HomeA la uneJEÛNE MUSULMAN : Pour un mois de bénédiction, de miséricorde et de pardon  

JEÛNE MUSULMAN : Pour un mois de bénédiction, de miséricorde et de pardon  


 

A l’occasion de ce glorieux mois de Ramadan, où les musulmans sont appelés à être les convives de l’Eternel, Allah, nous avons rencontré l’imam Sidi Mohamady Ouédraogo du Conseil supérieur des Ahl ul Bayt et assistant du représentant de l’Université internationale Al Mustapha au Burkina Faso, sur ce précepte de l’islam qu’est le jeûne du mois de Ramadan, un mois de pénitence musulman. A travers cet entretien, il nous donne un commentaire du célèbre discours (ci-dessous) du prophète de l’islam sur ce mois, et nous dit comment on doit observer le jeûne musulman.

L’Imam Al-Redha (que la paix soit sur lui) citant la chaîne de transmission de sa lignée paternelle, rapporte ce témoignage de l’Imam Ali Ibn Abi Thalib (Psl) : «Un jour, le Prophète (Pslf) nous a fait le discours suivant : O gens ! Le mois de Dieu est venu en vous apportant la bénédiction, la miséricorde et le pardon. C’est un mois qui est le meilleur parmi les mois pour Dieu ; ses jours sont les meilleurs des jours, ses nuits sont les meilleures parmi les nuits, ses heures sont les meilleures des heures. C’est un mois pendant lequel vous êtes appelés à être les convives de Dieu, et honorés par Lui. Dans ce mois, vos souffles sont des glorifications, votre sommeil un culte ; vos bonnes actions acceptées ; votre imploration exaucée.  Priez Dieu donc, avec des intentions sincères et des cœurs purs, de vous faire réussir à jeûner (pendant ce mois) et à réciter Son Livre, car le malheureux est celui qui se trouve privé du pardon de Dieu pendant ce mois grandiose. Rappelez-vous, par votre faim et votre soif, la faim et la soif du Jour du Jugement, donnez l’aumône aux pauvres et aux indigents parmi vous ; respectez vos aînés et soyez miséricordieux envers vos cadets. Enquérez-vous de vos proches, retenez vos langues, éloignez vos regards de ce qui n’est pas licite de regarder, et vos oreilles de ce qui n’est pas licite d’écouter. Attendrissez-vous sur les orphelins des autres et on s’attendrira sur vos orphelins. Repentez-vous de vos péchés auprès de Dieu, et levez vos mains pour implorer Dieu aux heures de vos prières, car ce sont les meilleures heures, pendant lesquelles Dieu (Il est Le Puissant et Le Très-Haut), regarde Ses serviteurs avec miséricorde ; Il les écoute, s’ils Lui adressent des supplications ; Il leur répond, s’ils L’appellent ; Il leur donne, s’ils Lui demandent ; Il les exauce, s’ils Le prient.

 Vos dos sont alourdis par vos fardeaux

O gens ! Vos âmes sont hypothéquées par vos actions, libérez-les donc par votre demande de pardon ; vos dos sont alourdis par vos fardeaux, soulagez-les donc par une longue prosternation. Et sachez que Dieu a juré, par Sa Puissance, de ne pas torturer ceux qui Le prient ou ceux qui se prosternent, et de ne pas les terrifier par le Feu, le Jour où les gens se lèveront pour rendre des comptes au Seigneur des mondes. O gens ! Celui d’entre vous, qui offre le repas de la rupture du jeûne à un fidèle jeûneur pendant ce mois, Dieu l’en récompensera avec la récompense décernée pour l’acte de libérer un esclave, et par le pardon de ses péchés passés. On s’est plaint alors au Prophète : O Messager de Dieu (Ps/lf) ! Nous n’avons pas tous les moyens de le faire (offrir le repas de Ramadan). Le Prophète a répondu : Évitez l’Enfer, ne serait-ce qu’avec la moitié d’une datte ! Evitez l’Enfer, ne serait-ce qu’avec une gorgée d’eau ! O gens ! Celui d’entre vous qui bonifie son caractère pendant ce mois, aura droit au passage sur le Droit Chemin le jour où les pieds trébucheront.

 Les portes du Paradis sont ouvertes

 Celui qui évite de faire le mal pendant ce mois, Dieu le dispensera de Sa Colère le jour où il le rencontrera ; Celui qui y honore un orphelin, Dieu l’honorera le jour où il Le rencontrera. Celui qui s’enquerra de son prochain, Dieu le couvrira de Sa Miséricorde le Jour où il Le rencontrera. Celui qui coupe ses liens avec son prochain, Dieu le privera de Sa Miséricorde le jour où il Le rencontrera. Celui qui y offre volontairement une prière, Dieu lui inscrit une ordonnance d’acquittement de l’Enfer. Celui qui y accomplit une obligation prescrite, aura une récompense équivalente à celle de quelqu’un qui aurait accompli soixante-dix obligations prescrites pendant les autres mois. Celui qui prie beaucoup sur moi (le Prophète), Dieu chargera sa balance (de bonnes actions) le Jour où les balances s’allégeront. Celui qui y récite un verset coranique, aura la récompense de celui qui aurait parachevé la lecture de tout le Coran pendant les autres mois. O gens ! Les portes du Paradis sont ouvertes pendant ce mois, priez donc votre Seigneur de ne pas les refermer devant vous ; et celles de l’Enfer sont refermées, demandez-Lui donc de ne pas les rouvrir pour vous ; les Satan sont enchaînés, demandez-Lui donc de ne pas leur laisser prise sur vous ». Sur ce, je (l’Imam Ali) me suis levé et j’ai dit : “O Messager de Dieu ! Quelle est la meilleure des actions pendant ce mois ?” Le Prophète (Pslf) a répondu : “O Aboul Hassan (surnom de l’Imam Ali) ! La meilleure des actions dans ce mois, c’est de s’abstenir de tout ce que Dieu a interdit“.

 

« Le Pays » : Après la lecture du célèbre discours du prophète de l’islam sur ce glorieux mois de Ramandan, quel commentaire en faites-vous?

 

Imam sidi Mohamady Ouédraogo : Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux. Paix et salut sur le prophète et sur sa sainte famille. « Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés. Peut-être craindrez-vous Dieu », Coran : Verset 183, chap.2. C’est le fondement du jeûne musulman. Et le discours du prophète Mouhammad (Pslf) sur ce mois nous annonce la bénédiction divine (Baraka) en son début, la miséricorde divine (Rahman) à son milieu, et le pardon divin (Magh fira) en sa fin. C’est un mois où Dieu accorde à ses serviteurs des bonus exceptionnels dans leurs actes d’adoration. Dans cette foulée, Dieu dit qu’Il considère le souffle ou la respiration du jeûneur comme un acte d’adoration tout comme son sommeil. Il accorde ainsi beaucoup d’importance au temps, en disant que « ses heures sont les meilleures des heures ». D’où la nécessité pour le jeûneur de se faire deux programmes.  Un programme individuel qui tiendra en compte les prières obligatoires et surérogatoires car il dit que la récompense d’une prière effectuée durant ce mois équivaut à celle de 70 prières accomplies en dehors de ce mois. Il y a aussi la lecture du Saint Coran où il est rapporté que la récompense d’un seul verset lu équivaut à la récompense de tout le Coran complet lu en dehors de ce mois. Le jeûneur est également invité à faire des doua et des invocations sur le prophète Mouhammad et sa sainte famille (çalawât). Le second programme concernera le social où il s’agira, entre autres, de maintenir les relations de parenté ; d’aider quelqu’un à rompre son jeûne ne serait-ce qu’avec un morceau de datte. Le jeûneur est invité à faire l’aumône (çadaqat) à l’endroit des proches pauvres et nécessiteux. Sans oublier les orphelins et les veuves car, le prophète (Pslf) a dit : « Occupez-vous des orphelins des autres afin que d’autres personnes s’occupent des vôtres ». Dans ce volet, il y a également la prise en compte des personnes âgées et la tendresse envers les tout-petits car c’est un mois de miséricorde.

 

Comment doit-on observer le jeûne musulman ?

 

« Mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. Puis, accomplissez le jeûne à la nuit », nous dit le verset 187 chap. 2 du Saint Coran. Le jeûne musulman consiste alors en l’abstinence par obéissance à Allah de l’aurore, c’est-à-dire du matin avant l’aube  jusqu’à la tombée de la nuit, de certaines choses, à savoir  manger, boire et commettre l’acte sexuel. Autrement dit, c’est l’observation de ce qui est mentionné dans les manuels de jurisprudence comme annulant le jeûne. Mais le plus important consiste à observer le jeûne spirituel, c’est-à-dire, faire en sorte que les autres organes de sens jeûnent, tels que les yeux, les oreilles, le nez, la langue et les membres. En d’autres termes, c’est l’abstinence des désirs de l’âme par la maîtrise du regard par exemple sur ce qui est impudique et d’éloigner ses oreilles des paroles insolentes ou des musiques qui n’accordent pas d’importance aux valeurs religieuses. C’est dans ce sens qu’il est rapporté qu’un jour le Prophète Mouhammad (Pslf), ayant entendu une femme qui faisait le jeûne, injurier sa servante, a fait apporter de la nourriture et a dit à cette femme : « Mange ! ». « Mais je fais le jeûne ! », protesta celle-ci. « Comment pourrais-tu prétendre encore accomplir le jeûne alors que tu viens d’injurier ta servante ?».

 

Qu’en est-il exactement de ces nombreuses prières communautaires à accomplir durant chaque nuit de Ramadan ? Sont-elles obligatoires ou recommandées ?

Si la récompense d’une prière obligatoire effectuée durant ce mois équivaut à celle de 70 prières accomplies en dehors de ce mois, il en est de même pour les autres prières surérogatoires. Mais faut-il que ces prières surérogatoires se déroulent conformément à ce que Dieu et son prophète ont demandé. Selon un hadith rapporté par Zayd Ibn Tsâbit, lorsque des fidèles musulmans voulaient que le prophète sorte pour des prières surérogatoires nocturnes, il leur disait : « Vous ne cesserez donc pas d’agir comme vous l’avez fait, en sorte que je crains que votre faute ne soit inscrite à votre encontre. Vous devez faire la prière chez vous, car la meilleure prière pour le fidèle est celle qu’il fait chez lui ; il faut en excepter la prière canonique (obligatoire) » (Boukhari et Mouslim). Nous avons là une interdiction pure et simple du prophète (Pslf) de faire les prières surérogatoires en groupe. Pour rappel, Dieu nous dit qu’ « il n’appartient pas à un croyant, ni à une croyante, lorsque Dieu et son prophète ont décrété un ordre, d’avoir encore le choix dans leurs propres affaires. Quiconque désobéit à Dieu et à son prophète s’est foudroyé dans un manifeste égarement », Coran : verset 32 du chapitre 33. Certes, il est bon de faire des prières surérogatoires, mais qu’elles soient accomplies de façon individuelle, comme le faisait le prophète Mouhammad (Pslf). Autrement dit, suivre sa tradition ou sa vraie sounna. C’est dans ce sens que deux unités de prières surérogatoires faites seul valent mieux que veiller en faisant des prières surérogatoires en groupe.  Cependant d’autres actes peuvent être accomplis en groupe, comme les douas ou invocations et les prières de rattrapage. Pour cause, les prières de rattrapage ou manquées sont des prières obligatoires que nous n’avons pas eu à faire, soit par exprès, par oubli ou par négligence à un moment de notre vie.

Quels sont les impacts du jeûne sur le jeûneur ?

Le jeûne musulman contient d’innombrables avantages dont les principaux sont : sur le plan physique où le prophète Mouhammad (Pslf) a dit : « Jeûnez et vous acquerrez la santé ». De nos jours, il est démontré scientifiquement que le jeûne a des effets bénéfiques sur la santé, par exemple, du cœur, des intestins, l’obésité et l’hypertension. Il permet non seulement la mobilisation des réserves de l’organisme, notamment les graisses, mais aussi la stimulation du renouvèlement cellulaire. Il est rapporté ce conseil de l’Imam çâdiq (psl) :« Si un homme venait à être victime d’un grand mal, qu’il jeûne, car Dieu a dit : “Demandez l’aide de la patience …”, c’est-à-dire, du jeûne». Il permet de se libérer des habitudes quotidiennes, de s’habituer à la discipline alimentaire en apprenant à maîtriser sa sensation naturelle pressante (faim, soif, plaisir sexuel …) et à assainir le fonctionnement du corps. Sur le plan social, le jeûne cultive l’union et amène la paix, l’amour à travers la tolérance qui devient la règle entre les hommes ; puisque le jeûneur s’abstient des injures, des propos malveillants, des manquements et des turpitudes. Il habitue la société à plus de justice, de charité, d’égalité.  Il permet aussi de jeter un regard consolateur sur les pauvres, les nécessiteux et les orphelins. En fin au plan spirituel, le jeûne permet, entre autres, d’accroître la piété et la dévotion à Dieu.  En témoigne ce passage coranique : « O vous qui avez cru ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à vos prédécesseurs. Peut-être serez-vous pieux ! ». A la fin, c’est le Paradis comme mérite. Mais bien avant, c’est la réalisation de nos vœux. Et signalons qu’en principe, au sortir de ce mois béni, on doit observer la piété du musulman dans tous les domaines.  Cela passe par notre bon comportement au service, le travail bien fait par les travailleurs que ce soit dans le public ou le privé pour gagner honnêtement son pain. Le commerçant doit pouvoir ne plus tricher pour gagner sa vie. Il doit vivre du halal ou de ce qui est acquis de façon légale.  Quant aux jeunes musulmans, ils doivent pouvoir ne plus consommer l’alcool et ne plus tomber dans la fornication ou la débauche sexuelle.

 

Qu’est-ce qui vous tient à cœur à transmettre à nos lecteurs ?

Je tiens à souhaiter un bon mois de Ramadan à tous et à toutes. Que Dieu protège notre chère patrie de tout mal par la grâce de ce mois béni ! Toute personne qui voudrait du mal à notre pays, puisse Dieu faire en sorte que ce mal se retourne contre cette personne ! Toute personne qui œuvre pour la paix et le bonheur de notre pays, que Dieu l’aide à le faire et l’en récompense de la meilleure manière ici-bas et dans l’au-delà. Enfin, que Dieu nous accorde une bonne saison de pluie et exauce les vœux les meilleurs de chacun. Çalli alâ Mouhammad wa âli Mouhammad (Paix et salut sur le sceau du prophète Mouhammad et sur sa sainte famille).

Propos recueillis par Hamadi BARO (Collaborateur)


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