HomeOmbre et lumièreJOURNEE CONTINUE A LA FONCTION PUBLIQUE : C’est bien mais…

JOURNEE CONTINUE A LA FONCTION PUBLIQUE : C’est bien mais…


C’est en principe aujourd’hui 15 septembre 2015, que la journée continue entre en vigueur dans l’Administration publique. Les principales raisons qui ont motivé cette décision, selon le gouvernement, sont les suivantes. Accroître la performance de l’Administration, réduire la consommation de l’énergie dans les services, permettre la promotion du secteur tertiaire, notamment dans le domaine de la restauration et réduire les bouchons de la circulation. A priori, les objectifs sont pertinents. L’on peut donc se permettre de saluer les autorités pour leur souci de tirer l’Administration vers le haut, pour leur volonté de booster le secteur de la restauration et pour leurs efforts de rendre fluide la circulation. Mais énoncer des objectifs nobles est une chose, les traduire dans les faits en est une autre. C’est pourquoi l’on peut formuler des réserves à propos de cette mesure. D’abord, l’on peut avoir l’impression, même si le gouvernement s’en défend, que les choses ont été quelque peu précipitées. La mise en œuvre d’une mesure de cette importance devrait faire l’objet de concertations et de réflexions impliquant l’ensemble de tous les partenaires de l’Etat et de tous les acteurs de la chaîne de production. Car, tout changement dans l’Administration dans le domaine des heures de travail, impacte obligatoirement le mode de vie et de travail de tous les citoyens, qu’ils soient du public ou du privé. De ce point de vue, l’on peut craindre que la journée continue soit susceptible de créer des désagréments et des préjudices en ce qui concerne le fonctionnement de certaines structures privées. Même au sein de la Fonction publique, l’on peut se poser la question de savoir comment les parents d’élèves concernés par cette décision, vont arriver à concilier les horaires de la journée continue avec les horaires scolaires. Cette question est d’autant plus pertinente que le secteur de l’éducation n’est pas concerné par la journée continue. Dans ces conditions, le risque est grand de voir certains parents déserter les bureaux aux heures de service pour s’adonner au traditionnel transport de leurs enfants. Ce faisant, non seulement l’objectif de contribuer à la fluidité de la circulation peut en prendre un coup, mais aussi celui lié à la réduction des charges en carburant de certains parents d’élèves fonctionnaires risque de ne pas être atteint.

Un suivi-évaluation doit être réalisé fréquemment

La deuxième réserve que l’on peut formuler à propos de la journée continue, est liée aux mesures d’accompagnement. La première d’elles porte sur la disponibilité et l’hygiène des lieux d’aisance dans les services publics. En effet, l’on peut faire aisément le constat aujourd’hui que ces lieux, quand ils existent, brillent par leur insalubrité si fait qu’ils suscitent la répugnance des usagers. Légitimement, l’on peut s’attendre à ce que des agents s’appuient sur cet état de fait pour aller faire leurs besoins ailleurs que dans leur lieu de travail. Et c’est la porte ouverte à l’absentéisme.

La deuxième mesure d’accompagnement est en rapport avec la restauration. A ce niveau, l’Etat devrait veiller à ce que les structures qui seront autorisées à assurer ce service, soient exemplaires surtout dans le domaine de l’hygiène. En plus de cela, il est indiqué de faire en sorte que des fonctionnaires indélicats ne profitent de cette opportunité pour se transformer en opérateurs économiques spécialisés en matière de restauration. Cette éventualité, par ces temps qui courent, n’est pas à écarter ? Mais la plus grande inquiétude que l’on peut avoir au sujet de l’application de la journée continue, est celle liée au respect strict des horaires de travail. Dans une administration déjà parasitée par l’absentéisme chronique, l’on peut se demander si l’instauration de la journée continue ne sera pas mise à profit par certains fonctionnaires indélicats pour s’adonner davantage à cette mauvaise pratique. Si on n’y prend garde, pour cette catégorie d’agents, et ils sont nombreux, la journée de travail pourrait s’arrêter à partir de la pause déjeuner. L’incivisme et la perte de l’autorité de l’Etat aidant, l’on peut jurer sans grand risque de se tromper que ces genres d’agents seront quotidiennement inscrits aux abonnés absents. Ils le seront encore plus s’ils sont convaincus que leur attitude ne sera pas punie. Et pour ne pas arranger les choses, la journée continue intervient dans un contexte où des esprits malins pourraient prétexter de la campagne politique qui va bientôt s’ouvrir pour justifier leur absence prolongée au service.

Pour toutes ces raisons, l’Etat doit ouvrir l’œil et le bon, s’il veut que les objectifs poursuivis par l’instauration de la journée continue soient véritablement atteints. Pour ce faire, un suivi-évaluation de son application doit être réalisé fréquemment, de manière à en corriger les éventuelles failles.

Sidzabda


No Comments

Leave A Comment