HomeA la uneJARDINAGE A NOUNA : Et si on recadrait ce secteur !

JARDINAGE A NOUNA : Et si on recadrait ce secteur !


S’il y a une activité à laquelle s’adonnent  certains jeunes à la périphérie de la ville de  Nouna pour gagner leur vie, c’est bien celle du jardinage. Ce samedi 5 mars 2016, nous avons fait le tour des secteurs de Nouna  pour nous  enquérir des conditions du travail de ces vaillants jardiniers.

 

Il était 8h 30mn lorsque nous arrivions  au secteur n°1 de Nouna à quelques encablures de la Maison d’arrêt et de correction. Une chose qui a attiré notre attention c’est toute cette étendue  de verdure à perte de vue sur des centaines d’hectares, qui est le lieu où travaillent jour et nuit une foultitude d’hommes, de femmes  et d’enfants. Notre premier interlocuteur, Sidiki Ouédraogo, un jeune homme, sera notre guide du jour. Il nous conduit dans son jardin potager  tout en nous confiant avec plaisir qu’il s’est lancé dans ce métier il y a plus de 20 ans  aux côtés de son défunt père. Le jardinage est son occupation après les grandes recoltes en vue d’avoir plus de revenus pour les besoins familiaux.

« Sur ce site, nous produisons essentiellement des oignons, des courgettes, des aubergines, des tomates, des poivrons, de la salade, des concombres, des carottes, du piment, des épinards, des choux- pommes, les menthes, du gombo, du persil, des feuilles du haricot  et d’oseilles et d’autres variétés entrant dans le cadre de l’amélioration du panier de la ménagère. »

Sous le soleil ardent, Issaka Ouédraogo, entrepreneur, avec le franc parler reconnu aux yadega, affirme : « J’ai  commencé le jardinage depuis 1988. J’y gagne ma vie par la grâce du Tout-Puissant. Des gens comme vous sont venus ici à  maintes reprises. Nous avons cru qu’en retour, il y aura un changement, mais rien ne se fit. L’ex-président Blaise Compaoré nous avait promis d’aménager le barrage de Kamandena et la plaine de Babekolon. En son temps Nous avons accueilli cela avec soulagement. A notre grande surprise, lors de sa dernière visite à Nouna, il nous informe que pour les travaux de maraîchage, il fallait se rendre à Diin. Ces propos nous ont trop embarrassés. A ce prix, il ne résout pas le problème étant donné que nous sommes appelés à nous éloigner de nos familles avec tous les risques que cela implique. L’histoire n’enseigne jamais les politiciens. Le nouveau président  a reconduit la même promesse, nous voulons voir pour croire ».

Lassané Sidibé, assis sur sa motopompe au regard perdu, nous signifie que leur principale préoccupation reste le manque d’eau  qui entrave la bonne marche de cette activité : Arouna Ouéressé, venu du village de Tonkoroni, et Sidiki  Simboro du secteur 1 de Nouna  ont  affirmé qu’ils exercent ce métier pour gagner dignement leur vie.

 

A l’autre bout  du site, Gansoré Yacouba, dans son jardin de maïs en pleine floraison nous  fait savoir que tout n’est pas rose dans la vie quotidienne du jardinier. Ils sont confrontés  aux problèmes d’écoulement  de leurs produits sur le marché local, la destruction de leurs plantes par les animaux en divagation et certains parasites, le manque criard d’eau, du grillage, inaccessibilité et l’indisponibilité des  semences, des engrais chimiques  et produits phytosanitaires, le manque ou l’insuffisance  de formation et des jardiniers, le matériel de travail, les problèmes de terre, l’ignorance et l’analphabétisme.

A l’est du site, une jeune fille de 18 ans en plein désherbage dans le jardin de son père, Habib Ouédraogo, nous souffle à l’oreille qu’elle a abandonné au grand regret l’école à partir de la 6e pour aider son papa dans son activité de jardinage. Mais si tout va bien, elle reprendra l’année prochaine  le chemin de l’école.

Au bord de la route sur l’axe Nouna-Doumbala,  non loin des maisons  d’habitation, un vétéran jardinier en la personne de Sérèmé  évoluant dans ce secteur  depuis plus de 30 ans, nous susurre que son ambition cette année était d’agrandir son jardin, mais faute d’eau, il est contraint de se limiter à une petite portion de terre.

 

Ils attendent le secours de l’Etat

 

Pour Oumar Daman, le jardinage est la source de son bonheur, car il s’est  marié et assure l’éducation de ses enfants grâce à ce metier. Il en est de même pour un trio de jeunes : Ibrahim Ganama, Aboubacar Konaté et Moussa Ganama. Le cœur à l’ouvrage, ces jeunes hommes disent avoir fui les multiples éboulements  et les glissements incessants dans les sites d’orpaillage. Ils se disent tout de même confiants et optimistes du fait que les nouvelles autorités voleront à leur secours en tenant leurs promesses de campagne électorale, notamment  la construction du barrage de Kamandena  et la plaine aménagée de Babekolon.

Le hasard faisant, une mission  est venue de Ouagadougou  pour s’entretenir avec les jardiniers sur la technique de l’entretien du sol  et de la protection des plantes  en phase avec la préservation de l’environnement. Profitant de cette aubaine, nous avons arraché quelques mots à Moussa Ouédraogo, contrôleur du bio protect interne, qui nous confie que la tendance  actuelle est de renoncer  à la production des légumes à base des produits chimiques utilisés pour la production du coton et néfastes pour la santé. Minimiser les risques en utilisant des produits biologiques. « C’est pour minimiser ces risques que nous sommes venus nous entretenir avec eux  sur les produits biologiques certifiés comme le limousin  et le piol, fabriqués à base des   plantes locales,  qui peuvent  empêcher l’invasion des insectes parasitaires qui provoquent les maladies des plantes tels que : les pucerons, les thrips, les mouches blanches, les mouches de fruits, les chenilles foreuses ou mineuses, les noctuelles de la tomate, et non les tuer car les insectes participent à l’évolution de l’écosystème », explique-t-il

Sur ce site, une véritable chaîne de business se forme autour  de ce maraîchage. Ici, les légumes sont achétés et revendus dans les marchés des villages environnants. Le panier de tomate que Nafissata Ramdé ou Assita Sanogo ont acheté à 3 000 F CFA ou le sac de chou de 5 000 F CFA, est revendu pour un bénéfice de 1 000 F CFA. Le plancher des feuilles du haricot de 1 500 F CFA et 2 000 F CFA est revendu à 5 000 F CFA selon Aminata Ouédraogo, élève en classe de 6e, soit un bénéfice de 1 500 F CFA.

Toutes ces  femmes sont unanimes, le gain-récolte servira à résoudre les problèmes ponctuels de la famille puisque avec la cherté de la vie, les chefs de ménages ne peuvent plus à eux seuls tout faire, une entraide s’impose  pour la bonne marche du foyer  et la prospérité de la famille. « Avec ce petit commerce que je mène, je ne harcele plus mon époux pour les frais de condiments. Il lui revient de s’occuper de l’achat des céréales. Le soir en rentrant, j’achète je complète d’autres condiments  pour notre repas », Confie Minata Traoré

 

Madi KEBRE

(Correspondant)

 

 


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