteurs principaux. Ainsi, j’ai été éloigné de Nouna pendant presque 20 ans pour des raisons professionnelles. Toutefois, il m’est rarement arrivé de faire plus de 3 mois sans mettre pied à Nouna car je viens régulièrement rendre visite à ma famille et je viens lors des évènements heureux ou malheureux. Je crois que le fait que j’étais supposé être un inconnu du grand public m’a aidé en ce sens que beaucoup ont compris que je devais être quelqu’un de discret, une personne sans histoire. Je pense que c’est mieux d’ailleurs comme ça, car ma formation d’instituteur fait de moi un éducateur qui a le devoir de montrer l’exemple.

 

Quelles sont vos priorités ?

 

Nous avons beaucoup d’ambitions pour notre commune. Dès que nous entrerons en fonction, bien sûr moi-même, mes adjoints et les présidents de commissions, nous comptons immédiatement retrousser nos manches et nous mettre au boulot. Les mesures urgentes, nous les déterminerons avec l’équipe dirigeante du Conseil municipal et dans la mesure du possible, nous les soumettrons à l’approbation du Conseil municipal.  Nous avons déjà quelques projets en gestation que nous partagerons avec le grand public bientôt. Notre priorité, c’est l’assainissement de la ville de Nouna surtout en périodes hivernales où de nombreuses voies sont impraticables à cause des eaux stagnantes et de la boue ; c’est le développement du domaine de l’éducation en termes d’offre et de qualité et enfin, c’est l’accès des populations à l’eau potable. Il reste entendu que tout cela n’est pas possible sans un budget conséquent et nous avons à cœur de travailler à améliorer le budget de la commune. 

 

Que comptez-vous apporter de nouveau à la commune ?

 

Ce que nous comptons apporter de nouveau à la commune, c’est la gestion participative, c’est l’inclusion, c’est-à-dire l’ouverture aux idées, à la contribution de tous les fils et filles de la commune sans discrimination aucune et à toutes les bonnes volontés soucieuses du développement de notre commune. Nous allons faire du dialogue, de la concertation et du consensus notre méthode de travail.    

 

Qu’envisagez-vous pour résoudre le problème d’emploi des jeunes et des femmes de la commune ?

 

Le problème d’emploi des jeunes et des femmes est un phénomène national même s’il se pose avec beaucoup plus d’acuité dans certaines zones, telle la commune de Nouna. C’est un aspect phare du programme du Président du Faso et nous envisageons faire face à ce problème dans le cadre global de l’exécution du programme présidentiel.

 

Comment comptez-vous faire pour la relance économique de la commune ?

 

Pour la relance économique, je pense que quoique n’étant pas technicien en la matière, nous allons d’abord nous atteler à consolider les acquis, ensuite sensibiliser les populations  en vue de renforcer la culture de la bonne citoyenneté. J’en ai conscience, il va falloir que nous soyons inventifs, créatifs mais je n’ai personnellement pas de doute, le Conseil municipal regorge de femmes et d’hommes de qualité pour le faire. Je crois que si les problèmes sont bien posés aux populations et si l’on met le dialogue et la persuasion comme procédés, nous pourrons accroître le budget par leur propre contribution à partir des taxes par exemple.

 

La ville de Nouna fait face à un problème d’infrastructures, notamment des classes sous paillotes, des chantiers abandonnés, des voies et surtout des caniveaux. Que comptez-vous faire pour résoudre ce problème ?

 

C’est juste ; je n’avais pas de doute qu’il peut exister dans la province des classes sous paillote même si je n’en mesurais pas l’ampleur. Les chantiers abandonnés, j’attends de les découvrir car je n’en sais rien pour le moment. Quant aux caniveaux, je sais qu’ils existent et qu’ils sont pour la plupart bouchés présentement. Bien sûr, nous n’avons pas de boule de cristal, nous allons simplement engager la réflexion là-dessus, si cela n’a pas déjà commencé et initier des projets dans ce sens en vue de rechercher des financements et résorber ce problème. Du reste, je vous avais dit tantôt que l’assainissement de la ville de Nouna était notre priorité des priorités. 

 

Que signifie l’emblème de la commune de Nouna ? Eclairez-nous les lanternes ?

 

Je crois que l’emblème de la commune est inspiré du mythe fondateur de la ville. L’histoire veut  que se soit un chasseur venu de vers Soin qui ait fondé Nouna. Pour s’installer sur le vieux site de Nouna situé un peu derrière le lycée provincial, il aurait été guidé par un chat sauvage jusqu’à un puits auprès duquel, il s’installa. Ainsi, vous constaterez sur l’emblème le chat sauvage pour son rôle, les flèches qui symbolisent le chasseur, le puits auprès duquel le père fondateur de Nouna s’est installé et l’arbre qui symbolise la brousse. C’est pourquoi, la famille Simboro ne mange pas la viande du chat sauvage. 

 

Qu’attendez-vous de la population de la commune de Nouna?

 

Nous attendons de la population de Nouna, des idées, sa contribution active au développement de sa commune. Il faut qu’elle s’imprègne des réalités de sa commune, qu’elle s’approprie les solutions et participe à leur mise en œuvre. De toute façon, nous avons le devoir de rendre compte et nous allons créer les canaux pour ce faire. Les critiques creuses sans proposition de solutions ne nous avanceront en rien et je pense que chacun fera l’effort de comprendre cela. 

 

Vous êtes selon les observateurs politiques, l’homme providentiel du député Maxime Koné. Et ils en veulent pour preuve votre élection comme maire le 20 juin par le Conseil municipal et votre nomination au poste du directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation de la Kossi, le 22 juin 2016 au Conseil des ministres. Qu’en dites-vous?

 

Je crois que c’est beaucoup trop d’honneur pour moi que de me présenter comme tel. L’honorable Koné est une personnalité respectable, c’est le député de la province au compte de notre parti. Ma conception des choses est qu’il mérite à ce titre respect et considération et je m’emploie personnellement à les lui témoigner. C’est donc tout naturellement que lors de l’élection du maire, il m’a en retour appuyé. Vous conviendrez avec moi que l’honorable Koné qui est relativement jeune a un génie politique largement au-dessus de la moyenne et qu’il est visionnaire. Je crois qu’il a choisi l’intérêt du parti et l’avenir de Nouna ; il s’est mis du côté de la tolérance, de la fraternité et de la paix.

Vous ne trouvez pas que ce cumul de fonction puisse nuire à l’une des deux institutions ?

 

Pour l’instant, je ne le crois pas du tout pour 2 raisons. Dans tous ces services, je ne travaille pas seul, il y a des collaborateurs qu’il faut valoriser et savoir obtenir leur contribution. De même, je ne suis pas le premier cas encore moins le seul à cumuler la fonction de maire avec un poste de nomination.

 

Vous êtes nommé DPENA sous la casquette du MPP. Ne craignez-vous pas une politisation de l’Administration au sein de votre institution ?

 

Non, je vous en prie, pour ça soyez tranquille, il n’y aura pas une politisation de l’Administration dans le service. Du reste, dire que je suis nommé DPENA sous la casquette du MPP est une façon assez simplice d’aborder les choses ; c’est comme si je n’avais aucune compétence professionnelle et je me prévalais de la seule appartenance au MPP.  Je crois que le militantisme seul ne suffit pas, il faut faire montre d’autres qualités surtout professionnelles et humaines. En tout état de cause, la nomination à un poste sensible comme la DPENA, reste à la discrétion de l’autorité, elle seule sait pourquoi elle le fait.

 

Avez-vous un appel à l’endroit de la population ?

 

Mon appel à l’endroit de la population c’est simplement qu’elle prenne son destin en main en nous appuyant dans nos différentes missions qui, somme toute, sont orientées vers le développement de la commune de Nouna et de la province de la Kossi.

 

Madi KEBRE

(Correspondant)

 

 


Comments
  • article très bien écrit!

    6 juillet 2016
  • beau reportage, bon vent au maire

    6 juillet 2016

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